Paris. Les perruches à collier peuplent l’Île-de-France

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perruches à collier

Les perruches à collier sont des oiseaux exotiques originaires d’Afrique et d’Inde. Elles colonisent aujourd’hui la région parisienne en nombre : on en compterait près de 15 000 individus. Mais pourquoi et depuis quand ?

Les perruches à collier, nous les connaissons toutes et tous pour les avoir admirées dans les animaleries : ce grand oiseau exotique, fin et élancé, arbore un plumage d’un vert vif éclatant. Ses ailes sont effilées, sa queue longue et élégante. Sa tête, ronde, est surmontée d’un bec rouge vif. Outre cette dominante verte, certaines perruches présentent des reflets bleu azur sur la queue et du jaune sous les ailes et sur le ventre. Seul le mâle arbore une bande rouge sur la queue et un collier noir caractéristique. À l’âge adulte, l’oiseau pèse entre 112 et 117 grammes, mesure jusqu’à 41 cm de long et déploie une envergure de 47 cm. Domestiquée, la perruche à collier peut vivre une trentaine d’années.

Dans les années 1970, l’exotisme est en vogue, et nombreux sont les citadins à vouloir posséder des perruches en cage, notamment les perruches à collier.

En 1974, une cinquantaine de ces oiseaux, importés pour le commerce des animaleries, se seraient échappés de leurs caisses à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne). Un incident similaire aurait eu lieu en 1990 à l’aéroport de Roissy–Charles-de-Gaulle : de nouvelles perruches, échappées de leurs conteneurs, seraient venues renforcer les colonies franciliennes…

Selon la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), la population de perruches à collier a connu une croissance exponentielle au cours des dernières décennies : un peu plus de 1 000 individus en 2008, entre 7 000 et 8 000 en 2016, et environ 15 000 aujourd’hui.

Depuis, ces grandes perruches se sont parfaitement acclimatées et se développent dans les zones urbaines comme rurales, nichant principalement dans les parcs publics et privés de toute l’Île-de-France.

À Paris, on les observe notamment au Jardin des Plantes, au jardin du Luxembourg, au parc Montsouris, au bois de Vincennes et au cimetière du Père-Lachaise. On en trouve aussi dans le Val-d’Oise (à Montmorency, Châtenay-en-France, Pontoise ou L’Isle-Adam), dans la forêt de Meudon et surtout dans les Yvelines : à Maisons-Laffitte, Saint-Germain-en-Laye, Orgeval, Le Chesnay ou Versailles. Dans les parcs royaux de Versailles, les colonies peuvent dépasser 80 oiseaux, et plusieurs centaines dorment chaque nuit sur deux ou trois arbres.

perruches à collier
Photo prise dans le Bosquet du Roi – Jardin du Château de Versailles

Malgré leur beauté et leur plumage éclatant, les perruches à collier posent un réel problème écologique. Bruyantes et agressives, elles perturbent le fragile équilibre des écosystèmes locaux en expulsant d’autres espèces de leurs territoires. Pics verts, chouettes, étourneaux, sittelles torchepot ou chevêches d’Athéna voient leur habitat menacé, notamment dans les platanes où ces perruches nichent volontiers. Les combats sont fréquents — et les perruches sortent le plus souvent victorieuses. Seul le rougegorge semble échapper à leur concurrence directe.

L’espèce, non protégée, est aujourd’hui classée envahissante. Aucun dispositif concret n’a été mis en place pour limiter sa population, faute de moyens efficaces et du fait de son implantation ancienne. Il est, semble-t-il, déjà trop tard.

Leur régime alimentaire est frugivore et granivore. Au printemps, elles consomment bourgeons et fleurs, notamment d’érable et de bouleau. Elles apprécient aussi les fruits — pommes, cerises, poires… Les municipalités demandent d’ailleurs aux habitants de ne pas les nourrir, afin d’éviter toute prolifération supplémentaire.

Depuis quelques années, des populations de perruches à collier se sont également établies dans d’autres grandes villes françaises : Lille, Nancy, Marseille, Nice, Toulouse ou Montpellier. L’espèce est par ailleurs solidement implantée au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.

Ci-dessous : les principales espèces de perruches que l’on peut trouver en animalerie — perruche ondulée, perruche alexandre, perruche à collier, perruche calopsitte (très apprivoisable), perruche splendide, perruche de Derby, etc.

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.