À l’occasion du 300e anniversaire de la naissance de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), le Petit Palais de Paris rend hommage à ce peintre de portraits et de scènes de genre qui a su traduire l’âme humaine. L’exposition L’enfance en lumière sera visible du mardi 16 septembre 2025 au dimanche 25 janvier 2026. Sous le commissariat d’Annick Lemoine, Yuriko Jackall et Mickaël Szanto, elle réinscrit Greuze au cœur des débats esthétiques et moraux du XVIIIe siècle, à l’endroit où sa peinture dite « morale » sut émouvoir Diderot et séduire les plus grands collectionneurs.


Jean-Baptiste Greuze est assurément l’une des figures les plus importantes et les plus audacieuses du XVIIIe siècle français. Cette exposition propose de redécouvrir l’artiste à travers sept sections consacrées au thème central de sa peinture : l’enfance. On y réfléchit à la place de l’enfant au sein de la famille, à la responsabilité des parents dans son développement et à l’importance de l’éducation pour la construction de la personnalité. On interroge aussi la place de l’enfant dans la société des Lumières, son devenir et son émancipation, en écho aux préoccupations des philosophes Denis Diderot (1713-1784), Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) et Condorcet.



Jean-Baptiste Greuze s’interroge aussi sur le basculement dans l’âge adulte et sur la naissance du sentiment amoureux. Avec les codes de son temps, il aborde le thème du consentement : des tableaux comme La Cruche cassée (vers 1771-1772) ou La Jeune fille qui pleure son oiseau mort disent, sous l’innocence apparente, l’éveil du désir et la fragilité des jeunes héroïnes — une question d’une saisissante actualité aujourd’hui, traitée avec pudeur et symboles.
L’exposition réunit environ cent peintures, dessins et estampes provenant de collections françaises et internationales : musée du Louvre, musée Fabre (Montpellier), Metropolitan Museum of Art (New York), Rijksmuseum (Amsterdam), National Galleries of Scotland (Édimbourg), Royal Collection (Royaume-Uni), ainsi que plusieurs collections particulières. Parmi les œuvres phares, La Lecture de la Bible (Louvre), Le Gâteau des Rois (musée Fabre) ou La Remise de dot (Petit Palais) jalonnent un parcours sensible guidé par des focus invitant à déchiffrer allégories et détails.



Biographie
Jean-Baptiste Greuze vient au monde en Saône-et-Loire, à Tournus, en 1725. Son père est maître couvreur et architecte. Le jeune Jean-Baptiste est attiré par le dessin très tôt, malgré les réticences paternelles qui le rêvent commerçant ; ce dernier constate cependant les dispositions du fils pour la peinture et l’envoie finalement étudier chez le Lyonnais Charles Grandon (1691-1762), qui lui apprend à copier les maîtres anciens.
En 1750, âgé de 25 ans, Greuze suit son professeur à Paris. Il fréquente l’Académie royale dans l’atelier de Charles-Joseph Natoire (1700-1777). Ses débuts sont prometteurs : le tableau, commencé à Lyon, Le Père de famille expliquant la Bible à ses enfants, est acheté en 1755 par le financier et amateur d’art Ange-Laurent La Live de Jully (1725-1779), lui apportant la renommée. La même année, il séjourne près d’un an à Rome : il en retient surtout les scènes populaires et pittoresques qui inspireront plusieurs peintures.


À son retour à Paris, la voie du peintre est tracée : Greuze se consacre à la représentation des mœurs bourgeoises et populaires, qui aiguise la curiosité du grand monde lassé des galanteries mythologiques. Il cherche idées, modèles et situations dans les faubourgs, les marchés, sur les quais, au milieu de la foule. Reçu à l’Académie en 1769 « seulement » comme peintre de genre à la suite de son morceau d’histoire Sévère et Caracalla (Louvre), il rompt durablement avec l’institution et privilégie la diffusion de ses toiles depuis son atelier.
La peinture de Jean-Baptiste Greuze cherche à illustrer la vertu telle que la conçoivent les philosophes des Lumières. Diderot loue sa peinture morale : Greuze met l’accent sur l’émotivité — on a des sentiments avant d’avoir des idées. Les villageois vertueux, le père exemplaire, la jeune fille rêveuse, mais aussi les drames domestiques — La Malédiction paternelle et Le Fils puni — composent un théâtre familial d’une modernité saisissante : un monde nouveau est en train de naître.


Jean-Baptiste Greuze meurt à Paris le 4 mars 1805, dans sa 80e année, ruiné par les aléas de la Révolution et des dernières années. Il repose au cimetière de Montmartre, à Paris.
Infos pratiques :
Exposition du peintre Jean-Baptiste Greuze L’Enfance en lumière
Petit Palais – Avenue Winston-Churchill – 8e arrondissement de Paris
Dates et horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h (dernière entrée 17h).
Nocturnes jusqu’à 20h : le vendredi et le samedi (dernière entrée 19h).
Tarifs : plein 14 € / réduit 12 € (gratuit -18 ans). Réservation de créneau recommandée.
Contact : 01 53 43 40 00
