Les bouquinistes font partie du décor et du patrimoine parisien depuis la Renaissance. Véritable institution, leur présence fait partie du paysage urbain et forme une immense librairie à ciel ouvert qui s’étend sur quatre kilomètres des deux côtés de la Seine. Ils invitent à un rendez-vous spécial vendredi 14 novembre au pont Neuf, à proximité de la statue d’Henri IV.


En 1550, les premiers colporteurs s’installent près de la Sainte-Chapelle, édifiée par le roi Saint-Louis au XIIIe siècle, avant d’étendre leurs célèbres boîtes vertes vers les quais de Paris. Puis l’ouverture du pont Neuf, le premier de la capitale (et aujourd’hui le plus vieux pont de Paris) a lieu en 1607. L’histoire des bouquinistes prend de l’ampleur en 1614, sur le Pont-Neuf avec Pierre Douleur, un petit libraire parisien, qui installe un étal de livres d’occasion à même le trottoir. Rapidement, ils sont plusieurs à l’imiter : les passants feuillettent, achètent et échangent…


Les bouquinistes s’installent au milieu des premiers marchands dans un quartier dépourvu d’habitations qui facilite la circulation et préserve la vue, une vue dégagée sur la Seine et sur le palais royal (aujourd’hui Le Louvre). Ils transportent leurs marchandises dans des paniers d’osier suspendus à leur cou, puis disposent d’humbles étalages, souvent à même le sol. Les bouquinistes se trouvent rapidement en concurrence avec les libraires, à qui déplaît la vente de livres d’occasion ! Alors un règlement en 1649 interdit les boutiques portatives et l’étalage de livres sur le pont Neuf, puis vite réintégrés sous agréments. Pendant la Révolution française, les bouquinistes prospèrent et s’enrichissent des réquisitions et des pillages des bibliothèques de l’aristocratie et du clergé. Sous Napoléon 1er, les bouquinistes sont enfin reconnus par les pouvoirs publics et obtiennent le même statut que les commerçants publics de la ville de Paris.
En 1859, des concessions sont mises en place par la ville de Paris et les bouquinistes peuvent s’établir à des points fixes ; chaque bouquiniste bénéficie de dix mètres de parapet. En 1900, pour l’exposition universelle, les bouquinistes atteignent le nombre de 200.


Aujourd’hui, au nombre de 151 sur la rive gauche de la Seine et 87 sur la rive droite, les bouquinistes gèrent environ 900 boîtes sur les quais pittoresques de la Seine. Les ouvertures de ces boîtes vertes se font du lever au coucher du soleil depuis 1930.


Les bouquinistes proposent près de 300 000 livres, ainsi que de nombreuses estampes, des affiches, des revues, des gravures, des cartes et des timbres de collection, des monnaies, des vinyls, et quelques souvenirs de Paris, etc. Depuis 2019, les traditions et le savoir-faire des bouquinistes des quais sont inscrits au Patrimoine Culturel Immatériel en France.


Nous rencontrons Fred quai Saint-Michel ; il est vendeur pour un bouquiniste et touche un pourcentage sur les ventes. Il explique que lorsqu’un bouquiniste s’inscrit au registre du commerce et des sociétés pour s’installer, il ne doit nullement exercer ou être salarié autre part ! Le bouquiniste s’inscrit à son compte en auto-entrepreneur. Il peut installer quatre boîtes sur les huit mètres qui lui sont accordés.

Fred ajoute que le bouquiniste s’approvisionne en marchandises auprès des brocanteurs, dans les vide greniers, sur internet et auprès des courtiers, qui passent régulièrement les voir pour leur proposer les ouvrages et tout ce dont ils ont besoin pour leur étals…



