Delphine Lecamp est née à Mont-Saint-Aignan en 1975. Diplômée des Beaux-Arts de Nantes, elle arrive à Rennes où elle trouve un endroit reculé qui devient son atelier avant d’apprendre, il y a 6 ans, que tout l’îlot était condamné à une requalification. Ni une ni deux, elle s’adresse à la Culture de Rennes afin d’obtenir de l’aide dans sa recherche, laquelle conduit la municipalité à lui proposer de lui vendre l’ancienne église Saint-Laurent des Vignes.
Delphine Lecamp perçoit immédiatement le potentiel de ce petit écrin désacralisé (tout autant que les voisins qui voyaient d’un mauvais oeil les velléités d’acquisition-destruction d’un gros promoteur rennais). Après deux ans de travaux, elle s’installe dans l’église où elle a conçu trois ateliers – dans le choeur et les deux transepts – et la nef comme lieu d’exposition. Après les artistes Samir Mougas et Angélique Lecaille, c’est au tour de Christelle Familiari de résider en ce moment dans l’un des ateliers.
Peu après, une amie artiste, Anita Gauran acquiert, 200 mètres plus bas dans la rue, une toute petite chapelle familiale d’une vingtaine de m2. Construite en 1866, elle a été ouverte au public avant de tomber dans l’escarcelle de la Ville. Anita est en train d’effectuer les travaux pour la rendre viable et y installer son atelier.
Toutes deux devenues locum tenens et sacristines ars in ecclesia, Anita Gauran et Delphine Lecamp ont créé de conserve une association nommée « Noir Brillant » qui s’emploie à mettre à profit leurs deux lieux-patrimoines. Les futures invités de Noir Brillant : un collectif berlinois qui produira une installation immersive in situ.
Autre tranche de travaux qui attend Delphine : la réhabilitation du clocher afin d’y accueillir un artiste en résidence. En attendant, dès janvier 2025, les deux ateliers sont disponibles pour deux ans renouvelables une fois. 300€ par mois les 27m2. Si vous, lecteur ou lectrice, êtes intéressé.e, vous pouvez prendre contact par courriel avec Delphine ou l’association (voir plus bas)
U – Delphine Lecamp, que ressent-on à vivre, travailler et créer dans une église ?
Delphine Lecamp – c’est impressionnant au début ! Car c’est tellement chargé d’histoire et de sacré qu’on s’y sent tout petit petit. Et puis on commence à travailler, à sculpter ; des lors, on s’aperçoit que ce ne sont que de bonnes ondes. On découvre alors avec joie et reconnaissance qu’on va s’y sentir très bien, au profit de l’expression de ses intentions et intuitions créatrices.
U – Question triviale, mais pratique : comment faites-vous en hiver ? Comment vous chauffez-vous ?
Delphine Lecamp – Pour l’instant je ne chauffe que les parties isolées dont les ateliers. Je vais bientôt installer un poêle à bois mais pour l’instant je me limite à chauffage d’appoint (bain d’huile).
U – Comment le proche environnement des habitants a-t-il vécu votre arrivée et la transformation des lieux ?
Delphine Lecamp – Comme la plupart des voisins craignaient que l’Église ne disparaisse, ils sont heureux de constater que je donne une nouvelle vie au lieu ! J’ai beaucoup de voisins qui viennent visiter les expositions quand c’est ouvert ; beaucoup reviennent : c’est dire s’ils soutiennent le projet.
U – En termes de pratique artistique, votre casquette, c’est le métal, n’est-ce pas ?
Delphine Lecamp – oui on peut dire ça comme ça, le métal c’est aussi ma matière grise ! (rires) [NDLR : Delphine est en train de produire une vaste série de casquette en métal]
U – Comment présenteriez-vous l’exposition qui était accessible durant les deux jours des Ateliers portes ouvertes ?
Delphine Lecamp – Nous avons juste profité de l’occasion pour mettre en place une exposition qui surprenne les visiteurs par son économie de budget : des pièces déjà existantes faciles à installer et qui résonnent les unes avec les autres avec ce lieu unique. Il y avait Marine Bouilloud et sa peinture « Sweet », Quentin Montagne et son collage « The Lost World », Olivia Étienne et sa grande peinture ovale, Briac Leprêtre et son moulage en résine acrylique, Julien Duporté et ses spaghettis en bois massif « Loop » et Rika Tanaka et ses sculptures « Colonnes pour Ananas ».
Pratique
Adresse de l’Église : rue de Saint Laurent 35700 Rennes
Adresse de la Chapelle : 319 avenue G.S.Patton 35700 Rennes
Contact de Delphine Lecamp :
lecamp.d@gmail.com
Contact Noir Brillant :
noirbrillant.asso@gmail.com