La Maison des femmes Gisèle Halimi, lieu d’accueil, d’écoute et de soins pour les femmes victimes de violences, ouvre vendredi 23 novembre 2023 sur le parvis de l’hôpital Sud, dans le quartier du Blosne. Les initiateurs du projet – la Ville de Rennes, l’association Asfad et le CHU – ont fait visité le lieu accueillant et sécurisant à guichet unique, structure unique dans le Grand Ouest, vendredi 17 novembre.
Inaugurer la Maison des femmes Gisèle Halimi est un moment fort pour Rennes et sa population, symbole du combat que la ville mène dans le but de lutter autant que faire se peut contre ce sujet toujours tristement d’actualité, fléau qui perdure depuis trop longtemps. Vendredi 17 novembre 2023, en milieu de journée, une foule de journalistes, professionnels de santé et partenaires du projet se sont donné rendez-vous sur le parvis de l’Hôpital Sud, dans le quartier du Blosne. Devant eux se dresse le bâtiment de la nouvelle maison des femmes de Rennes qui ouvrira jeudi 23 novembre prochain. Elle porte le nom de Gisèle Halimi (1927-2022), en l’honneur de l’avocate, militante féministe et femme politique franco-tunisienne.
Le Ministère de l’Intérieur a publié, le 16 novembre 2023, les chiffres des violences conjugales enregistrées par les services de sécurité en 2022 : 244 301 victimes, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2021. Il s’agit principalement de violences physiques faites à des femmes, causées par des hommes.
Dans l’agglomération rennaise, les études ont révélé une augmentation de 35,7 % de ces violences entre 2021 et 2022. 87 % de ces victimes sont des femmes. Tous les ans, plus de cent femmes sont assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint. On décompte déjà 92 féminicides depuis le début de l’année 2023. Regardons en face ce mal qui gangrène la France, comme le reste du monde, comme l’hexagone le fait depuis 2017, année où la lutte contre cette aberration de la société a été érigée en grande cause nationale. Cependant, les chiffres ne cessent de croitre. « Malheureusement et tragiquement, à chaque féminicide, il y a souvent le reflet de défaillances collectives par rapport à l’accompagnement actuel », introduisait la maire de Rennes, Nathalie Appéré, dont ce combat était un des engagements de sa compagne électorale 2020, lors de la présentation de projet en novembre 2022.
Portée par le CHU de Rennes, l’association rennaise Asfad et la ville de Rennes, avec le soutien de très nombreux partenaires, institutionnels, financiers et associatifs, la Maison des femmes Gisèle Halimi offre une réponse complète à l’ensemble des besoins des victimes, tout en simplifiant les démarches. Elle complète les autres initiatives existantes sans s’y substituer. L’équipe travaillera en partenariat avec les associations du territoire qui collaborent déjà à l’échelle départementale. + 15 partenaires publics, privés et associatifs dont déjà engagés aux côtés de la Maison des femmes.
Refuge gratuit et confidentiel, elle est ouverte de manière inconditionnelle à toutes les femmes victimes, peu importe leur lieu de résidence. Elle accueille toutes les femmes, avec ou sans enfant, qui subissent ou ont subi toutes formes de violences : sexuelles, intrafamiliales, conjugales, de soin, au travail, harcèlement ou prostitution.
Le bâtiment est divisé en trois unités afin de répondre à tous les besoins : « centre de santé sexuelle et d’interruptions volontaires de grosse (IVG) », « violences conjugales; sexuelles, dans les soins, inceste et harcèlement », « mutilations sexuelles féminines ».
Sont réunis en un seul lieu tous les praticiens (psychologue, psychiatre, kinésithérapeute, gynécologue-obstétricienne, médecin légiste, sage-femme, etc.) et les professionnels qui concourent à la prise en charge et à l’accompagnement de ces femmes sur le plan sanitaire, psychique, médico-social et sexuel. « L’ensemble des compétences existait déjà au CHU et répondait à ce besoin de prise en charge médicale et soignante, psychologique et médico-sociale », déclarait Véronique Anatole-Touzet, directrice générale du CHU de Rennes, lors de la présentation du projet en novembre 2022. « L’objectif avec la Maison des femmes est de pouvoir offrir une meilleure coordination de cette prise en charge sanitaire ».
