En mai 1981, Radio Rennes voit le jour dans le café-théâtre de son créateur, Gabriel Aubert. La naissance de la radio associative pirate est accompagnée de la libéralisation des ondes, quelques mois plus tard, par le Président de l’époque, François Mitterrand. Depuis 4 décennies maintenant, l’équipe formée de bénévoles enrichit les ondes d’un contenu culturel local. Radio Rennes souffle cette année sa quarantième bougie et profite de l’émission « Pluriel » pour célébrer leur anniversaire. Pour l’occasion, Gaby a fait visiter les locaux, sis rue des Fossés, à Unidivers. Retour sur l’histoire d’une radio rennaise pirate qui a su se faire une place sur les fréquences radio et rester libre.
« On est des amateurs qui travaillent en professionnels et pas le contraire », Gabriel Aubert, fondateur de Radio Rennes.
C’est avec le sourire (masqué) qu’une partie de l’équipe de Radio Rennes a accueilli les journalistes vendredi 25 février dernier, à l’Hôtel Victoria avenue Janvier, futur quartier général des prochaines rencontres de l’émission « Pluriel ». « Radio Rennes est née dans un bistrot, c’était important pour nous de se retrouver autour d’une table dans un bar ou restaurant », commence Gabriel Aubert ou « Gaby », créateur de Radio Rennes.
« Au début, personne ne croyait en nous »
La conférence de presse est informelle, ponctuée d’anecdotes et de souvenirs qui rappellent le bon vieux temps à toute l’équipe. Une simple discussion autour d’une table pour comprendre l’histoire de cette radio associative, des débuts dans la cuisine du café-théâtre de Gabriel Aubert, Le Ranelagh, à aujourd’hui, rue des Fossés.
Avant 1980, moins d’une dizaine de radios diffusait en France, la FM n’existait pas encore et les autres radios étaient interdites. Dans la capitale bretonne, les associations devaient déposer des dossiers à l’Office social culturel rennais afin d’obtenir des subventions et être adhérentes, mais Radio Rennes fut refusée. « Ils avaient fait des tentatives de radio avec Radio Vilaine. Ils étaient pour les radios libres, mais la leur », précise-t-il. Pour autant, Gaby ne recule pas et Radio Rennes naît au moment où la gauche arrive au pouvoir avec l’élection de François Mitterrand le 10 mai 1981. Elle devient l’une des premières radios pirates locales. « Personne ne voulait de nous parce que l’on n’avait pas vraiment de projet », un projet qui se résume au final, encore aujourd’hui, en une seule phrase : « Notre projet était de vouloir faire passer nos passions », dit-il simplement. « Beaucoup de spécialistes de la Maison de la Culture – jazz, classique, théâtre, etc., fréquentaient mon café-théâtre. Et avant de s’installer rue d’Antrain, le cinéma Arvor se trouvait rue Saint-Hélier. Quand j’ai annoncé que je voulais monter une radio, certaines personnes ont été intéressées. »
Leur premier émetteur radio est fabriqué par Patrice Roussel, un étudiant à Supelec, également client des lieux. Installé sur le toit du bistrot, « il arrosait la ZUP Sud, mais les ondes ne montaient pas la côte de Villejean ». Les débuts ont été précaires, avec les moyens du bord, mais les adhérent.e.s apportaient leur pierre à l’édifice en participant aux finances. « J’ai toujours géré avec les finances que j’avais. Les radios créées en 1982-1983 rigolaient et se foutaient de nous. La première platine vinyle que l’on utilisait, on calait le bras en mettant une pièce dessus parce qu’il ne tenait pas », raconte Gaby.
