L’exposition Invisibles est à découvrir au FRAC Bretagne dans le cadre d’Exporama, jusqu’au 16 novembre 2025. À partir de la série britannique The Invisible Man (1958), l’exposition interroge les formes contemporaines d’invisibilisation — sociales, raciales, politiques ou encore écologiques.

L’exposition s’inspire de la série britannique The Invisible Man (1958), dans laquelle le physicien Peter Brady devient accidentellement invisible à la suite d’une expérience. Pourtant moins visible, il n’agit pas moins et opte pour une forme d’intervention discrète. L’exposition s’appuie sur l’idée d’une présence en creux, présente dans la notion de fugitivité exploitée par le poète et penseur Fred Moten. Selon lui, il ne s’agit pas d’un retrait, mais du refus de se laisser capturer par les normes dominantes. Des formes de vie collectives et improvisées s’inventent alors depuis les marges, en résistant sans se révéler. Être invisible, c’est parfois survivre autrement en créant depuis l’ombre.
Parmi les artistes choisis, Scarlett Coten, après « Mectoub » (2012-2016) et « Plan américain » (2017-2019), expose La disparition de James Bond, le dernier chapitre de l’ensemble M. Cette série de photographies rend visible les hommes (désignés comme tels à la naissance) s’affranchissant du modèle traditionnel du genre et de la masculinité. Ils posent en portant des vêtements, accessoires et maquillage féminins. L’artiste souhaite mettre en avant l’habillement comme moyen d’expression et d’émancipation.

Par ailleurs, The school of mutants (Collectif formé par Stéphane Verlet Bottéro, Hamedine Kane, Lou Mo, Valérie Osouf, Boris Raux) présente l’installation Tous les morceaux de la parole reviendront par ici pour se raccommoder entre eux (2022). C’est une réplique de la scène principale du film Bamako d’Abderrahmane Sissako (2006). Il s’agit d’un procès fictif de la Banque mondiale et du FMI dans la cour de sa maison d’enfance qui donne une voix aux victimes de l’ultralibéralisme dans les pays du Sud. L’installation combine des sculptures en bois, des chaises peintes, des éléments textiles, des livres, des céramiques, des objets et une pièce sonore atmosphérique. Cette installation rend visible et fait entendre une partie de la population marginalisée par le système économique mondial.

Ainsi, les invisibilités abordées par l’exposition sont aussi bien sociales que politiques ou écologiques. Elles touchent une large part de la population mondiale marginalisée et peu représentée en raison de leur genre, origine, condition sociale, santé, âge, etc.
Ces invisibilisations entraînent un repli sur soi ou de la méfiance et de la haine de l’autre. Pour les rendre visibles, l’exposition explore les formes de disparition imposée des corps, des voix, des territoires et met en lumière ce qui persiste dans les marges : des gestes discrets, des présences fragmentaires, des récits étouffés.
Artistes exposés: Zoé Aubry, Lounis Baouche, Robert Barry, Mohamed Bourouissa, Denis Briand, AA Bronson, Tania Candiani, Carolina Caycedo, Scarlett Coten, Julien Creuzet, Roland Fischer, Hreinn Friðfinnsson, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Estelle Hanania, Jacob Holdt, Hao Jingban, Sharon Kivland, Latifa Laâbissi, Letizia Le Fur, Hervé Le Nost, Mehryl Levisse, Anna López Luna & Mounir Gouri, Maha Maamoun, Basir Mahmood, Barbara McCullough, Julieth Morales, Benoît Piéron, Sequoia Scavullo, Marion Scemama & David Wojnarowicz, Ahlam Shibli, Malick Sidibé, Maryam Tafakory, The School of Mutants, Yves Trémorin.
Infos pratiques :
Frac Bretagne: 19 Avenue André Mussat, Rennes, France Villejean, Beauregard, Rennes 35000
Du 21 juin au 16 novembre, du mardi au dimanche, de 12h à 19h.
Tarifs : Plein : 3€, réduit : 2€. Gratuit tous les dimanches.