Ces petits chemins, ces fontaines, ces montagnes, ces berges et ces rivages, Pierre les connait bien. Il les parcourt de tout temps et de longtemps, les redécouvre, les écrit, les photographie. Il s’en émerveille. Inlassablement.
Il les réunit cette fois dans Lieux ardents, un recueil dédié à Jean Lavoué, avec des textes originaux et d’autres en partie repris d’une première édition1. Des textes comme souvent parsemés d’une vingtaine de photos personnelles où, entre le noir et le blanc, nous devinons les saisons. Passages tapissés de feuilles mortes, talus couverts de primevères, blés couchés sous le vent, clairière attendant l’aube du matin ou le coucher du soir, tout lui parle et en miroir le raconte.
Sur les berges
Regarder passer le monde
Qui glisse sur l’eau
Pierre Tanguy a toujours dans ses poèmes le pas d’un pèlerin. Il a aussi des gourmandises parmi les plus simples : myrtilles, mûres, noisettes…, et des rêves au point que les prunes deviennent parfois pour lui des mirabelles. Il guette en marchant la présence de colverts ou de mouettes, de lièvres et de renards. Il croise les voix de celles et ceux qui lui sont à la fois inconnus et pourtant familiers. Là où s’invite toujours l’ombre de son père.
Se souvenir des lavandières
Penchées sur l’eau
Dans le froid du matin
Cousant et recousant leurs mots
Au bord de la fontaine
Des enfants pêchent
Une carpe s’agite dans un seau
Des hommes jouent aux boules
Ils rient et parlent fort
Poésie de l’instant, tout en retenue et dépouillement, effleurement et affleurement. Quête spirituelle aussi. Voilà les quelques mots qu’il partage peut-être en silence avec ses compagnons de marche. Parmi eux, Philippe Jacottet, Hélène Cadou, Christian Bobin, l’ami Guillevic et bien d’autres encore.
Pierre Tanguy, Lieux ardents. Préface de Joseph Thomas, Éditions « Des Sources et des Livres », 2025, 86 pages, 15€
- Sous un ciel de chardon bleu aux éditions La Part Commune
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