A Rennes le Parc des Tanneurs ou la campagne en ville

Tout l’été, l’Office de Tourisme de Rennes propose des visites originales afin de découvrir (ou redécouvrir pour certains) les histoires qui se cachent derrière le patrimoine rennais. Nouveau volet de cette série estivale : le Parc des Tanneurs, 6 rue Saint-Martin.


Les voitures accélèrent, les pots d’échappement tuent le peu d’air sainement respirable, les sirènes de pompier résonnent dans les rues escarpées. Pas de doute, nous sommes en centre-ville. Et pourtant. Au 6 rue Saint-Martin, un grand portail vert sert de porte de sortie à ce tumulte ambiant, pour un apaisement total.

parc des tanneurs
Villa du parc des Tanneurs, 6, rue Saint-Martin, Rennes
parc des tanneurs
Villa des Tanneurs

Derrière ce portail, le promeneur d’un jour découvre d’abord une villa plutôt « classique » côté ville, mais fastueuse côté parc. Un bâtiment ayant vu résider des familles de tanneurs (évidemment), mais avec une forte histoire sociale et politique. Marin Jouault, président du Tribunal de Grande instance de Rennes en 1838 y a logé avant que Jean Pinault (fils d’Eugène Pinault, maire de Rennes au début du XXe siècle) en 1910 puis la famille Bolelli en 1929 occupent les lieux. Parait-il que même Charles de Gaulle, ami de la famille Bolelli, prenait ses quartiers ici lorsqu’il était de passage en Bretagne. Aujourd’hui encore, le politique reste présent aux Tanneurs. Depuis le rachat par la ville de Rennes en 1999, la villa abrite la Conférence des Régions Périphériques Maritimes d’Europe, amenée à défendre l’intérêt des régions européennes à Bruxelles.

parc des tanneurs
Jardin des Tanneurs

Mais la ville de Rennes n’a pas racheté que la villa. Il suffit de contourner la propriété pour pénétrer dans ce coin de verdure vallonné qu’est le parc des Tanneurs. Ici, on est bien loin des compositions florales et des jardins à la française du traditionnel Thabor. La végétation est abondante et les rayons de soleil se dessinent à travers les feuillages garnis de ce début d’été. La descente vers la partie basse du parc se fait à travers des chemins sinueux, où séquoias géants et châtaigniers centenaires ravissent les pupilles des promeneurs.

parc des tanneurs
Jardin du parc des Tanneurs

Puis le soleil se fait plus présent, les arbres plus lointains, les chemins moins escarpés. Le retour à la civilisation se fait progressivement : un pont tagué surplombe l’Ille, des immeubles bien de notre époque pointent leur nez au-dessus des arbres. Et pourtant, malgré ce retour vers notre époque, c’est aussi cette partie du parc qui est chargée d’histoire.

Le canal Saint Martin, ouvert en 1832, permettait aux bateaux de marchandises venant de France et d’Europe d’apporter le cuir, dont 150 à 200 000 tonnes transitaient par Rennes au début du XXe siècle.

parc des tanneurs
Lavoir du parc des Tanneurs

Puis un passage par une allée taguée nous emmène jusqu’à un vieux lavoir décrépi de l’autre côté de l’Ille. Considéré comme un élément important du patrimoine rennais, il est malheureusement aujourd’hui (pratiquement) laissé à l’abandon. La toiture s’affaisse. Des ardoises manquent ici et là. Quelques étais soutiennent le premier étage pour éviter qu’il ne s’écroule et les poutres en bois se dégradent, rongées par les intempéries et les années. Construit en 1880, l’ouvrage a accueilli de nombreuses lavandières des environs. Brosse et savon à la main, elles venaient laver leur linge au bord de l’eau et le sécher à l’étage. Il a ensuite servi d’abri aux pêcheurs, après sa fermeture en 1963. Rien n’est envisagé aujourd’hui par la ville pour conserver en état cet élément historique du patrimoine rennais. Comble : le lavoir a depuis quelques années comme voisin l’école nationale d’architecture de Bretagne.

Malgré ça, rien ne vient gâcher ce reposant passage aux Tanneurs. Après le lavoir, le chemin de terre laisse peu à peu place au bitume. Au revoir nature et calme et dites à nouveau bonjour aux voitures, pots d’échappement et autres sirènes de pompier…

Article précédentUnidivers vous souhaite un mois d’août exceptionnel !
Article suivantAvec Geminus, la compagnie Ubi danse l’identité naissante

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici