Les Rencontres alternatives reviennent au parc de la Prévalaye à Rennes le samedi 24 août 2019. Porté depuis 2009 par L’Asso rennaise, qui réunit des acteurs de différents collectifs bretons, l’événement se propose, avec la complicité de la mairie, de faire découvrir au public rennais la culture du sound system et de la free party. En visite sur le site du festival pendant le montage, Unidivers s’est entretenu avec Anne, régisseuse générale, et Milly, programmatrice, entourées d’une équipe de bénévoles travaillant avec passion à la préparation de l’événement
UNIDIVERS – On lit sur le site des Rencontres alternatives que ce nom est porteur de sens, lequel ?
ANNE – Notre public est en majorité Rennais et pas forcément habitué des free parties. On veut un événement ouvert à tous, sur le modèle de la free party même si c’est un événement légal de type festival. L’idée était de proposer à un public non connaisseur de rencontrer ces cultures alternatives, que ce soit les spectacles, les sound systems et les arts alternatifs qui en découlent.
Mais ça reste un événement soutenu par la ville, qui fait partie d’un agenda culturel, même s’il n’est pas commun. En plein boum des teufs, l’idée était de pouvoir présenter un système free party, dans un cadre légal et un périmètre sécurisé, à un public éclectique. Finalement, la ville se retrouve dans le fait que le festival soit à petit prix et ouvert à tous.
UNIDIVERS – En 2009 naissait L’Asso rennaise. Qui l’a créée et dans quel but ?
ANNE – J’en suis une des créatrices, avec Rabin des Epsylonn Otoktone, Mickey des MuscanoiZ, Tom et Gwen des Farfatek et d’autres personnes qui m’excuseront de ne pas tous les citer. À cette époque, la préfète Bernadette Malgorn a interdit à plusieurs reprises le teknival des Trans Off. En 2005, elle l’a interdit à deux jours de l’événement. Il y a donc eu beaucoup de manifestations dans les rues de Rennes, qui ont dégénéré.
Une chronologie amateur avec documents d’archives, « Trans Off History, 1995-2005 ».
Les années suivantes, en décembre au moment des Transmusicales, on organisait des manifestives, avec des chars sonorisés, à Rennes. On en avait fait une aussi en février, pour la Sainte-Bernadette, en l’honneur de Mme Malgorn…. Plusieurs années d’affilée, ces manifs ont rassemblé beaucoup de monde.
En 2008, alors que j’étais en tête de cortège, je me suis faite alpaguer par l’élu à la culture de la ville de Rennes à l’époque, Yves Préault [NDLR : élu municipal de 1983 à 2014, notamment responsable de la carte Sortir qui favorise l’accès à la culture]. Je me rappelle, il m’a fait monter dans sa berline, vitres teintées, alors que je portais ma perruque à paillettes !
Pour des raisons économiques et culturelles, on faisait chier toute la ville avec nos manifs. Les organisateurs des Trans trouvaient qu’on détériorait l’image de leur événement, et puis c’est la période des courses de Noël… Yves Préault a proposé de se rencontrer pour trouver une solution à notre conflit avec la préfecture. Comme les manifestations publiques relèvent de la sécurité municipale et pas de la préfecture, c’est surtout la ville qui en pâtissait.
La mairie a donc pris les devants en nous proposant de créer un événement légal, qui ne serait pas au mois de décembre, et qui satisferait la demande croissante de techno à Rennes. Un festival co-organisé avec la ville, sur une nuit, avec plusieurs sono.
UNIDIVERS – Ce modèle ne fait-il pas figure d’exception dans le monde de la free party ?
ANNE – Il y a une différence entre la gestion d’une free party par une préfecture ou par une mairie. Quand un sound system organise une soirée dans un bois, ce sont les gendarmes qui arrivent, pas la police nationale. Mon interlocuteur sera préfectoral. La nature de l’événement fait qu’on ne se frotte pas aux mêmes personnes.
Ça s’est vu aussi dans des préfectures… J’en ai démarchées pas mal pour organiser des teufs légalement, multisons, teknivals, et certaines se montrent plus compréhensive. Mais après, d’autres éléments rentrent en jeu. Il faut trouver des terrains, des propriétaires bienveillants, avoir l’accord de la mairie, avoir des fonds alors qu’on organise des free…
Mais il y a aussi beaucoup de teufs qui ne veulent pas faire dans le légal, ça reste donc toujours très compliqué pour eux. La loi stipule que tout événement à caractère musical réunissant plus de 500 personnes et n’ayant pas été déclaré est interdit
Ce que dit la loi exactement (site de soutien à l’underground électro)
Pour les Rencontres alternatives, on a eu de la chance qu’un élu ait voulu décoincer trois ans de manifs sur manifs, galères, casses dans le centre-ville, en prenant le taureau par les cornes. La ville nous apporte une aide importante en termes de moyens humains et techniques. Pour la sécurité par exemple, on se coordonne avec la mairie pour suivre les grandes lignes du plan vigipirate. La mairie de Rennes a sa propre commission de sécurité, ils sont donc porteurs de leurs événements et capables de les défendre en préfecture.