Au-delà du volet médical, une importante unité sociale a aussi été mise en place. « Prendre en charge des femmes victimes de violences c’est avoir le souci, la possibilité et les moyens de répondre à trois besoins fondamentaux : une écoute libre et bienveillante ; c’est aussi permettre à la personne qui recueillera la parole d’analyser et d’orienter l’accompagnement, le plus pertinent qu’il soit », indiquait Christiane Guillouzo, présidente de l’association rennaise Asfad, qui soutient depuis 1969 les femmes en difficulté, notamment dans le cadre des violences conjugales.
La Maison des femmes Gisèle Halimi souhaite également accompagner les femmes, qui ont perdu l’estime de soi, l’amour de leur corps et qui ont un long cheminement à parcourir pour retrouver la force d’agir, à retrouver un équilibre profond. « Le troisième point, est le besoin de réacquérir, voire de reconquérir, une autonomie sociale et personnelle, ça passe par connaître et récupérer ses droits. » Pour les plus vulnérables, il s’agit de trouver un logement et connaître les aides pour organiser le quotidien.
La Maison des femmes apporte une réponse globale dans un seul lieu pour que les femmes n’aient pas à faire toutes les démarches seules, mais que les professionnels collaborent pour un meilleur accompagnement : blessures physiques, psychotraumatisme, impact sur la santé gynécologique et sexuelle, pathologies psychiatriques et addictives, perte de confiance, isolement, impact sur la santé périnatale, fragilité sociale et professionnelle, pathologies chroniques, conséquences sur la santé des enfants. Maëlle de l’Asfad précisait en 2022 : « Un des besoins les plus forts qui a été exprimé pendant les témoignages est le besoin de prendre soin de soi et du temps pour soi, et le fait d’être accueillie et écoutée par des professionnels formés qui peuvent avoir les outils pour les aider à sortir de leur parcours de violence. » Des ateliers psychocorporels, des groupes de parole, mais également une permanence juridique et judiciaire, ainsi qu’une aide à l’insertion professionnelle et de retour à l’emploi sont proposés pour un accompagnement transversal.
Un accueil du jour est ouvert du lundi au vendredi, avec ou sans rendez-vous. Il comprend un espace dédié aux enfants, une cuisine équipée, une buanderie et une pièce ressources dans laquelle les femmes qui arrivent, souvent en grande détresse, peuvent se reposer et reprendre leurs esprits, avant d’expliquer leur raison de leur présence ici.
La maison héberge aussi la ligne téléphonique départementale de la plateforme de lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales (0299544488). Accessible 24h/24 et 7j/7, elle sera tenue par l’équipe de la maison des femmes Gisèle Halimi du lundi et vendredi puis par une équipe de l’Asfad de Lorient le week-end.
Accessible en transports, le lieu ne sera pas ouvert seulement sur les horaires de bureau, mais aussi en soirée et le weekend. L’équipement a été pensé comme un lieu thérapeutique et ressource doté d’espace de vie et de repos. Bien que ce ne soit pas un lieu d’hébergement, les femmes auront la possibilité d’y déposer des affaires, laver leur linge ou encore se faire à manger.
Par la suite, la Maison des femmes déménagera sur le site de Pontchaillou, une fois les activités de l’hôpital Sud accueillies au CHU.
La Maison des Femmes Gisèle Halimi en chiffres :
2 niveaux
653 m2 de surface de plancher totale
13 bureaux médicaux, d’entretien social, psychologique et de permanences
1 salle d’activité
1 salle de convivialité au sein de jour
197m2 d’espaces extérieurs
Mais aussi des espaces pensés pour les enfants et des espaces extérieurs accueillants
Si vous êtes victime de violences conjugales, vous pouvez joindre le 3919 ou le 114 par SMS.