En Bretagne comme à Valparaíso au Chili, Jim Delémont alias Jimeno invite les spectateurs à rejoindre son univers singulier. L’artiste explore l’espace temps en mélangeant passé, présent, futur pour créer un monde parallèle, parfois étrange. Jimeno mène une réflexion sur ce qu’est notre histoire et ce que pourrait être notre réalité politique et culturelle.
Unidivers a profité de la courte exposition Évasion vers un futur oublié, à la l’Orangerie du Thabor du 14 au 20 juillet 2025, pour rencontrer Jimeno et en savoir plus sur son univers et ses réflexions artistiques. Inspiré à la fois par l’Art nouveau (mouvement des XIXe et XXe siècles) et une ambiance futuriste, l’artiste nous fait entrer dans un monde parallèle où les limites de l’espace temps deviennent floues.
Depuis 2021, Jimeno partage enseignement de lettres modernes et pratique artistique en Bretagne et à Valparaíso au Chili. Il découvre la méthode de la gravure pendant ses années lycée, alors qu’il est en option Arts Plastiques. Bien qu’elle lui plaise, il poursuit son parcours dans les sciences humaines… Au cours de ses études à Sciences Po Rennes, il effectue un échange au Chili où il découvre la ville de Valparaíso et sa tradition de gravure, ce qui le replonge dans cet art.
Si Jimeno aime la gravure, il ne se limite pas à une seule approche : en entrant dans l’exposition Évasion vers un futur oublié, on constate qu’une caméra et une chouette nous observent ; qu’illustrations mystérieuses, horloges et autres objets chinés se côtoient. Bien qu’à première vue le mélange semble étrange, l’ensemble est bien pensé. « Je joue sur une double temporalité passé-futur afin de créer le témoignage d’un univers parallèle, semblable au nôtre, mais un peu détraqué », explique Jimeno. Il aime jouer avec toute sorte de dichotomies et de contrastes : imaginaire, cauchemar et réalité, monochromes noir ou bleu et couleurs vives. L’artiste s’adapte également à chaque lieu d’exposition : les angles dans l’architecture de l’Orangerie du Thabor contrastent avec les courbes et les couleurs du parc tout comme ses gravures et ses aquarelles.
Tous ces contrastes créent un nouveau monde, mais aussi une réflexion sur notre propre réalité. La performance du 14 juillet et la gravure qui en résulte, « Et si Marianne était vilaine ? », mettent par exemple en scène une Marianne queer, interprétée par la Drag Queen Anne-Marie Kondom accompagnée par la harpiste Jeanne Toutous, dans un paysage sonore composé par Dante Mendel. Dans l’exposition Évasion vers un futur oublié, l’affiche de l’événement se confrontait à des archives de la Seconde Guerre mondiale et de la France de Vichy. Avec la performance, Jimeno voulait installer la narration de l’exposition en voyageant dans le temps : « La performance questionne ce qu’il reste de la République et ce qui en a été fait dans l’Histoire. Elle invite à réfléchir à comment se la réapproprier en jouant avec ses symboles. »
Si Jimeno a une explication à la création de ses mélanges, il ne souhaite pas les écrire à côté de chaque élément exposé : « Selon ses propres références et vécus, chacun peut avoir des lectures différentes en se plongeant et s’appropriant cet univers. »
Jimeno n’est pas à retrouver uniquement dans des galeries : il effectue des performances dont des collages d’affiches dans les rues. A ces illustrations, il aime également mêler d’autres arts comme la musique lors de ses performances partagées avec les musiciens Ayelén Nahuel, Dante Mendel et Jeanne Toutous en 2025.
Le 26 juillet et le 24 août 2025 vous pourrez le rencontrer lui et d’autres artistes au Petit marché de l’illustration. Le café librairie le Bateau Livre à Haut-Pénestin (Morbihan) est l’endroit idéal pour passer un bon moment d’échange culturel