UNIDIVERS – Musicalement, quels styles sont représentés aux Rencontres alternatives ?
ANNE – On trouve à peu près tout ce qui va toucher à la musique électronique, machines, lives, platines, rythmiques spécifiques, de l’électro, de la drum’n’bass, de la hardtek, de la hard techno, du hardcore, du gabber, de la tribe, plein de choses !
UNIDIVERS – La première édition des Rencontres alternatives, aussi appelées Free Fest, a eu lieu en 2010 au parc de la Prévalaye. Comment le lieu a-t-il été choisi ?
ANNE – C’était le seul terrain proche du centre pouvant accueillir un festival d’une telle ampleur. Le parc des Gayeulles posait des difficultés en termes de sécurité à cause du point d’eau, à l’époque on a préféré les éviter. Mais il y a eu une grosse évolution en dix ans par rapport à ce qu’on a fait au début.
Rencontres alternatives, 2011 (2e édition)
UNIDIVERS – Dans quel sens ?
ANNE – La première édition a eu lieu sur le bitume du parking. Il y avait un peu de déco mais c’était encore très dark, du camouflage, des filets militaires et des gyrophares. Maintenant, il y a des couleurs punchy, du visuel, de la déco sur le site, de l’éclairage. Le festival a beaucoup gagné en compétence du point de vue de la sécurité et de la mise à disposition du matériel au public. Et il y a eu une progression notable de nos savoir-faire artistique, dans déco, la proposition visuelle du festival. Ça va aussi de pair avec une évolution technologique, l’importance du mapping aujourd’hui, par exemple.
Autrefois, l’entrée était sur donation. Depuis, on a mis en place une entrée payante parce que tout le monde ne jouait pas le jeu. Mais l’idée est de ne pas dépasser les 5 €. C’est aussi ce qui nous permet de proposer une prestation plus qualitative au public.
UNIDIVERS – Après un rendez-vous manqué l’an dernier, retour au parc de la Prévalaye cette année. Quand est-ce que le montage a commencé ?
ANNE – Nous arrivons sur le site une quinzaine de jours à l’avance et encore une semaine après. Evidemment il y a beaucoup de travail en amont, la construction des déco, toute la préparation technique, la mise en plan, les réunions avec la ville.
UNIDIVERS – Pour l’occasion, vous montez quatre scènes avec différents collectifs. Comment se passe cette organisation ?
ANNE – On invite des collectifs, ou bien ils se proposent. Leurs DJs jouent sur leur scène ou ailleurs, on fait en sorte de faire tourner la programmation pour que ce soit éclectique partout. Les collectifs sonorisent leur scène avec leur propre système son.
Pour ce qui est déco, ça dépend. Sur la Prisme, Epsylonn Otoktone et Elektropump créent leur propre scéno, pour les autres non. Tout dépend des savoir-faire dans chaque sound system. Cette année, ce sont principalement des membres de l’Asso rennaise qui s’occupent de la déco. Il y aura deux scène identiques à celles des deux dernières éditions, parce qu’elles marchent bien et que les collectifs sont motivés à revenir.
Rencontres alternatives, 2017 (8e édition)
UNIDIVERS – Et la programmation, comment se construit-elle ?
MILLY – Les collectifs qui sonorisent une scène font jouer un certain nombre de leurs DJs. Ensuite il y a des gens que l’association veut inviter, de sound systems bretons ou d’ailleurs en France ou en Europe, quelques têtes d’affiche du milieu underground : Resh G (Dz 6tem), Jack de Marseille (Wicked Music), Dyna (Dfaze), Julian Vegas des Nonem.
On invite aussi d’anciens organisateurs des Rencontres alternatives, comme Mickey et Bigood de Muscanoiz, ou encore Rhizom (Kepler) qui est du coin. On essaie d’être éclectique. Tout le monde fait des propositions, d’amis à eux, de gens qu’on a envie d’entendre. On marche vraiment au contact puisqu’on ne fait que défrayer les artistes.
