La compagnie britannique Architects of Air, conduite par Alan Parkinson, existe depuis 1992 et s’est spécialisée dans la conception et la création de luminarium. Leur dernière œuvre en date se nomme Katena et se dévoile en avant-première mondiale au parc du Thabor dans le cadre des dimanches à Rennes du 8 au 15 mai. Alan Parkinson a accepté de nous dévoiler les mystères de cet étrange et sensuel espace de lumière.
Tous attendent avec une légitime impatience le montage de la fameuse structure, le luminarium qui sera à n’en pas douter une des animations les plus fascinantes des tombées de la nuit. Curieux d’en savoir plus, c’est en Angleterre qu’il a fallu rechercher Alan Parkinson pour mener avec lui une discussion à bâtons rompus et en savoir plus sur ce créateur passablement hors norme. C’est pourtant un homme modeste et très sympathique que nous avons rencontré, il s’est plié avec un doigt d’humour et beaucoup de bonne grâce au jeu des questions-réponses.
Confessions d’un fils de l’air et de la lumière
Unidivers : Bonjour, Alan, est-ce dès votre plus jeune âge que vous avez ressenti cette fibre artistique ?
Alan Parkinson : pas vraiment, je dois même dire que je n’ai pas tiré de l’école tout le bénéfice que j’aurais pu en tirer, mais voilà je ne m’y sentais pas complètement à l’aise.
U. : Alors comment êtes-vous devenu Alan Parkinson ?
Alan Parkinson : Cela a demandé pas mal de temps et avant de me lancer dans la création artistique, j’ai travaillé près de douze ans dans différentes entreprises et sur des chantiers, cela n’a pas été la période la plus facile, le travail était dur, mais j’ai été sauvé par mon intérêt pour le domaine de la photographie.
U. : Cela a été le début d’une nouvelle carrière ?
Alan Parkinson : Véritablement oui, la photographie exige une vraie compréhension de la lumière, cette expérience m’est très utile maintenant et je la transpose dans mes créations. Aussi à l’époque j’ai pris des cours, et je suis devenu ensuite professeur de photographie pendant plusieurs années.
U. : Vous dirigez une association appelée Architects of air, parlez nous-en un peu.
Alan Parkinson : Je ne suis pas égoïste, mais je la considère un peu comme mon association, j’ai commencé tout seul, en 1992, avec une modeste structure fabriquée par des condamnés et un minibus que je conduisais. Maintenant nous sommes 27 personnes si l’on excepte quelques intervenants extérieurs.
U. : Alors à cette époque cela se passait comment d’un point de vue pratique ?
Alan Parkinson : Comme je l’ai dit, seul avec une structure unique, mais ce qui comptait c’était d’intervenir dans un cadre social, je faisais cela pour créer des animations pour les enfants pauvres et pour des adultes handicapés, j’étais essentiellement animé par un esprit de partage, d’ailleurs tout cet apprentissage, cette formation, cela c’est déroulé dans un but caritatif.
U. : D’accord, je commence à y voir plus clair, alors comment s’est opérée l’évolution vers les structures très importantes que nous connaissons maintenant ?
Alan Parkinson : C’est presque drôle à dire, mais voyez-vous cette structure créée par des condamnés était assez loin d’être parfaite, à vrai dire elle était très mal conçue avec tout ce que cela suppose, j’ai donc du me creuser la tête pour surmonter ces imperfections, de nouvelles idées ont engendré de nouvelles réalisations et de fil en aiguille… vous voyez, c’est aussi simple que cela.
U. : Assez bien oui ! Votre nouvelle performance est intitulée Katena, on pense immédiatement au mot grec pour chaîne, comme au mot espagnol cadena qui a le même sens, ce n’est pas un hasard n’est-ce pas ?
