Au Tambour de l’Université Rennes 2, jeudi 28 mars 2024, l’Ensemble Chakâm fera résonner les cordes du târ, du qanun et de la viole de gambe dans des musiques d’inspiration persane et arabe. Le trio, lauréat du Prix des Musiques d’ici 2023, propose des compositions et arrangements modernes à la croisée des instruments et des cultures.
Sur la scène du Tambour à l’Université Rennes 2, jeudi 28 mars 2024, trois musiciennes, trois instruments, une voix qui s’élève dans la salle. L’Ensemble Chakâm performe. Il offre à l’écoute des compositions personnelles mêlées à des improvisations mélodieuses selon les codes du radif (le répertoire traditionnel de la musique classique iranienne) et du maqam (forme d’improvisation vocale ou instrumentale).
Sogol Mirzaei, la fondatrice du groupe, est interprète de târ et de setâr, deux instruments de la famille des luths persans à manche long. « Mon père avait acheté un setâr pour apprendre à en jouer, mais c’est finalement moi qui ai appris avec », confie-t-elle. « Ensuite je suis allé au conservatoire avant de venir en France pour continuer des études en musicologie ». C’est là qu’elle lance ses projets musicaux : parmi eux, l’Ensemble Chakâm. Le groupe est fondé en 2014 avec deux autres iraniennes, avec comme but initial de célébrer la musique traditionnelle et instrumentale de l’Iran. La distance géographique qui sépare les trois musiciennes oblige cependant le groupe à se repenser.
La musicienne rencontre alors Christine Zayed, interprète de qanun (instrument à corde de la famille des cithares) et de musique classique arabe et palestinienne, et Marie-Suzanne de Loye, interprète de viole de gambe (instrument à corde cousin du violoncelle) et adepte de la musique baroque, autour d’un autre projet. La première, née dans une famille mélomane de Palestine, a poursuivi des études en création musicale et sonore en France. La deuxième, quant à elle française, s’intéresse également à la création du son au cours de ses études en musicologie au conservatoire et à la Sorbonne.
Cette rencontre donne lieu, en 2019, à une nouvelle formation de l’Ensemble Chakâm. Contrairement au premier trio, les trois musiciennes souhaitent travailler sur une autre esthétique avec leurs propres compositions. « Nos compositions ont été influencées par nos traditions, mais elles sont personnelles », précise Sogol Mirzaei. « Nous avons par exemple deux chansons traditionnelles, mais elles sont ré-arrangées ».
Intéressées par la création musicale, elles apportent chacune leur pierre aux compositions portées par les trois instruments à corde, tout en cherchant à innover. « C’est très important pour nous de dépasser les limites et les habitudes qu’on a avec les instruments et le répertoire qu’on connaît ». Marie-Suzanne de Loye, l’interprète de la viole de gambe, a pour sa part ajouté des frettes, qui fixent la hauteur des sons, pour s’accorder au târ de Sogol Mirzaei et au qanun de Christine Zayed.
Le constat entre les musiciennes est partagé : « la musique est passionnante. On apprend, on apprend tous les jours », déclare Sogol Mirzaei, le sourire aux lèvres. Chacune, avec sa personnalité et son instrument, se déplace légèrement dans ses habitudes afin de sublimer le morceau, « on cherche toujours à trouver l’agencement qui soit le plus au service du morceau », ajoute Marie-Suzanne de Loye.
Influencé par des traditions classiques rigoureuses, le trio laisse tout de même la place à des moments d’improvisation afin de créer des réalisations personnelles et modernes. « La tradition n’est pas une sorte de sanctuaire figé, elle est constamment en re-création selon les instruments et les corps qu’on a », affirme Marie-Suzanne de Loye. « Ce n’est pas un objet du passé, coupé de nous ».
Le groupe constate – avec joie – l’émotion véhiculée face aux publics. « Sur scène, on se sent comme une communauté où nous avons tous vécu la même chose, nous en tant que musiciennes et les auditeurs en tant que public », confie Sogol Mirzaei. Et Marie-Suzanne de Loye de répondre en riant : « c’est vrai que quand tu réfléchis au fait qu’une salle entière s’est déplacée pour venir t’écouter, c’est quand même bizarre ».
L’Ensemble Chakâm a enregistré son premier album et une date de sortie sera ultérieurement annoncée. Le groupe se produit à l’Université Rennes 2 dans la salle du Tambour le 28 mars 2024 à 20h.
Infos pratiques :
Ensemble Chakâm,
28 mars 2024, 20h
Université Rennes 2, Campus de Villejean, Le Tambour (accessible PMR)
Tarifs : 15€ / 5€ / SORTIR ! 3€
Gratuit pour les étudiant·es des universités de Rennes