Avant la création de leur premier atelier-boutique Pointe de Sel, Laurianne Chedeville et Corentin Gallard menaient une vie bien différente…
Elle travaillait dans le service ménage d’un hôpital à Rennes, un métier exigeant, éloigné de l’artisanat mais qui lui a forgé une véritable endurance. Lui était contrôleur de gestion. Le couple partageait pourtant depuis longtemps une même attirance pour la matière, les objets façonnés à la main, la précision des gestes.

L’idée d’une reconversion dans la maroquinerie s’est imposée peu à peu, comme une évidence à laquelle il fallait oser dire oui. Le parcours de Laurianne et Corentin, c’est une reconversion discrète dans un univers breton singulier. Voilà comment un cuir de poisson promis à la poubelle est récupéré dans les commerces de sushis en univers créatif cohérent et profondément breton.
Juste avant d’entrer en formation pour préparer le C.A.P. Maroquinerie à Fougères, un détail a tout changé. En fouillant, en se documentant, le couple découvre qu’il existe en France… deux tanneries spécialisées dans le cuir de poisson. Une matière rare, presque secrète, totalement inattendue.

Ce fut une révélation. Laurianne raconte souvent que lorsqu’ils ont touché pour la première fois cette matière « vivante », ils ont immédiatement adoré sa souplesse, son relief, sa personnalité. Ce cuir de poisson offre un toucher agréable, une texture naturelle proche du galuchat, parfois légèrement gaufrée, toujours élégante. Et surtout, il se travaille avec les mêmes outils et les mêmes gestes que le cuir bovin : même solidité, même résistance dans le temps. Pour des artisans, c’était un terrain de jeu parfait.

Ils commencent alors à expérimenter, le soir, le week-end, à tester des prototypes. Leur premier objet devient vite un classique de la maison : le porte-cartes en cuir de poisson, à la fois minimaliste et audacieux.
Une fois diplômés, ils se lancent. Leur première boutique ouvre à Paimpol, puis une deuxième voit le jour à Binic. Chaque saison, ils affinent leur identité : sobriété, matériaux durables, couleurs inspirées du monde marin. Quand la boutique de Binic arrive en fin de bail, une nouvelle opportunité s’offre à eux. C’est à Saint-Quay-Portrieux, rue Clemenceau, qu’ils posent leurs outils, leurs peaux et leurs rêves doux et iodés.
La fabrication en 5 étapes
Chez Pointe de Sel, chaque pièce est réalisée à la main, selon un processus artisanal exigeant qui respecte la matière et le temps long.
- Récupération des peaux
Les peaux de poisson, issues de la pêche et de l’aquaculture, sont récupérées avant d’être jetées. Elles rejoignent les circuits des deux tanneries françaises spécialisées, où elles sont triées et préparées. - Tannage et transformation
Les peaux sont transformées en cuir grâce à un tannage spécifique, proche du tannage végétal : stabilisation, assouplissement, mise en valeur des reliefs naturels. On obtient alors un cuir de poisson souple, résistant et texturé, prêt à être travaillé aux côtés du cuir de bovin. - Patronage et découpe
À l’atelier, Laurianne et Corentin dessinent ou ajustent les patrons de leurs sacs, porte-cartes ou étuis. Chaque pièce est ensuite découpée à la main dans les peaux, en choisissant soigneusement l’emplacement pour valoriser les motifs du cuir de poisson. - Couture au point sellier
Les éléments sont assemblés à la main, au point de sellier : deux aiguilles, un fil de lin ou de polyester poissé, et un geste lent et régulier. Cette couture traditionnelle, plus solide qu’une couture machine, garantit la durabilité des pièces dans le temps. - Finitions et personnalisation
Arêtes poncées, tranches teintées ou lissées, pose des boucles et rivets, ajustement des poignées en cuir de poisson… Les dernières finitions donnent sa silhouette définitive à l’objet. Certaines pièces peuvent être personnalisées (couleurs, combinaison de cuirs, poignées interchangeables) pour créer un modèle vraiment unique.
Pointe de Sel – Maroquinerie & Concept-Store
Adresse : 7 rue Clémenceau, 22410 Saint-Quay-Portrieux
Horaires : 10:30-12:30-14h30-17:00 sf dim et lun

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