Avec ce magnifique ouvrage Olympix, L’étonnante histoire des Jeux, à la fois petite Encyclopédie et livre d’art, Orith Kolodny nous raconte autrement l’histoire des Jeux Olympiques aux éditions Les Arènes. Instructif et esthétique.
La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris approche et avec elle les rayons des librairies se couvrent d’ouvrages divers sur « L’histoire des Jeux », « Les anecdotes des jeux », « Les Jeux en photographies »…. Chaque éditeur cherche à attirer le lecteur par un angle d’approche particulier. Dans cette quête d’originalité, les éditions Les Arènes et leur Olympix réussissent à se démarquer de la production traditionnelle avec talent. Le concept est une complémentarité réussie entre des textes courts et précis d’une part et des illustrations stylisées d’autre part.
Les textes sont courts mais passionnants, mêlant « Grande » histoire des Jeux et anecdotes. Bien entendu les informations incontournables sont présentes : record de médailles du nageur américain Michael Phelps (28 dont 23 en or), victoire du marathon de Rome par un coureur aux pieds nus, Abebe Bikila ou encore les quatre victoires de l’américain Jesse Owens. Cependant alors que la plupart des ouvrages expliquent comment Hitler quitta le stade avant la cérémonie de remise des médailles pour ne pas serrer la main de l’athlète noir, Orith Kolodny préfère écrire comment Owens dut emprunter le monte-charge de l’hôtel de New York pour « se rendre à la réception officielle précédant un défilé en son honneur ». Ce « pas de côté », l’autrice le pratique souvent aussi bien dans la « Grande » histoire des Jeux que pour les anecdotes souvent inédites qui fourmillent au long de l’ouvrage, tel ce tir aux pigeons organisés en 1900 au cours duquel le belge Léon de Lunden abattit 21 volatiles pour plus de 300 volatiles abattus au cours de la compétition. Un massacre qui occasionna la création de pigeons d’argile pour l’édition suivante. La grande Histoire des Jeux, souvent évoquée par un angle éditorial nouveau, côtoie ainsi les histoires quotidiennes absurdes souvent, amusantes parfois, ou encore dramatiques.
Au-dessus de ces textes concis, l’autrice Orith Kolodny, illustratrice mais auparavant athlète de haut niveau, championne israélienne de 400 mètres, a dessiné des merveilles d’images stylisées où les formes géométriques prédominent comme des abstractions gaiement colorées qui disent plus que des images réalistes mille fois éditées. Elles permettent une lecture artistique d’un ouvrage au format modeste, que l’on feuillette et l’on reprend pour le simple plaisir des yeux. L’autrice écrit dans sa préface : « Le graphisme est mon langage. Au jardin d’enfants avant même d’écrire, j’avais repéré ce triangle désignant mon nom sur les porte-manteaux. ” C’est moi ça ? ” je demandais à ma mère quand on croisait un panneau identique ». Triangles, carrés, rectangles se multiplient donc mais pas que. Les dessins aussi dressent : des silhouettes, des symboles, des gestes sportifs mais toujours anonymes, sans lien direct avec les sportifs réels comme pour donner un caractère universel aux histoires racontées.
Subtilité supplémentaire les pages de droite et de gauche se répondent mutuellement. De manière complémentaire parfois, ou de manière opposée. Le fond noir de gauche répond au fond blanc de droite. Le saut en hauteur en ventral de Brummel sur une page affronte le saut sur le dos de Fosbury de l’autre page. Comme un jeu, ces face à face picturaux se retrouvent à l’identique dans les textes. Ayant achevé une première lecture on reprend l’ouvrage pour y scruter plus particulièrement les dessins et on y découvre alors de nombreuses subtilités, finesses dans les couleurs comme dans les traits qui parfois se prolongent incidemment sur la page d’à côté.
Ces 150 anecdotes nous donnent plus qu’une anthologie ou un dictionnaire alphabétique une image réelle de ces Jeux réhabilités par Pierre de Coubertin où la place des sportives et sportifs occupent le premier plan.
Comme souvent les éditions Les Arènes arrivent sur des sujets mille fois rabattus à trouver ou éditer des points de vue et des mises en page et en forme différents. Formidable travail de fond et de forme qu’accompagne la plupart du temps une maquette originale et ludique. Avec ce petit ouvrage, elles accèdent de nouveau au podium, celui en or du plaisir de lecture. En or comme la couleur de la jolie couverture d’un ouvrage qui tient les promesses annoncées.