Dans un communiqué diffusé ce jour, la maire de Rennes, Nathalie Appéré, a exprimé sa vive préoccupation au regard de l’aggravation catastrophique et scandaleuse de la situation humanitaire dans la bande de Gaza. S’appuyant sur des constats relayés par plusieurs ONG internationales, elle appelle la France à adopter une posture beaucoup plus active sur la scène internationale.
Une dénonciation d’un « drame humanitaire majeur »
Le communiqué liste une série d’atteintes signalées par des organisations présentes sur le terrain : bombardements de civils et d’hôpitaux, coupures d’électricité, famine, blocage de l’aide humanitaire. La maire cite notamment Médecins sans frontières, qui dénonce une possible « éradication des Palestiniens à Gaza ». Nathalie Appéré évoque une situation « dramatique » et condamne la poursuite par le gouvernement israélien de ce qu’elle nomme une « politique de la terre brûlée » dans la bande de Gaza.
Un positionnement politique marqué
La maire appelle la France à reconnaître « de toute urgence l’État de Palestine » et à saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour imposer des sanctions claires au gouvernement israélien. Ce positionnement rejoint les débats actuels dans plusieurs capitales européennes, notamment en Espagne, en Norvège et en Irlande. Si la politique étrangère reste une prérogative de l’État, les élus locaux sont de plus en plus nombreux à intervenir dans les questions internationales en relayant les inquiétudes humanitaires ou les attentes citoyennes. C’est en particulier le cas du traitement de la bande de Gaza par le gouvernement Netanyahou Benyamin Netanyahou qui s’inscrit dans une conception de la guerre qui s’affranchit des conventions internationales et de la plus simple humanité.
Mobilisation à Rennes et ancrage local
À Rennes, la mobilisation autour de la situation à Gaza est continue depuis plusieurs mois. Rassemblements, veillées, interventions d’associations et de collectifs citoyens témoignent d’un engagement local soutenu. Le communiqué de la maire s’inscrit dans ce contexte d’expression collective, sans précédent récent dans la ville sur ce sujet. La Ville de Rennes est historiquement active dans les causes internationales : défense des droits humains, soutien à la coopération décentralisée, accueil de réfugiés. Cette tradition explique en partie la prise de parole institutionnelle actuelle.
Quelle portée pour une déclaration municipale ?
Un contexte local de mobilisation continue
À Rennes, la question palestinienne suscite un engagement régulier de la société civile. Depuis plusieurs mois, des rassemblements ont été organisés par des collectifs citoyens, des associations ou des syndicats pour dénoncer les violences à Gaza et appeler à une réponse plus forte de la communauté internationale. Ces mobilisations ont parfois été accompagnées de prises de parole d’élus locaux, mais la déclaration de la maire marque une étape supplémentaire en termes de positionnement politique.
Ce type d’intervention n’est pas inédit dans l’histoire rennaise. La Ville s’est déjà positionnée sur des sujets internationaux : défense des droits des migrants, soutien à des villes en guerre, participation à des réseaux de coopération décentralisée. Ce rôle moral, parfois contesté, est assumé par certaines municipalités comme un prolongement de leur mission républicaine et humanitaire.
Quelle portée pour ce type de déclaration ?
Au-delà de l’expression d’un positionnement politique, les collectivités disposent de leviers indirects pour agir : partenariats avec des ONG, jumelages avec des territoires en crise, subventions à des projets de solidarité internationale. Mais ces actions restent limitées devant les enjeux diplomatiques globaux, qui relèvent exclusivement de l’État.
La déclaration de Nathalie Appéré s’inscrit donc dans une double logique : elle relaye un sentiment de profonde inquiétude partagé par une partie grandissante de l’opinion publique locale, tout en adressant un signal à l’État français quant aux attentes d’une politique étrangère beaucoup plus affirmée. À l’heure où l’ONU et plusieurs capitales occidentales dénoncent le scandale humanitaire à Gaza, cette prise de parole municipale contribue à nourrir le débat public quant à l’urgence de mettre fin à la politique dévastatrice de l’Etat israélien dans la bande de Gaza.
Données chiffrées
La bande de Gaza connait une crise humanitaire d’une ampleur inédite, marquée par un très lourd bilan humain, des destructions massives et une population civile déplacée dans des conditions d’un extrême violence.
Bilan humain
- Environ 55 000 morts depuis octobre 2023, selon les autorités sanitaires de Gaza.
- Environ 70 % des victimes sont des femmes et des enfants (données ONU).
- Plus de 118 000 blessés recensés.
Destructions matérielles
- Les dégâts aux infrastructures sont estimés à 18,5 milliards de dollars, soit 97 % du PIB combiné de Gaza et la Cisjordanie (Banque mondiale / ONU).
- 161 600 unités de logement détruites ; 81 000 foyers devenus inhabitables ; 194 000 logements endommagés.
Crise humanitaire
- Blocus humanitaire sévère : pénuries de nourriture, de carburant, de médicaments.
- Systèmes de santé débordés : la majorité hôpitaux sont hors service ou surchargés.
- Réseaux d’eau et d’assainissement endommagés, provoquant des risques accrus de maladies infectieuses.
Déplacements de population
- 1,7 million de personnes déplacées, soit près de 90 % de la population de Gaza.
- Ordres d’évacuation couvrant 70 % du territoire, sans solution de refuge viable.
Patrimoine culturel
- Environ 200 bâtiments patrimoniaux détruits ou endommagés : mosquées, églises chrétiennes, musées.
- Perte majeure pour l’histoire et l’identité culturelle de la région.
Sources :
- Reuters
- OHCHR (Nations Unies)
- Banque mondiale
- Middle East Eye
- UNRWA
Photo de une issue d’un de documentaire de la BBC