Alan Parkinson : Bien vu ! Katena nous ramène dans le monde de l’exploration visuelle. Je suis passionné d’architecture et la courbe caténaire est celle produite par une chaîne suspendue. Ce système a été utilisé par plusieurs architectes, en particulier Antonio Gaudi lors de la construction de sa fameuse Sagrada Familia. Il en avait fait une maquette inversée, pendue au plafond, afin de mieux visualiser les fameuses courbes, je vous en enverrai une photo.
U. : La dimension humaine qui transparaît dans vos réponses, a-t-elle toujours sa place dans ce qu’est devenu Architects of air ?
Alan Parkinson : Absolument, même si c’est une entreprise avec ses obligations, le premier point qui est une condition sinequanone est que les personnes handicapées puissent y circuler aussi aisément que possible. Cela a toujours été une préoccupation. Il y a pas mal d’années de cela, j’avais construit une structure en labyrinthe et fonctionnais avec une compagnie de théâtre. À ce moment-là, nous circulions avec les adultes handicapés dans une construction à cinq coupoles que j’avais appelée Eggopolis, allusion à la forme des œufs, au cours de cette déambulation, nous nous arrêtions pour de petits spectacles à l’intérieur.
U. : Parlez-nous de ce qui nous attend à Rennes au parc du Thabor…
Alan Parkinson : Avec les années 60 on a vu l’apparition de nouvelles matières plastiques, cela correspond à l’avènement de nouveaux artistes, particulièrement des Américains, des Anglais et quelques Espagnols. À l’époque ils ont commencé à construire des structures dans lesquelles ont pouvait circuler, je ne prétends pas faire quelque chose de totalement novateur, mais dans mon cas il s’agit plus d’explorer les possibilités qu’offre l’architecture islamique.
U. : Mais encore ?
Alan Parkinson : J’aime beaucoup les formes géométriques, je compare volontiers mon approche à celle d’un ingénieur, je pense une structure, puis j’y intègre des formes cylindriques ou sphériques qui se rapprochent de l’architecture islamique. Bien entendu les toiles utilisées et leurs qualités spécifiques me permettent de jouer avec les couleurs, les transparences. Ce que vous verrez au Thabor c’est un peu la quintessence de tout cela.
U. : Aurons-nous l’occasion de vous y rencontrer ?
Alan Parkinson : Non et vous répondre cela c’est une vraie frustration, j’aurais beaucoup aimé y être pour assister au montage et récolter les impressions des visiteurs, mais une importante obligation familiale me retient aussi je délègue un homme expérimenté qui a gagné ma confiance grâce à près de 15 ans de collaboration, si vous voulez tout savoir aller rencontrer mon ami John Gatt qui supervisera l’installation.
U. : Au fait, malgré la taille de vos installations, le soir elles sont dégonflées ?
Alan Parkinson : Oui, tout simplement, comme cela on peut partir et passer des nuits reposantes sans se soucier des problèmes que pourraient causer le vent ou d’autres intempéries.
U. : Alan, permettez nous d’être indiscret, qu’est que c’est que cette obligation familiale qui nous empêchera de vous rencontrer ?
Alan Parkinson : (rire) L’anniversaire de ma femme !!! alors bien sûr..
U. : Message reçu ! Présentez-lui tous nos vœux !
Dates : Du 8 au 15 mai.
Lieu : Parc du Thabor / Carré Duguesclin.
Horaires : 8/11/14/15 mai de 12H30 à 20H00 et 9/10/12/13 mai de 16H00 à 20H00.
Tarif : 3 € (billetterie sur place, sans réservation)
Le luminarium est accessible aux fauteuils roulants.
Les enfants de moins de 16 ans doivent être accompagnés d’un adulte.
Un luminarium est une sculpture gonflable monumentale où se rencontrent l’artistique et l’ingénierie. Le public est invité à s’immerger dans la sculpture pour une expérience sensorielle suscitée par la beauté des formes, des couleurs et des lumières. Les visiteurs retirent leurs chaussures avant d’entrer puis peuvent librement déambuler, s’asseoir, s’allonger et apprécier l’ambiance du luminarium.