Mélodie Mô et Gurvan L’Helgoualc’h donnent rendez-vous au TEDxRennes au Triangle – Cité de la danse, vendredi 7 novembre 2025. La slameuse ouvrira le bal en jouant une partie de son spectacle Libres ! avant de présenter trois intervenants en slam. Unidivers l’avait rencontrée en novembre 2024 à l’occasion de son passage au Tambour, à l’Université Rennes 2.
Comédienne depuis 20 ans, mais aussi cascadeuse, Mélodie Mô est arrivée en terre bretonne pour un casting. Comme beaucoup, la capitale bretonne l’a happée et la vice championne eq. de slam n’est plus repartie.
« Mô, c’est l’action, c’est pour libérer les femmes et se donner de la force, aller contre les interdictions », déclare-t-elle au sujet de son nom de slameuse. Habituée à écouter le slameur Grand corps malade et les rappeurs Gaël Faye ou Kerry James, Mélodie Mô a commencé le slam, « claquer » en anglais, en 2018. « Le slam à la base, c’est ta voix, ton corps, trois minutes. Tu n’as pas de musique, tu n’as rien. » Elle trouve dans cette forme de poésie engagée le moyen de s’exprimer, en écrivant des textes seule, sur des sujets qui lui tiennent à cœur. « C’est une poésie qui est pour moi organique, ventrale, avec des mots qui claquent, du rythme. » Conquise par cet art, la comédienne a d’abord écrit un texte sur une femme bretonne qui l’inspirait depuis longtemps, Jeanne de Belleville, la première corsaire de Bretagne (lire notre article).
Très vite, « la FabricA du festival d’Avignon me commande un spectacle alors qu’il n’est pas créé », explique-t-elle dans un rire. Mélodie souhaite alors travailler avec un musicien afin de donner une tonalité différente à son concert de slam, pour ne pas qu’il soit trop « rébarbatif ». Elle trouve en Gurvan L’Helgoualc’h, avec qui elle a déjà travaillé, le partenaire idéal. Le musicien vient des musiques électroniques, mais aussi des musiques du monde, une orientation musicale qui résonne avec les différentes origines des femmes racontées par Mélodie. « Il pouvait apporter des couleurs différentes à chacune d’entre elles », souligne-t-elle avant de continuer : « Pour Bessie Colleman, une aviatrice afro-américaine, il a trouvé des chants de mineurs qui frappent la pierre et chantent en même temps, qu’il mixe avec de l’électro ».
Dans la même veine que la bande dessinée Les Culottées de Pénélope Bagieu, LibrEs ! sublime des personnalités méconnues, voire inconnues, qui ont touché Mélodie Mô. Entre archives, documentaires et ouvrages, elle est guidée dans ses recherches par l’envie de créer des portraits inspirants de femmes issues d’un milieu qu’elles ont quitté pour diverses raisons. « Ça m’intéressait aussi qu’elles aient réussi leur but malgré toutes les entraves. » Sur scène, le public rencontrera Lucia Rijker, une des premières boxeuses, toujours en vie, qui a remporté les 54 combats qu’elle a effectués durant sa carrière. « Elle ne pensait pas qu’à la boxe, elle était bouddhiste et parle de la visualisation. Elle combattait, mais toujours avec respect pour ses adversaires. » Puis, la résistante Virginia Hall, « l’ennemie numéro un d’Hitler » et une des premières femmes à entrer à la CIA. « Elle avait la particularité d’avoir une jambe de bois ».
« Je veux vraiment respecter leur parole, je reprends leurs mots dans mes slams », exprime t-elle. « J’aime tellement ces femmes. » Pour cette raison, elle a souhaité contacter les personnes concernées encore vivantes afin de connaître leur avis. « Lucia Rijker a lu le texte et a validé », sourit-elle.
Si l’artiste tient autant à ces figures, c’est qu’en filigrane le spectacle parle aussi un peu d’elle. « J’essaie de diversifier, mais ce sont des femmes fortes, combattantes, des aventurières. » Que ce soit dans les films ou les livres, Mélodie n’a en effet jamais voulu être la femme à côté, vous savez celle qui attend patiemment le retour de son amour parti livrer bataille ou celle qui meurt dès les premières minutes, point de départ de l’action. La comédienne et cascadeuse préfère s’imaginer en Indiana Jones et Gladiator, veut les rôles de Jason Momoa (Games of Thrones, Aquaman, etc.). En mettant sur le devant de la scène ces personnalités puissantes et combattantes, mais pas seulement, la slameuse souhaite transmettre un message de courage et impulser une envie de combativité à toutes les générations. « C’est dû à l’éducation, mais les filles ont souvent plus de mal à aller à l’aventure. Dans le slam, beaucoup de filles se trouvent dans les scènes ouvertes, mais elles s’effacent dès qu’il s’agit de la compétition parce qu’elles ne savent pas trop où se placer, même si le milieu reste très ouvert comparé à d’autres », analyse-t-elle. « Mais si ton truc, c’est la douceur, fais-en une force », à l’image de la surfeuse qu’elle présente dans le spectacle.
Si ces figures ne trouvent pas encore leur place dans les programmes scolaires, il existe des artistes comme Mélodie Mô pour leur redonner vie et faire naître dans les yeux de chaque fille ou femme cette petite étincelle dont chacune a cruellement besoin. « Un jour, une auxiliaire de vie est venue me voir à la fin du spectacle, avec l’homme qu’elle accompagnait, pour me dire qu’il lui avait donné envie et de la force, mais qu’elle ne se sentait pas aussi incroyable qu’elles », raconte-elle. « Mais elle est auxiliaire de vie, rien que son travail est incroyable ! Entendre ces mots lui a redonné confiance. » Quand on leur montre que tout est possible, quand on leur permet de croire en elles, elles peuvent faire des miracles.

Au TEDxRennes, la slammeuse jouera une de ces femmes libres qu’elle chérit en ouverture de soirée, avant de donner le tempo en faisant la voix off, et en présentant trois intervenants. « Ça me tenait à cœur de présenter une partie de mon travail autour des femmes libres », a t-elle exprimé quand Unidivers l’a contactée à ce sujet.
Infos pratiques :
TEDX Rennes vendredi 7 novembre 2025, à 19h
Billetterie
Le Triangle, Boulevard de Yougoslavie
35200 Rennes
