Rennes. Madeleine Adore, la mode upcyclée pour femmes

madeleine adore
Carole Rabiniaux et Julia Nadesane-Castagnier.

Madeleine Adore est une marque textile rennaise lancée en 2020. Sa créatrice, Carole Rabiniaux, confectionne des vêtements pour femmes à partir de pièces de seconde main. Surfant sur la vague de l’upcycling, elle propose une alternative à la fast fashion mêlant bonnes résolutions écologiques et fabrication en circuit court, sans oublier élégance et style.

Radio allumée, Carole Rabiniaux s’affaire dans son atelier des Halles en commun à la Courrouze. Elle nous accueille avec son associée, Julia Nadesane-Castagnier, chargée de la communication et du développement de Madeleine Adore. Avec cette marque, les deux femmes entendent bien faire de l’upcycling l’avenir de la mode.

Pour Carole Rabiniaux, tout a commencé par un simple passe-temps : chiner des vêtements en braderie et les raccommoder. « Au début, c’était juste rapiécer un bouton, enlever des taches », raconte-t-elle. Elle, qui n’avait jamais cousu de sa vie, se prend de passion pour cette activité manuelle qui présente aussi l’intérêt de « sauver des vêtements qui auraient fini à la décharge ». Elle se perfectionne à la couture avec sa mère puis au sein d’une association de quartier à Cleunay. Ses pièces raccommodées plaisent et elle commence à les vendre, avant de créer la marque Madeleine Adore en 2020.

Le processus de fabrication est assez simple. D’abord, un tour au Relais Bretagne d’Acigné pour y trouver des pièces de bonne qualité mais avec de légers défauts : tache difficile à enlever, col abîmé, etc. L’idée est de donner une seconde vie à des vêtements qui ne seraient plus portés sinon. Ensuite, chaque pièce passe une journée sur le mannequin de Carole Rabiniaux. Tout en s’occupant à autre chose, elle ajoute ici une dentelle, là une broderie, jusqu’à trouver la composition qui lui convient. « La patte Madeleine Adore c’est de partir de vêtements d’hommes pour fabriquer des vêtements de femmes. Parce que ce sont des vêtements souvent plus amples, avec plus de matière à travailler, et j’adore le côté masculin féminin, loose, être à l’aise dans ses vêtements », explique Carole Rabiniaux.

Être à l’aise dans ses vêtements, mais sans négliger le style. « On travaille beaucoup avec de la dentelle, de la broderie anglaise, du coton liberty. La signature de Madeleine Adore c’est un ruban élastique qui permet de cintrer nos pièces comme on veut : les porter très lâches ou resserrées, en crop top ou plus bas. C’est une idée de ma mère », confie Carole Rabiniaux. Et Julia Nadesane-Castagnier de résumer : « c’est une vraie proposition de mode avec des habits recyclés. Notre objectif, c’est d’arriver à faire comprendre aux gens que consommer upcyclé permet d’avoir des pièces uniques tout en ayant une consommation durable ».

ROBE “LACOSTE” Modèle Charlie. 93 €

« L’upcycling se développe beaucoup partout en France », constate Julia Nadesane-Castagnier. Pour cause, « la fabrication de vêtements est une des industries les plus polluantes : il faut 10 000 L d’eau pour un jean ! Avec la fast fashion, on est dans un système complètement monstrueux qui a perdu tout sens des réalités. Nous, ce qu’on propose c’est d’avoir du style avec des habits qui sont fabriqués en circuit court à partir d’habits de seconde main. C’est une vraie alternative à un problème global », continue-t-elle.

La pratique de l’upcycling, en plus d’être dans une logique écologique de réemploi, permet de recréer de la production locale après une longue période de désindustrialisation. D’ailleurs, quand elle cherche des vêtements à transformer, Carole Rabiniaux se tourne vers des pièces de marques, souvent des années 90 et 2000, encore produites en France à l’époque et qui sont de bien meilleure qualité que les produits actuels. « Quand on fait le tri des vêtements qu’on trouve, on a presque l’histoire de la désindustrialisation française entre nos mains », témoigne Julia Nadesane-Castagnier. « On a tellement fait de désengagement sur l’outil industriel et notamment l’outil textile, que maintenant c’est difficile de trouver des couturières ou même des petits ateliers de production. Il y a un vrai besoin industriel de relocaliser la production de nos vêtements », affirme-t-elle.

Et c’est ce que cherche à faire, à sa mesure, Madeleine Adore. Les premières pièces de la marque ont vu le jour dans le salon de Carole Rabiniaux. Aujourd’hui, elle les fabrique seule dans son atelier des Halles en commun. Le modèle phare, la chemise à ruban, est désormais délégué à des couturières en réinsertion de l’entreprise Blosn’up, dans le quartier du Blosne à Rennes. Forcément, les prix ne sont pas les mêmes que ceux de la fast fashion : entre 55 € et 67 € la chemise, entre 72 € et 93 € la robe, des manteaux entre 145 € et 289 €, etc. Les associées justifient ces tarifs par le coût de la main-d’œuvre française et la qualité de ce travail qui assure aux vêtements une pérennité bien supérieure à celles des chemises en élasthanne qui pullulent désormais dans nos boutiques. Et puis, chaque pièce Madeleine Adore est unique. 

CHEMISIER PAUL SMITH. 67 €

« Le problème des nouvelles générations, c’est qu’elles sont biberonnées à Shein. Forcément, t’as des fringues à 10 balles, mais à quel prix ? », demande Julia Nadesane-Castagnier. Encore faut-il, pour changer ses habitudes, intégrer ce calcul coût-avantage (que Julia rapproche de celui en jeu dans l’alimentation bio), et pouvoir se le permettre d’un point de vue financier. 

Un calcul qu’ont résolu bon nombre de clientes de Madeleine Adore, au vu du succès de la marque. En plus des commandes en ligne, on peut désormais trouver les créations de Carole Rabiniaux au magasin Crazy Republic de Rennes, et bientôt dans celui de Nantes. D’autres points de vente rennais devraient voir le jour et les deux associées prévoient aussi l’ouverture d’un concept store aux Halles en commun.

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Jean Gueguen
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