Place Saint-Michel, Une fête de couleurs et de graffs

De la couleur place Saint-Michel à Rennes : on la doit à des graffeurs. Sous l’égide de la municipalité, ils ont décoré la palissade d’un chantier important du centre-ville. En effet, derrière leur œuvre, des ouvriers remettent en état les maisons détruites par un incendie le 22 juin 2010.

 

la fresque mesure plus de 30 m de long

Samedi matin, à l’heure du marché, des jeunes indignés crient à tue-tête leurs slogans anticapitalistes. Derrière eux, une fresque de 3 mètres de haut et 36 mètres de longs colorée interpelle les curieux. Elle représente des personnages à la Giacometti s’enlaçant autour d’une table de café, mais aussi des étudiants en grande discussion et des promeneurs de tout âge. La commande de la ville était claire.

« Il s’agit de réaliser des graffs qui mettent en avant l’importance du Vivre ensemble dans la capitale bretonne et de l’engagement citoyen, »indiquait l’appel d’offres lancé en septembre 2011. «Il s’agit encore de montrer que Rennes est une ville cosmopolite qui brasse une variété de cultures tout en conservant son authenticité (culture bretonne). La traduction graphique qui en sera faite sera compréhensible du grand public et d’une présentation générale cohérente. Elle intègrera des personnages, mis en scène dans des espaces repérés du centre. »

Derrière ce message infiniment politique, les graffeurs n’étaient pas du tout encadrés par la municipalité rennaise. « Le style sera libre. » Les seules contraintes étaient celle du temps (deux semaines pour la réalisation) et celle de la cohérence avec l’architecture des bâtiments, de matériaux et des couleurs des fenêtres, portes et terrasses…

Au final, les passants semblent plutôt satisfaits. « C’est pas mal et coloré, » disait l’un. « On dirait une planche de bande-dessinées, » affirmait l’autre. Seul petit regret, Jean aurait aimé connaître le nom des graffeurs. Qu’il se rassure, la municipalité devrait bientôt communiquer leurs noms et montrer leurs bobines dans le journal municipal ou encore dans son pendant, l’édition locale d’Ouest-France local. Ce serait un juste retour des choses pour ceux qui, avec talent, ont caché la misère passée. Car les précédentes palissades avaient servi de « support à un collage intensif d’affiches », affirme la municipalité, « aussi avons-nous souhaité y faire réaliser une œuvre permettant d’inscrire les palissades dans le paysage urbain, tout en dissuadant l’affichage sauvage et les tags. »

Les grincheux pourront toujours protester contre l’encadrement des artistes. Mais sachons-le, les élus rennais ont justement mis en place ce dispositif depuis 2002 pour que les peintres de la rue pratiquent leurs activités en toute légalité. « Ce plan Graff est le fruit de débats entre les jeunes rennais, les graffeurs et les élus, » précisait l’appel d’offres. « Sa gestion a été confiée au CRIJ Bretagne, en partenariat avec la Mission Jeunesse. » Il existe aujourd’hui 23 murs autorisés disséminés dans la ville.

Un incendie spectaculaire

Place Saint-Michel, le soir de la fête de la musique du 21 juin 2010, un incendie a produit des dégradations considérables dans six immeubles. Touchés par les flammes, ces édifices ont été démolis à coups de pelleteuse. Il faut maintenant reconstruire. Le chantier est prévu sur plusieurs années. Seize personnes, au moins, avaient été relogées le jour suivant du sinistre (sources : le site internet de la ville de Rennes).

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