Rennes. Douce ou la maternité dans le viseur de l’illustratrice Isabelle Lenoble

2873
douce Isabelle Lenoble

La Rennaise Isabelle Lenoble a récemment publié sur ses réseaux sa mini-série d’animation Douce. Pendant neuf épisodes de trois minutes, ce personnage haut en couleurs, beauf mais super cool, s’attaque au sujet, toujours un peu tabou, de la maternité. Trash, sans être vulgaire, chaque épisode a un goût de reviens-y qu’on adore. Rencontre.

Douce est une mère de famille de trois enfants, enceinte de son quatrième jusqu’au cou, un peu à côté de la plaque et totalement naturelle dans sa façon d’être. Totalement trash aussi, mais attachante. Elle rêve d’une chose : être une mère parfaite et une femme cool. Ce personnage reconnaissable avec son chignon vissé sur la tête, au visage sur-expressif, suit la Rennaise Isabelle Lenoble depuis pas mal de temps. « J’ai réalisé récemment que j’avais des petits crobards (croquis) d’elle qui datent de quand j’étais plus jeune », introduit la mère de Douce. « C’est le fameux personnage qu’on fait pour faire marrer les potes quand on est ado. » 

douce Isabelle Lenoble

Si Douce était plus tendre à ses débuts, elle a évolué sous les coups de crayon d’Isabelle au fil du temps. La mère de famille barrée a réellement commencé à prendre forme pendant sa première grossesse, mais la dessinatrice avoue avoir un malin plaisir à la dévergondée. Au-delà des changements graphiques, l’aspect polymorphe du personnage, qui change régulièrement de morphologie, permet à tout le monde de s’identifier. « Ça me plaisait qu’elle soit parfois dodue, parfois canon, parfois nulle, qu’elle soit comme nous toutes au final. »

« Ce n’est pas moi, mais c’est évidemment inspiré. Quand on s’approprie un personnage, on y met beaucoup de soi. »

douce Isabelle Lenoble

La mini-série contient neuf épisodes de trois minutes pendant lesquels on suit la vie de Douce et sa famille. « Ça fait marrer mes enfants, parce qu’ils se retrouvent parfois dans ma manière de construire les caractères des enfants. » Isabelle a pioché des traits de caractère présents chez eux pour façonner des personnalités fictives, mais proches d’une réalité. « L’épisode “Parcours Sup”, c’est mes deux fils en un », s’amuse-t-elle. « Les deux m’ont en effet sorti des dingueries à un moment de leur vie. »

Isabelle bouleverse les codes et aborde la maternité sans filtre. Avec son franc parler qui accroche dès le premier épisodes, aux allures d’un Homer Simpson féminin, Douce est un personnage politiquement incorrect, mais ne tombe pas dans le trash vulgaire gratuit. « Homer Simpson est un peu bête, dodu et sympa. Quand c’est sorti, il y a 35 ans, on n’avait pas de modèle féminin de ce type, un peu beauf mais cool », analyse-t-elle. « On en trouve davantage aujourd’hui, mais les personnages sont jeunes. Dans les séries, les nanas ont des pouvoirs, sont intelligentes et très cool. C’est pour contrebalancer avec une décennie de machisme, mais on ne trouve que ça. » En voulant faire des femmes parfaites, elles en deviennent lisses… « Ce n’est pas pour rien que dans les bonnes séries, les personnages principaux ne sont pas toujours les plus intéressants. Contrairement à elles, les secondaires ont peut-être plus de reliefs. » A chaque épisode, la voix singulière d’Estelle Meyer fait vivre le personnage et lui donne une belle justesse empreinte de réalité.

Le scénario montre l’intérêt d’Isabelle pour les dialogues. Irrévérencieuse à souhait, impactante et affreusement drôle, Douce attaque sa famille à coup de punchlines magnifiquement formulées, un délice. « Là où je suis plus à l’aise, c’est dans les dialogues. La mise en scène me vient au moment du story-board, je modifie aussi l’écriture », nous révèle-t-elle avant de donner un exemple. « Le chat est arrivé seulement à l’étape du storyboard, il n’existait pas pendant l’écriture. » Ce chat cartoonesque, l’animal domestique d’un peu tout le monde, apparaît dans l’épisode « On fait l’écho » et joue le rôle du perturbateur, tout en intégrant des éléments graphiques qui aident au rythme.

Si cet épisode du repas familial cartonne sur les réseaux, Isabelle, elle, a un petit faible pour « Je me suis fait manip », où Douce rend visite à son gynécologue (âmes sensibles s’abstenir), et « Tinder », la mère de famille enceinte y fait un date avec un inconnu après s’être inscrite sur l’application. « Peut-être parce qu’ils sont un peu plus décalés et dans l’imaginaire que ceux qui réunissent toute la famille. » A contrario, les épisodes qui touchent directement à la maternité ou la sexualité rencontrent moins de succès. « Dans la majorité des cas, je me moque plus du reste de la famille, les enfants sont tout aussi bêtes qu’elle. Quand je me moque surtout de Douce, les épisodes fonctionnent moins. » Tous les adultes y trouvent leur compte : les papas, eux, sont particulièrement touchés par l’épisode « Je file », dans lequel Douce donne son ventre à son mari pour s’offrir une soirée.

douce Isabelle Lenoble

Et vous, quel est votre épisode préféré ? Rendez-vous sur le compte Instagram pour découvrir les neufs épisodes gratuitement. Ils seront également diffusés sur TVR la chaîne.