Unidivers lui a consacré plus d’une dizaine d’articles et d’annonces qui nous en disent déjà beaucoup sur ces artisans-artistes italiens. Les éditions Ouest France publient en octobre 2023, Odorico, l’art de la mosaïque.
L’intérêt manifesté pour les Odorico ne faiblit pas, c’est le moins que nous puissions en dire, depuis le travail pionnier d’Hélène Guéné consacré par une thèse en Histoire et études des arts, soutenue en 1983 à ce qui s’appelait alors l’Université de Haute-Bretagne, thèse publiée sous forme de 4 tomes. Son travail sera édité à Bruxelles aux Archives d’architecture moderne1 en 1991 puis réédité en 2000. Suivra en 2009 un ouvrage de Claire Caillarec et Fabienne Martin-Adam, Odorico 100 ans de mosaïques2, dont Hélène écrira l’introduction. L’ouvrage publié aujourd’hui aux éditions Ouest France est une version enrichie d’une première parution en 2018 par la découverte de nouveaux sites accueillant des mosaïques Odorico. Il fait suite à de nombreux ouvrages des mêmes auteurs3 : Capucine Lemaître (texte), Daniel Enocq (repérage et inventaire) et Hervé Ronné (photographies). Nul doute qu’une telle collection se déclinera selon les lieux dans d’autres volumes.
L’arrivée de la famille Odorico en Bretagne n’est pas un événement isolé. D’autres familles de mosaïstes venant de la région du Frioul, et pour certains du modeste village de Sequals, s’établiront un peu partout en France à la fin du 19ème siècle. Giandomenico Facchina, célèbre pour ses travaux à l’Opéra Garnier, Pietro Favret, installé à Nevers, Sante Vallar à Tours, Eugène Tesolin à Nancy. Ce sont des familles entières que nous suivons alors. Les Mora à Nimes, les Patrizio à Marseille, les Zanussi et les Cristofoli dans le nord. La famille Odorico, originaire de Sequals, s’installe définitivement à Rennes en 1882.
Le présent ouvrage, Odorico, l’art de la mosaïque, est un trésor d’information sur cette histoire des Frioulans, sur leur technique par inversion et sur les œuvres d’Isidore Odorico fils et de son frère dans des sites privés et publics pour lesquels ils ont été sollicités, sites conservant précieusement leurs traces. L’effervescence autour de la mosaïque entre les deux guerres est certes passée, mais les marques que les Odorico ont laissées sont inaltérables. Façades, pavements des sols, fresques murales, frises, lambris, les tesselles ne sont qu’une suite de jeux de couleurs, de matières, de formes. La piscine et les bains publics Saint-Georges, une mosaïque de grès et d’émaux bleus, jaunes et dorés, en apportent la preuve. De même que la maison bleue à Angers. Des motifs figuratifs se mélangent avec des dessins géométriques abstraits.
1 Hélène Guéné, Odorico, mosaïste art déco, éditions Archives d’architecture moderne, 222 pages, parution : 2000.
2 Éditions Musée de Bretagne-Apogée, 104 pages, parution : 2009.
3 Citons Sur les pas d’Odorico à Rennes (2018), Sur les pas d’Odorico à Roscoff et Saint Malo (Ouest France, 2018), Odorico, une histoire d’eau (2019), Sur les pas d’Odorico à Angers (2020), tous aux éditions Ouest France.
Odorico, l’art de la mosaique (réédition augmentée). Texte : Capucine Lemaître. Repérage et inventaire : Daniel Enocq. Photographies : Hervé Ronné. Éditions Ouest France. 360 pages. Parution : 13 octobre 2023. 39€.
Reportage Arte, À Rennes, l’audace de la mosaïque (08/05/2023)