Imaginée comme un lieu artistique et culturel par la Ville de Plouhinec, dans le Morbihan, la Maison Germaine Tillion accueille maintenant des artistes audacieux, des actions culturelles nombreuses et des rendez-vous conviviaux et populaires.
La maison de Germaine Tillion, lieu d’exception, est aujourd’hui la propriété du Conservatoire du littoral. Nichée au cœur de la Petite mer de Gâvres, elle est l’ultime empreinte matérielle de l’incroyable parcours de Germaine Tillion ( 1907-2008), que la résistante a acheté en 1973. Faire évoluer cette maison en un espace culturel et pédagogique est un hommage à son héritage, orchestré par la C.A M.P – Capsule artistique en mouvement permanent -, une structure culturelle et artistique nomade basée au pays de Lorient. La vision de la justice et l’amour pour la nature de la résistante se reflètent dans chaque aspect de cette maison et de son jardin, conçus comme une fenêtre ouverte sur un paysage unique.

Après plusieurs années de travaux, la maison de Germaine Tillion a ouvert ses portes en 2024, seize ans après le décès de la résistante.
La restauration de la maison a aménagé de nouveaux espaces permettant d’accueillir les artistes et le public. Certains éléments de la maison de Germaine Tillion n’ont pas bougé ; les éléments de la bibliothèque et le mobilier ont été installés après rénovation dans certaines pièces de la maison. Le rez-de-chaussée est maintenant un lieu d’animation ; il porte sur : le Grand site dunaire Gâvres Quiberon ; les écosystèmes environnants ; un atelier consacré à la sculpture ; une salle d’exposition ; et un espace modulable. Au rez-de-jardin un atelier de création pour les artistes en résidence est installé ; il est équipé de trois chambres, d’une cuisine et d’une salle de bain.

La programmation artistique et culturelle incarne les valeurs humanistes et l’esprit de convivialité et de partage, chères à Germaine Tillion.
Biographie de Germaine Tillion :
Germaine Tillion vient au monde à Allègre en Haute-Loire le 30 mai 1907, au sein d’une famille bourgeoise et catholique. Lucien, son père, est magistrat. En 1915, elle entre en pension à l’Institution Jeanne d’Arc de Clermont-Ferrand (63) ; elle a huit ans. Elle réussit son baccalauréat en 1925, puis fait des études supérieures. Elle sort diplômée de l’Institut d’ethnologie en 1932 à 25 ans.

Sa thèse la conduit en Algérie à plusieurs reprises, entre 1934 et 1940, pour étudier l’ethnie berbère des Chaouis. Une grande partie de ses travaux effectués pendant ces six années a disparu au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est qu’en 2000, que Germaine Tillion publiera un ouvrage consacré spécifiquement à l’Aurès, cette région montagneuse du Nord-Est de l’Algérie.


Germaine Tillion revient en France le 9 juin 1940, pour entamer une thèse de doctorat sous la direction du sociologue Marcel Mauss (1872-1950) : « Étude totale d’une tribu berbère » ; elle l’interrompt pour apporter son aide à la Croix-Rouge. Quelques jours plus tard, elle réagit par un refus immédiat au discours de Pétain le 17 mai, qui appelle les Français à cesser le combat ! Elle trouve des sympathies au sein du Réseau de résistance du musée de l’Homme à Paris, fondé par le colonel Paul Hauet (1866-1945). Germaine Tillion devient chef de la filière d’évasion des prisonniers de guerre. Après l’arrestation de presque tous ses camarades, elle rejoint le réseau Gloria qui a pour mission de recueillir des informations militaires pour le compte des britanniques. Infiltré par l’abbé Robert Alesch (1906-1949), le groupe est démantelé.
Incarcérée à la prison de la Santé de Paris dans un premier temps, où elle subit quatre interrogatoires de août à octobre 1942, Germaine Tillion est transférée à celle de Fresnes en janvier 1943, puis déportée le 21 octobre 1943 au camp de concentration de Ravensbrück en Allemagne. Elle est affectée dans la catégorie des Verfügbar : des prisonniers disponibles, qui ne sont pas affectés à un Kommando de travail, mais dédiés aux pires corvées ; Germaine Tillion réussit à échapper à tout travail pénible. Elle échappe aussi à un transport à destination du camp de la mort de Mauthausen en Autriche, où les nazis mènent une politique d’extermination systématique par chambre à gaz !

Début avril 1945, 300 Françaises sont évacuées par la Croix-Rouge internationale, et peu de temps après, Germaine Tillion fait partie d’un autre groupe évacué par la Croix Rouge suédoise, grâce à l’intervention du diplomate suédois Folke Bernadotte (1895-1948) ; elle est transportée avec d’autres détenues de Ravensbrück en Suède pour y être soignées.
Après sa libération, Germaine Tillion crée une équipe de déportés pour rassembler et classer tous les documents sur l’histoire du camp de concentration de Ravensbrück. En 1947, elle reçoit le prix Pulitzer pour ses actes héroïques pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle réalise des enquêtes sur les crimes de guerre nazis, fait des recherches sur le sort particulier des déportées lesbiennes à Ravensbruck, dont l’homosexualité servait à les torturer, et enquête sur les camps de concentration soviétiques de 1945 à 1954.
Germaine Tillion s’engage également dans différents combats politiques : pour l’enseignement dans les prisons ; contre la clochardisation du peuple algérien et contre la torture pratiquée par l’armée française en Algérie ; pour l’émancipation des femmes de Méditerranée…


En 1973, elle acquiert la maison de Plouhinec, où pendant les trois décennies suivantes, il y séjournera pendant de nombreux et longs séjours de quiétude.
En 1997, alors âgée de 90 ans, Germaine Tillion se décide à reprendre ses notes des années 1930 qu’elle n’avait pas emmenées à Ravensbrück et publie un aperçu de ce qu’aurait été sa thèse sur les Ouled Abderrahmane : Il était une fois l’ethnographie (parution en 2000).

Germaine Tillion est décorée en 1999 de la Grande-croix de la Légion d’honneur. Elle s’éteint le 19 avril 2008 à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne dans sa 101e année. Ses obsèques sont célébrées à la paroisse du Saint-Esprit dans le 12e arrondissement de Paris.
Le 27 mai 2015, Germaine Tillion, en compagnie de Genevièvre De Gaulle (1920-2002), une autre résistante déportée à Ravensbrück comme elle et devenue son amie, entre au Panthéon sous décision de François Hollande, président de la République de l’époque. Deux autres résistants font leur entrée au Panthéon le même jour : Pierre Brossolette (1903-1944) et Jean Zay (1904-1944).

