Dans son nouvel album La Reine du Secourisme, sorti en février 2024, le chanteur-compositeur français Nicolas Jules affirme à nouveau sa ligne artistique, et poétique, avec des chansons piquantes et non dépourvues d’humour…
Dans le département de Vienne, le chanteur Nicolas Jules fait « un premier essai de voix dans une maternité de Poitiers » en 1973, lit-on sur sa page internet. L’essai sera concluant puisqu’après des années d’écoute des vinyles de rock psychédélique et progressif de son père, il rejoint un groupe de rock appelé Mama Vaudou en 1991. Deux ans plus tard, le groupe se sépare, mais le jeune chanteur continue de se prêter au jeu de l’écriture. En 1994, il produit ses premiers concerts en solo.
Les études que celui-ci a suivies n’ont pas d’importance pour expliquer son parcours musical : avec un sourire, le chanteur français admet avoir surtout fait l’école buissonnière. Quand on lui demande ses influences musicales, il mentionne, entre autres, Dan Baker, Jonathan Richman et Brigitte Fontaine ; quant aux objets qui inspirent ses musiques, celui-ci se place comme un observateur qui voit la vie, la nature et les êtres humains qui la traversent ; et en tire leur poésie.
Afin de composer, le chanteur part de mots ou de phrases en pensant à la puissance de leur évocation : « Je marche et j’essaie d’attraper des bribes de phrase. Je ne me mets jamais à une table pour écrire », explique t-il. « C’est comme si j’essayais d’attraper des poissons ou des oiseaux vivants, et que j’essayais de ne pas les abîmer pour les garder vivants. »
Ici, cependant, pas question d’attraper des poissons ou des oiseaux, mais plutôt de la poésie. « La poésie n’est pas dans l’imagination, mais dans le réel. Et on vit dans un monde qui s’est organisé pour lui tourner le dos. Alors moi, j’essaie d’aller la chercher dans le concret de la vie ». Ce concret susnommé, l’artiste le retrouve dans des objets palpables qu’il met en musique. Ses compositions musicales n’utilisent rien de synthétique pour cette même raison.
Nicolas Jules se distingue par ses textes surprenants où noirceur et humour se mêlent en une effusion poétique. Celui-ci prête une humeur différente qui est propre à chacun de ses albums. « Pour La Reine du Secourisme, j’essaie de faire rentrer dans l’album avec une chanson excessive et entraînante avant d’aller vers un éclatement…», confie t-il.
Malgré un ton parfois sombre, l’humour tient une place importante pour le chanteur qui en fait une façon de communiquer. « Je compare ce que je fais à un mélange de robinets d’eau chaude et d’eau froide. Je peux avoir des chansons rugueuses et avec une certaine noirceur, donc je les infuse avec de l’humour ou de la dérision ».
Parmi les morceaux de l’album, « La Reine du Secourisme » lui donne son nom. « J’aime que le titre de cette musique interpelle, qu’on ne comprenne pas vraiment ce que cela veut dire au début ; et en même temps, c’est un titre assez marrant. » La fin de la chanson intègre des silences qui surprennent l’auditeur alors que l’interprète chante les paroles « Tu n’es pas là ». L’absence évoquée suivie d’un silence musical vient d’abord comme une blague, mais son exagération donne finalement un aspect dramatique au passage, mais également ridicule. L’on retrouve dans ce jeu le leitmotiv musical de Nicolas Jules…
Album La Reine du secourisme, de Nicolas Jules, sortie : février 2024.