Le Parc de la Courrouze, Rennes vi(ll)e enchant(i)ée

Le Parc de la Courrouze est un nouveau quartier initié en 2002 et situé au Sud-Ouest de la Métropole rennaise, à cheval  sur Rennes et Saint-Jacques de la Lande. Ancienne zone militaire et industrielle, la Courrouze est un « parc dans la ville » selon la réclame officielle. Sur 130 hectares, le quartier compte 35 ha d’espaces verts (domestiqués) et 95 ha aménagés en résidences, en immeubles d’affaires et commerces (géométriques). Dû à l’échec du syndicat mixte et à une complexité des jeux d’acteurs mal maîtrisée par la Métropole rennaise, l’ensemble accumule, depuis 2005, retards sur incidents et malfaçons sur défauts de construction. Résultat : le quartier de la Courrouze voit ses normes environnementales de plus en plus périmées alors que la fin de la première des trois tranches de construction, initialement fixée à 2014, est reportée à… 2022. À cette époque – mais dans quel état ? –  la Courrouze sera desservie par le métro B qui rejoindra en quelques minutes la gare de Rennes.

« Le fait de tenir des hommes dans des parcs ou dans des villes apparaît désormais comme une mission relevant de la politique. Ce qui se présente comme une réflexion sur la politique et sur l’espace est en vérité une réflexion fondamentale sur les règles permettant la gestion du parc humain. » (Peter Sloterdijk, Règles pour le parc humain)

« Le Corbusier avait lancé un slogan : “Le logement comme machine à habiter”. Au fond, une des questions aujourd’hui est de savoir comment faire de la place aux machines dans l’habitat. Le logement, non pas idéal mais habitable, fait de la place aux hommes, mais aussi à tous les accessoires avec lesquels il arrive à vivre… sans divorcer le lendemain. Le mauvais logement est une parfaite machine à briser les gens. »
(Paul Chemetov in Le Monde “ Ils croient acheter le paradis, ils achètent l’enfer à crédit.”)

« La disposition qu’avait la vieille humanité à se laisser capturer par des totalités de proximité – comme par des bons dieux locaux – perd sa valeur d’orientation depuis que les environnements eux-mêmes sont devenus des constructions (ou ont été reconnus en tant que tels).
(Peter Sloterdijk, Ecumes. Sphères III)

« Il est important de comprendre que cette pluralité illimitée de modes d’existence sensibles dans des environnements sémantiques structurés est déjà déployée au palier de l’intelligence animale ; et, autant que nous le constatons, il n’existe aucun animal qui fasse l’inventaire de tous les autres animaux et les rapports à soi ».
(Peter Sloterdijk, op.cit.)

« J’entends leurs pas et leurs voix au fond des galeries de pierre, je cours joyeusement à leur rencontre. Ils tombent l’un après l’autre, sans même que mes mains soient tachées de sang. Ils restent où ils sont tombés. Et leurs cadavres m’aident à distinguer des autres telles ou telles galeries. J’ignore qui ils sont.

[…] Le soleil du matin resplendissait sur l’épée de bronze, où il n’y avait déjà plus trace de sang. – Le croiras-tu, Ariane ? dit Thésée, le Minotaure s’est à peine défendu.
(Jorge Luis Borgès,  La demeure d’Astérion)

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Dessin : Michel Heffe
Texte : Nicolas Roberti

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Unidivers Mag
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