RENNES. RENCONTRE AVEC L’ÉCRIVAIN SÉBASTIEN SPITZER

Le 28 novembre 2019, l’écrivain Sébastien Spitzer a rencontré et échangé au sujet de son roman Le cœur battant du monde, avec des centaines de lycéens venus de toute la France, à l’Auditorium du Triangle.

Sébastien Spitzer

Le cœur battant du monde faisait partie de la sélection des 14 romans en lice pour le Prix Goncourt 2019 des lycéens. Le 28 novembre 2019, à l’occasion de la remise des prix des meilleurs critiques littéraires lycéennes, l’écrivain Sébastien Spitzer s’est confié aux nombreux étudiants présents quant à son métier et aux motivations qui l’ont poussé à écrire son deuxième roman colossal — près de 450 pages.Résumé Le cœur battant du monde :
Dans les années 1860, Londres, le cœur de l’empire le plus puissant du monde, se gave en avalant les faibles. Ses rues entent la misère, l’insurrection et l’opium. Dans les faubourgs de la ville, un bâtard est recueilli par Charlotte, une Irlandaise qui a fui la famine. Par amour pour lui, elle va voler, mentir, se prostituer sans jamais révéler le mystère de sa naissance. L’enfant illégitime est le fils caché d’un homme célèbre que poursuivent toutes les polices d’Europe. Il s’appelle Freddy et son père est Karl Marx. Alors que Marx se contente de théoriser la Révolution dans les livres, Freddy prend les armes avec les opprimés d’Irlande. Après Ces rêve qu’on piétine, un premier roman très remarqué et traduit dans plusieurs pays, qui dévoilait l’étonnante histoire de Magda Goebbels, Sébastien Spitzer prend le pouls d’une époque où la toute-puissance de l’argent brise les hommes, l’amitié et l’espoir de jours meilleurs.

Le titre du roman est inspiré d’une phrase de Karl Marx qui définissait Londres comme : « Le cœur battant du monde capitaliste ».

Sébastien Spitzer
Sébastien Spitzer entouré de lycéens sur la scène de l’Auditorium de Rennes le 28 novembre 2019

Ainsi, pendant près d’une heure, Sébastien Spitzer s’est livré à cœur ouvert aux lycéens, stupéfaits face à tant de délicatesse et de sincérité.

  • Nada 

« Un jour, lors d’une séance de dédicaces, une jeune fille aveugle du nom de Nada s’est adressée à moi pour me remercier. Elle m’a confié qu’en lisant mon livre en braille, elle avait ressenti la peur de mes personnages, senti leur transpiration, senti leur souffle quand ils couraient… J’ai trouvé ces paroles merveilleuses; Nada a parfaitement résumé le métier d’auteur. Il s’agit de cette plongée au pays imaginaire dans lequel on invite le lecteur à nous retrouver. J’anime des ateliers d’écriture et souvent, je conseille à mes élèves de fermer les yeux, d’imaginer les scènes qu’ils veulent écrire avant de les coucher sur le papier. Et ça, je le dois beaucoup à Nada. »

  • Engagement 

« Je suis ravi que vous ayez élu Les choses humaines de Karine Tuil comme lauréat du Prix Goncourt des lycéens 2019. Cela prouve que vous avez senti l’importance de récompenser des livres qui s’ancrent dans l’actualité, des livres qui ont la capacité de faire bouger les façons de penser. Je suis un grand fan de Victor Hugo depuis toujours. Son engagement citoyen se traduit dans ses textes et j’ai toujours trouvé ceci très puissant. Victor Hugo était un écrivain qui, indéniablement, souhaitait faire bouger les choses grâce à ses écrits.»

«C’est l’anarchie qui ouvre les abîmes, c’est la misère qui les creuse. Vous avez fait des lois contre l’anarchie, faites en contre la misère ! » Détruire la misère (1849), Victor Hugo

  • Détails 

« Si je peux donner un conseil à tous ceux qui veulent devenir écrivains, c’est de vous intéresser aux détails. Ils sont de merveilleux indicateurs à partir desquels il est possible de retirer de grands enseignements. Parfois, une personnalité peut se révéler grâce aux détails. Par exemple, en faisant mes recherches sur Karl Marx, j’ai découvert qu’il zozotait. En creusant cette découverte, j’ai finalement rédigé un chapitre sur ce que le zézaiement de Karl Marx pouvait révéler de sa personne à l’époque. »

  • Histoire 

« Si dans mes deux premiers romans, j’ai fait le choix de raconter les aventures de personnages historiques, je pense que c’est parce que je n’avais pas encore assez confiance en moi pour écrire des histoires entièrement fictives. Lorsque l’on écrit sur des personnes qui ont réellement existé, en tant qu’écrivain, nous sommes obligés de nous renseigner et de relater des faits véridiques. Cela nous permet d’avoir une base concrète et stable pour s’aventurer dans l’écriture d’un roman. Mais maintenant ça y est, j’ai le sentiment d’avoir acquis assez de confiance en ma plume pour laisser encore plus de place à mon imagination. Un troisième roman est en cours et promis, celui-ci ne se basera pas sur un fait historique (rires). Cependant, je pense qu’il est primordial de démultiplier les ressources historiques afin de mieux bâtir notre présent. »

«L’histoire ne se répète pas, mais elle rime.» Mark Twain.

  • Ateliers 

« J’anime régulièrement des ateliers d’écriture. La semaine avant de donner Le Cœur battant du monde à mon éditrice, j’en ai animé un. À la fin de cette semaine, je voulais revoir entièrement mon roman. Me confronter à des questionnements de jeunes écrivains m’a amené à remettre en perspective nombre de mécanismes utilisés dans mon roman. Je pense que ces périodes de doute sont nécessaires lorsque l’on est écrivain. Plus on enseigne aux autres et plus on partage, plus on comprend ce que l’on écrit et pourquoi on l’écrit. »

Sébastien Spitzer est né en 1970 à Paris. Après Khâgne et Sciences Po, il découvre Miller, Hemingway et Fante et devient journaliste. Pour Jeune Afrique, il a écrit ses premiers papiers sur le Congo, le Rwanda et l’Ouganda. Puis, il est devenu grand reporter pour Canal Plus, M6 et TF1. À quarante ans il s’est persuadé que le moment était venu de réaliser son rêve : écrire un roman. Pendant trois ans, il s’est enfermé dans la salle de lecture du Mémorial de la Shoah pour se documenter sur l’histoire étonnante de Magda Goebbels et écrire un roman : Ces rêves qu’on piétine. Celui-ci a été traduit dans plusieurs pays et a remporté une quinzaine de prix littéraires.

Le cœur battant du monde – Édition brochée
21.90 €
21 Août 2019
140mm x 205mm
448 pages
EAN13 : 9782226441621

Site de Sébastien Spitzer : ici 

Instagram Sébastien Spitzer 

Éditions Albin Michel 

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Julie Pialot
Julie Pialot a suivi des études de Lettres Modernes. Pendant une année d'ERASMUS à Pondichéry (Inde), elle a rédigé un mémoire sur la littérature de voyage en Orient, avant de compléter sa formation à l'école de journalisme de Marseille. Passionnée de voyages et de nouvelles découvertes, c'est en Bretagne, son choix de coeur, qu'elle a choisi de mettre en valeur les initiatives culturelles locales.

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