Rhizom, Kepler
UNIDIVERS – En plus de la musique, beaucoup d’autres arts se joignent à la fête, des spectacles, un village de créateurs, des graffeurs…
MILLY – Ils font partie des cultures alternatives que nous défendons. C’est une scène ouverte : amateurs ou pro, ceux qui veulent se produire ici se proposent. Même si l’absence de cachets réduit le nombre des intéressés, il y a quand même beaucoup de demandes pour jouer dans un tel cadre.
Pour la première fois cette année, à la scène Prism (Elektropump et Epsylonn Otoktone), des artistes (jongleurs, danseurs, contorsionnistes…) réaliseront leur performance au milieu du dancefloor, en hauteur sur une estrade.
Le village de créateurs accueillera une vingtaine de stands : bijoux, sérigraphie, accessoires, textiles, cuir, et trois stands de restauration maison.
Les graffeurs ont déjà commencé à bosser sur plusieurs fresques. Il y en a une grande à l’entrée du site qu’on a depuis trois éditions, et on a multiplié les zones de graff à l’intérieur du site.
UNIDIVERS – L’événement se clôturera par un concours de déchet, pouvez-vous nous en dire plus ?
MILLY – Nous voulions sensibiliser l’ensemble du public : chacun doit nettoyer sa merde. On a eu l’idée de lier l’utile à l’agréable en faisant une animation, sous la forme d’un concours. On a prévu des petits lots (gobelets RA, stickers) pour que les gens se mobilisent, et de la musique qui ne soit pas électro. Ça commencera par une première manche sur le site, puis une seconde jusqu’au parking. C’est aussi un moyen de clôturer la soirée et d’évacuer le site en douceur.
Tu leur files un sac poubelle et une bière, comme ça se fait en Angleterre
Nico, bénévole
Autogestion, unité,
la fête dans les meilleures circonstances
Et surtout, la musique ! la musique libre, l’accès à tous à la musique
RAPPEL ⚠ Tout ce qu’il faut savoir ! ⚠
🕓 [HORAIRES]
Non-Stop de 16h le samedi 24 Août jusqu’à 14h le dimanche 25 Août.
📨 [BILLETTERIE]
La billetterie ouvrira à 16h. (Il n’y a pas de pré-vente.)
Le PAF est de 5€. Moyens de paiement : Espèces / Carte Bancaire
Nous vous conseillons de venir prendre votre bracelet dès votre arrivée afin d’éviter les fortes affluences.
La sortie n’est pas définitive.
🚧 [ACCÈS-TRANSPORTS]
Lieu : La Prévalaye – 35000 RENNES
🚗 Voitures
Périphérique Ouest
Porte N°9 – Porte de Cleunay
🚌 Bus
Bus Express vous permettent de vous rendre facilement sur le site de la Prévalaye : trajet direct depuis République jusqu’à l’arrêt Cleunay.
🚆Train
Gare de Rennes
⛺ [PARKING & CAMPING]
Ouverture parking & camping à partir de 12h le samedi.
Le camping est gratuit.
Des bénévoles seront présents pour vous donner les indications, merci de les respecter.
🍺 [BOISSONS]
– Le bar sera ouvert pendant toute la durée de l’événement. Seuls les jetons seront acceptés comme moyen de paiement.
Pour s’en procurer rendez-vous à la caravane « tickets boissons » (Espèces ou Carte Bancaire)
– Vous pouvez entrer avec votre boisson mais uniquement dans un contenant en plastique ou canette. Le verre est interdit sur le site.
🍃 [ENVIRONNEMENT]
– Des toilettes sèches seront mises à disposition sur le site et sur le camping.
– Des bennes et des poubelles seront mises à disposition à divers endroits, Merci de jeter vos déchets aux endroits prévus.
– Nous pouvons toujours mieux faire en matière d’environnement, c’est pourquoi nous organisons « un concours de déchets » le dimanche après-midi. Plus d’informations prochainement
🐕 [ANIMAUX]
Nos amis à quatre pattes sont acceptés. Pour leur santé, il est fortement déconseillé de les emmener sur le site. Merci.
🛡[PRÉVENTION]
Si vous voyez quelqu’un en difficulté, contactez l’organisation, un bénévole, un secouriste ou une personne du stand de prévention.
⛔ Pour la sécurité et le bien-être de tous : les bombes de peinture, couteaux, bombes lacrymogènes ou tout autre objet dangereux sont interdits sur le site.
‼ Et n’oubliez pas : Respectez-vous, respectez les autres et respectez-nous. ❤