Petit journal de bord d’un séjour à San Francisco, à la découverte d’une ville mythique et aussi à la recherche des fantômes de la Beat Generation, des idées et du son des années hippie, du Grateful Dead, du Jefferson Airplane et de Janis Joplin bien sûr.
8th Day.
Le haut du Haight est célèbre pour son hangar transformé en caverne d’Ali Baba des collectionneurs de CD et desVinyls. Ca s’appelle « Amoeba Music » et c’est gigantesque. On trouve des raretés à des prix tranquilles.
En face, un hobo (vagabond ) et son chien font la manche. C’est un mendiant qui a de l’humour (voir dessin), il n’accepte que les billets. Il faut dire quand même que le premier billet ici est celui de 1dollar. On passe devant la coquette maison victorienne de Janis Joplin sur Lyon St et on débouche sur le « Panhandle », le manche de la poêle, jardin tout en longueur, jadis célèbre pour ses cavalcades de hippies et désormais parcouru par des ribambelles de cyclistes et de skates ou de rollers. Les plats sont rares à San Francisco et comme ici c’est en légère pente descendante, on en profite.
Le Golden Gate Park est à deux pas de Haight St. On traverse Stanyan St. et on y est. Cinq km de long jusqu’à l’Océan Pacifique et des dizaines de milliers d’arbres, d’arbustes, de plantes. Un grand panneau à l’entrée du parc – pas de grille ici bien entendu – annonce l’événement : « The Opera in the Park ». On est tout de suite dans le bain. Cela se passe dans la grande prairie au pied de Hippie Hill., haut-lieu des festivals improvisés où les stars pop se mêlaient aux inconnus du Hippyland dans des bœufs sans fin… Aujourd’hui, la pop a laissé place aux grands airs d’Opéra. La foule est tout aussi nombreuse et tout aussi bon enfant. On mange, on boit, on discute, on s’amuse en famille et… on écoute Carmen qui n’en finit pas de mourir, accompagnée par l’Orchestre Symphonique de la ville au grand complet. A côté de nous, un musicien sans complexe accompagne discrètement la chanteuse de son tambourin à clochettes. Personne ne s’en offusque. Un jeune papa change son bébé pendant que la maman somnole. Un cycliste passe devant nous en zigzagant entre les spectateurs. On est passé à Dom Juan. Deuxième et dernier Acte. Les portes de l’enfer vont s’ouvrir pour accueillir le grand séducteur. Le baryton a du courage. Le vent du Pacifique s’engouffre dans les grands cèdres qui surplombent la scène. La mort est à l’honneur sous le soleil de Californie.