Après la victoire de François Mitterrand, les radios continuent pourtant d’être brouillées. TDF, surnommé amicalement « Tas de fous » à l’époque, met France Inter sur la même fréquence que la radio pirate rennaise. Ce n’est que le 3 septembre 1981 que Georges Fillioud, ministre de la communication de l’époque, annonce, sur ordre du Président, la fin au monopole de la radiodiffusion en France et la libéralisation des ondes. Les radios pirates deviennent alors des radios libres et peuvent désormais émettre normalement. La France connaît une explosion de radios locales et Radio Rennes n’a jamais arrêté d’émettre depuis cette date… Peu de radios associatives créées en 1981 existent encore, « il est impossible de savoir combien exactement », mais Radio Rennes est l’une d’entre elles. « Beaucoup de radios ont existé, mais elles ont fait plouf », comme le souligne avec humour Gaby : Radio Vilaine, Radio Activ’, Radio Savane ou encore Radio Congas, RBS – Radio Bretagne Stéréo, une radio privée qui s’est fait connaître en soutenant une manifestation contre la loi Savary, sur l’enseignement supérieures. Certaines existent encore, comme Radio Caroline, mais la plupart ont été « rachetées » par de grands groupes.
« On travaillait beaucoup avec les associations, les centres culturels, mais les gens dit connus ne venaient pas ou ne nous connaissaient pas. » Membre du fonds de soutien à l’expression radiophonique, l’homme aux mille ressources se déplaçait régulièrement et en profitait pour rencontrer des personnes tel Georget Bernier, dit « professeur Choron ». Également producteur et organisateur de concerts, il allait à Paris enregistrer des interviews. « Je suis allé rencontrer Renaud chez Virgin. C’était un des premiers artistes que j’interviewé, j’avais tellement la pression que j’avais emporté deux enregistreurs et deux micros, au cas où. »
Sans publicité et point info, sauf celles de RFI qui sont reprises, Radio Rennes est exclusivement constituée de « magazines, chroniques, émissions qui sont essentiellement de fond », précise Ronan Manuel, ancien journaliste chez France Bleu et animateur de trois émissions : « Si on parlait de lire », « BonVieuxTemps », « La Vitrine du libraire » et « On m’a raconté au café ».
Elle émet aujourd’hui à 40 km. La petite sœur costarmoricaine, Radio Évasion, qui émet de Saint-Méen-Le-Grand dont une partie des programmes de Radio Rennes est relayée, leur permet de diffuser jusqu’à Saint-Brieuc. La masse d’archives à disposition, « des kilomètres de bandes de cassettes », des portraits d’artistes exceptionnels et intemporels, est sans conteste une des raisons de la qualité de la radio. Tout comme leurs chroniques pointues et approfondies « hyper accessibles et intéressantes » faisant d’elle une radio telle que l’on en a plus. « Il y a eu Guy Bedos, Serge Gainsbourg, Renaud ou encore Catherine Zeta-Jones », pour ne citer que quelques noms. « On se laisse embarquer par ces personnes qui racontent des histoires », ajoute Félix Legrand, ancien chez Radio France à la retraite, récemment arrivé à Radio Rennes pour l’émission « Les Frissons de Félix Le Grand ».
« Les radios associatives, c’était l’idée de pouvoir s’exprimer et dire les choses », Félix Le Grand
Plusieurs centaines de personnes (environ 400) ont un jour franchi la porte de Radio Rennes. Vingt-neuf animateurs gravitent actuellement autour et cinquante émissions culturelles sont programmées : jazz, blues, cinéma, bande dessinée, culture bretonne, musique, etc. Hormis quatre salarié.e.s, tous sont des bénévoles passionnés, « avec l’envie de transmettre ». Et la porte reste ouverte pour échanger avec chaque passionné qui arrive avec un projet. C’est comme cela qu’ils fonctionnent : une rencontre, un projet et vous vous retrouverez peut-être derrière un micro, avec un casque sur la tête. En tout simplicité, mais avec sérieux. Ce n’est pas pour rien que leur slogan perdure : « On est des amateurs qui travaillent en professionnels et pas le contraire ».
