La conciergerie d’art de Rennes, 28 rue Saint-Louis, accueille l’artiste Christian Sanséau pour une exposition du 3 au 27 mars 2023. L’espace d’exposition s’illumine avec les peintures, paysages maritimes et personnes, instants de vie saisis au couteau, de l’artiste morbihannais.
« La peinture pour moi ? Une respiration, une manière de vivre et d’interpréter le monde. »
« Rivière d’Etel. Un quai. Un couple de mouettes amoureuses jouant à se poursuivre sur le sable, quelques nuages sur fond bleu et doux. La marée n’a pas pris encore. Une carcasse de bateau à moitié éventrée. C’est sa mer, celle qu’il regarde tous les jours, celle qu’il a parcouru en surface et en profondeur, loin, sur d’autres continents voyageurs. Celle qu’il a peinte et repeinte au couteau de couleurs, du jaune et du rouge vifs, du bleu, surtout du bleu, le salé, celui qui craque sous la dent. Deux pas, une cour, un mur ouvert aux pierres apparentes, sa réserve face à l’Ouest, son atelier face à l’Est pour une lumière moins changeante. Car ici, les ciels changent. Les vents aussi même s’ils soufflent plutôt du Sud. Un simple escalier, des tableaux tournés ou retournés sur eux-mêmes. Trois sièges, une longue table, presque un établi avec ses boites de peintures, ses pots remplis de pigments. »
Ces lignes commençaient mon article dans la revue Hopala ! La Bretagne au monde (1) voilà près de 10 ans. Rien n’a changé ou presque. La mer, les vents, les cafés où se pressent les gens de peu et de marées, ceux de Georges Perros à Douarnenez et les miens ailleurs. J’étais déjà certain que Christian Sanséau reviendrait au figuratif après la parenthèse abstraite présentée alors à la galerie du Parlement à Rennes. Et toujours une peinture au couteau comme l’ont pratiquée Courbet, Monet, Van Gogh pour ne citer que quelques grands. Contrastes, rendus de lumière, reliefs, matières, tout est là en un seul geste. Sanséau, c’est ça. La maîtrise de cette spatule faite depuis longtemps à sa main, de ces touches puissantes et assurées posant leurs empreintes sur la toile. À la fois la douceur des effleurements mêlée à la rapidité et la force des mouvements, à la fois peinture et sculpture, une vie saisie entre formes et couleurs. Sanséau, c’est ça. Le grand large. Des vagues déferlant sur le sable ou les quais, des coups de vent soufflant les cheveux, des silhouettes flottantes à deviner sur les plages. Il y a du feu dans ces couleurs, une énergie de survie dans ces touches épaisses. De la liberté surtout.
Mais Sanséau, ce n’est pas seulement la mer car il aura aussi sacrément parcouru notre terre ! Du Vietnam dont il a ramené des verts lourds et humides de forêts tropicales, au pays touareg du Niger, au Mali avec ses ocres désertiques et jusqu’en Nouvelle Calédonie, l’Europe en entier ou presque, autant donc, si ce n’est plus, que la totalité des océans. Il en a ramené des croquis, de nouvelles couleurs toujours coupantes. Il suffit d’aller sur son site pour voyager. Il repartira quelque part bientôt. Loin de tout confinement. Comment imaginer un seul instant abandonner les bars où s’entendent les histoires du jour sur le bien-fondé de l’existence dans un brouhaha de voix rauques ou pointues ? Comment accepter d’oublier l’horizon ? Oui, la Bretagne au monde, c’est bien ça aussi pour Christian Sanséau.
Galerie La Maison à Auray
En présence de l’artiste Vendredi, Dimanche, Lundi de 14h à 18h
Samedi 10h30-13h et 14h-18h
28 rue Saint Louis, Rennes
(1) Christian Sanséau, « Du figuratif à l’abstrait », « 15 ans, 15 artistes », Hopala ! La Bretagne au monde, avril-juin 2014, n°45, pp 82-87