Depuis septembre 2024, le projet “paniers bio pour les femmes enceintes” est expérimenté dans le secteur Nord de Rennes. La métropole rennaise souhaite ainsi encourager les habitants à s’orienter vers une agriculture respectueuse de l’environnement et une alimentation plus saine. La distribution de paniers bio tous les quinze jours est accompagnée d’ateliers santé.
Le projet « Paniers bio pour les femmes enceintes » est né de la découverte d’une politique publique strasbourgeoise nommée Les Ordonnances Vertes, alors que Yannick Nadesan, délégué à la santé et conseiller métropolitain délégué à l’agriculture et à l’alimentation, s’assitait la réunion du réseau français Villes-Santé. La mise en place de ce dispositif s’inscrit dans la continuité des politiques publiques rennaises : la métropole s’est en effet concentrée sur la question de la petite enfance et de la vulnérabilité, particulièrement lors des mille premiers jours, déterminants pour l’état de santé futur d’un nourrisson. Rennes Métropole a observé et étudié les effets négatifs des perturbateurs endocriniens, présents notamment dans les pesticides de synthèse. « C’est une politique de santé publique, de soutien à l’agriculture locale et de soutien à la sortie des pesticides de synthèse », explique l’adjoint à la maire, délégué à la santé et conseiller métropolitain délégué à l’agriculture et à l’alimentation Yannick Nadesan. « C’est aussi une politique sociale puisqu’elle défend le droit au bien manger pour tous et toutes qui est un point important du plan alimentaire territorial de la métropole. »

Qui peut en bénéficier ?
Le dispositif est ouvert aux femmes enceintes des quartiers nord de la ville de Rennes : Bourg-l’Evêque, La Touche, Moulin du Comte, Villejean-Beauregard, Maurepas-Bellangerais, Saint-Martin, Jeanne d’Arc Longchamp ou Beaulieu.
Les bénéficiaires sont identifiées par des professionnels de santé et par des prescripteurs sociaux. Le système suit le principe d’universalisme proportionné, c’est-à-dire que chacun y a le droit, mais pendant une durée différente selon le quotient familial : lorsqu’il est de 0 à 945 les femmes ont accès à 9 mois de paniers, de 945 à 2000 à 5 mois et supérieur à 2000 à 3 mois. Jusqu’ici, 60% des femmes parmi les environ 80 bénéficiaires auraient disposé de la période maximale.

Comment cela s’organise ?
La composition et la distribution des paniers sont permises grâce à la collaboration de plusieurs organisations rennaises portant des valeurs sociales et environnementales :
L’approvisionnement est géré par la SCIC Terres de Sources, qui travaille avec un réseau d’agriculteurs locaux. Celle-ci transmet ensuite les aliments à l’ESAT des Maffrais. Les travailleurs handicapés, accompagnés par l’organisation pour s’intégrer professionnellement, sont chargés du dégroupage et de la composition des paniers.
Les distributions de paniers sont possibles grâce à deux associations : ESS Cargo et La Cohue. La première se trouve sur le campus universitaire de Rennes 2. Les paniers y sont livrés le mercredi matin et distribués l’après-midi. Si les paniers ne sont pas récupérés, ils sont donnés sur le campus, afin d’éviter tout gaspillage. La seconde se trouve dans le quartier Maurepas (rue de Louvain). Les paniers y sont disponibles le jeudi après-midi. En plus d’être un point de distribution, il propose des services de proximité pour les habitants des quartiers nord de Rennes.
Lors des distributions, les ateliers santé sont proposés grâce à la collaboration de professionnels de santé des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) de Rennes Nord.


Comment cela se présente ?
Les paniers de 4kg d’une valeur de 17€, contiennent des aliments issus de l’agriculture biologique et locale. Sa composition varie en fonction des saisons. Celui que nous avons découvert le jeudi 17 juillet 2025 comportait des pois cassés, deux courgettes, deux pommes de terre, deux pommes et une bouteille de jus de pomme.
Mathilde Caret, maman de jumeaux qui sont nés en janvier 2025, est l’une des premières bénéficiaires. Au bout des neuf mois, elle constate : « C’est un dispositif intéressant. Il m’a fait découvrir de nouveaux produits que je ne mangeais pas régulièrement avant. » Si les aliments issus de l’agriculture biologique restent plus chers que les autres, elle a intégré une partie d’entre eux dans sa consommation, car elle souhaite continuer à manger sainement.
Les ateliers santé organisés abordent des thèmes comme l’équilibre alimentaire pendant la grossesse, la découverte de produits locaux et comment les cuisiner ou encore la lutte contre les perturbateurs endocriniens. Ils ont pour but de transmettre des connaissances mais également de créer des liens sociaux. « J’ai apprécié l’accompagnement lors de la grossesse avec les ateliers de sophrologie et les groupes de paroles qui permettent de faire connaissance avec d’autres femmes enceintes. », admet Mathilde.

Si le dispositif est pour le moment disponible à échelle réduite, Yannick Nadesan espère l’étendre à la ville entière. Cette initiative a déjà inspiré d’autres, notamment des habitants de la commune Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille et Vilaine) qui se disent prêts le mettre en place à leur échelle d’ici 2026.
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