Il est malheureusement difficile d’évaluer leur audience, car les radios associatives ne sont pas nommées dans les panels, à l’instar de Radio Rennes et Canal B à Rennes. « Il faut payer pour y figurer, 4000 € par sondage, mais ceux qui n’ont pas les moyens financiers d’acheter les sondages n’en feront pas partie et on ne sait pas ce que Mediamétrie demande », explique Ronan Manuel. « Cela pourrait tourner autour de 10 000 auditeurs simplement à Rennes, un chiffre très confortable pour une radio associative. Mais nous ne pouvons être sûrs, car nous n’avons pas acheté le sondage. »
« L’émission Pluriel », 40 ans de radio ça se fête !
Faute de pouvoir organiser des concerts, l’équipe a décidé de fêter son anniversaire en programmant des rencontres, en partenariat avec Placedelagare.fr, association qui rassemble plusieurs commerces. À partir du mois de mars, l’émission « Pluriel », animée par Ronan Manuel et Yvon Lechevestrier, sera enregistrée et filmée « pas en direct, mais dans les conditions du direct ».
Les émissions se dérouleront à l’Hôtel Victoria, membre de Placedelagare.fr. « Si les conditions le permettent, les émissions se feront en public », précise Ronan Manuel. « Une chaîne Youtube sera dédiée à l’émission, où l’on retrouvera certaines chroniques. » À chaque émission, un artiste live accompagnera l’invité principal pour un petit concert acoustique, « simplement guitare et voix ». Ils laisseront également la parole à un adhérent de Placedelagare.fr, « un cuisinier, un caviste, un boulanger qui viendra parler de son métier et donner envie de retourner vite au restaurant. »
Le premier invité devrait être le juge Van Ryumbeke. « Au mois d’avril, nous accueillerons l’autrice Irène Frain, fidèle de Radio Rennes. Il y aura également Caryl Férey, auteur de polar, dont la famille s’est installée dans la région rennaise quand il était jeune, et qui a donc grandi en écoutant les radios locales et en étant dans les bistrots, il y tient », souligne avec humour Yvon Lechevestrier, journaliste retraité chez Ouest-France. Sans oublier Étienne Daho qui a promis de venir. « Il a été un des gamins de cette époque. Quand les radios ont commencé, il sortait son premier album Mythomane. » Le compositeur, pianiste, directeur musical et « arrangeur musical d’à peu près tout le monde », Yvan Cassar sera peut-être des leurs également.
Une émission spéciale accordéon autour d’un monsieur bientôt centenaire, Pol Renimel, un des précurseurs du bal populaire avec l’ensemble Pol Renimel et Nicky, est également prévue à la rentrée prochaine dans un hôtel-restaurant à Saint Lonnoc. Elle sera diffusée par le biais de Radio Évasion. « Si la situation le permet, ce serait peut-être l’occasion d’organiser, après l’enregistrement, un bel après-midi ou une belle soirée de bal populaire. » L’enregistrement aura lieu le 12 mars 2021 à 15 h à l’Hôtel Victoria, mais rendez-vous sur les ondes, 100.8 FM, (diffusion de l’émission en deux parties) mardi 23 et mercredi 24 mars à 10h10 pour le début des festivités !
Je serai bien sûr à Rennes.
Mais je pousse un coup de g… Ce n’est pas à un rassemblement pour Charlie Hebdo uniquement auquel je veux participer! C’est à un rassemblement pour défendre les droits humains, et pas uniquement ceux de la presse, et lutter contre la barbarie. Il ne faut pas oublier les victimes du supermarché Casher, où là les cibles étaient aussi choisies, ou malheureusement demain une autre catégorie ethnique, culturelle, religieuse, ou autre. On parle beaucoup trop de Charlie Hebdo, pas assez de la paix ou de la liberté de l’individu au sens universel du terme. Bien sûr, la presse sous toutes ses formes doit être absolument défendue, mais pas que la presse.