Le Stade rennais, club de football de Rennes cherche à regrouper son centre d’entraînement de la Piverdière, situé à la Prévalaye, et son centre de formation, soit actuellement 8 hectares en gagnant quelques encablures sur la Prévalaye. Lundi 1er février, le président du Stade rennais a présenté un projet révisé de transformation « écoresponsable » du centre d’entraînement Henri Guérin. Davantage compatible avec la destination agricole et paysagère de la Prévalaye, le club de foot a revu à la baisse son appétit initial et ambitionne désormais de ne gagner que 3,7 hectares sur le site naturel afin d’y établir 2 stades. Les élus écologistes approuvent. Plusieurs habitants et associations continuent à s’opposer à toute extension.
La Prévalaye regroupe environ 430 hectares (dont 80 % appartiennent à la Ville de Rennes), en bordure de la vallée de la Vilaine. Des espaces diversifiés comprenant les étangs d’Apignés, un centre de loisirs, un écocentre, des jardins familiaux et deux exploitations agricoles : le Jardin des Mille Pas, ensemble potager sur un terrain de 1,2 ha et Perma G’Rennes, une ferme urbaine de 500 ares créée en 2016 (voir l’article qu’Unidivers a consacré à sa création). L’installation prochaine du projet de la Basse-Cour confirme la destination agricole biologique de ce site et de ses espaces très verts qui sont du plus en plus fréquentés par les promeneurs et les citadins stressés en mal de reconnexion avec la nature.
Pourtant, déjà, beaucoup ont vu avec inquiétude l’apparition d’infrastructures ludiques comme l’année dernière un skatepark qui flanque le premier des étangs d’Apigné. Désormais, ce sont les ambitions du Stade rennais qui font peur : l’agrandissement qu’il ambitionne devrait se solder par le déménagement d’une douzaine de jardins ouvriers et l’artificialisation des terres à la biodiversité pourtant exemplaire.
En pratique, le Stade Rennais dispose d’ores et déjà de six terrains sur la Prévalaye, à la Piverdière. Comme de nombreux clubs de football professionnel, il prévoit aujourd’hui de regrouper ces équipements d’entrainement sur un même site. Ce projet s’inscrit aussi dans la perspective de création d’une équipe de football féminine professionnelle.
Pour autant, devant une communication du club qui a pu paraître ambiguë, huit associations écologistes dont Extinction Rébellion, Attac, la Nature en ville ou Alternatiba ANV-COP21 ont appelé à participer à l’opération « Plantation rébellion ». Les revendications sont claires : maintien des fermes, aucune artificialisation des terres agricoles ni expulsion des jardins ouvriers.
Environ 150 citoyens ont répondu présents. Ils sont arrivée dimanche dès 12h30, Chemin Robert de Boron, devant le centre de loisirs, avec bottes, pelles et pioches. Des crêpes, des galettes, du café et du thé leut étaient proposées à prix libre afin de prendre des forces. Il s’agissait de planter – sans autorisation – notamment 200 plants pour la préservation/restauration de la Prévalaye qu’a offert l’association « Forêts en devenir ». Plants de marronniers, de chênes, de frênes, de saules, de châtaigners, de fusains, de framboisiers…
Le point de vue de David Poisot, porte-parole du collectif de sauvegarde de La Prévalaye, était partagé par tous les participants : « Les arbres peuvent abriter une faune et une flore foisonnantes. Ils agissent pour la régulation du climat, pour l’entretien des sols et pour notre santé publique. Aujourd’hui la Prévalaye est menacée d’un côté par les aménagements urbains liés à une mise en tourisme du site par la ville-métropole de Rennes, et de l’autre par le projet d’extension du Stade Rennais sur des terres agricoles qui doit être présenté publiquement le 2 février. » Reste donc plus pour eux qu’à occuper le terrain ! Pour qu’il ne devienne pas un terrain de foot…
De son côté, Nicolas Holveck, président du Stade rennais, a déclaré qu’il restait ouvert à la discussion et qu’il jouera carte sur table. Il a présenté son projet revu à la baisse avec 3 alternatives le 3 février. L’esprit se veut « ecoresponsable » : matériaux bio-sourcés, structures en bois et toitures végétalisées. Et le président s’engage à planter 1 000 arbres et des haies bocagères.
De l’avis même des élus écologiques, le Stade rennais a pris en compte nombre des remarques qui lui avaient été faites : « Cette semaine, le Stade Rennais a pu présenter plusieurs hypothèses pour son centre d’entrainement dans le cadre du comité de gestion de la Prévalaye. Nous constatons que nos préoccupations environnementales ont été, pour partie, entendues. Dans les scénarios présentés, les nouveaux bâtiments seront construits sur les emprises des bâtiments déjà existants. Ils feront l’objet d’une très large utilisation de matériaux biosourcés. Surtout, là où le Stade Rennais annonçait il y a quelques mois avoir besoin de douze hectares, il parle aujourd’hui de deux terrains de football. Ces terrains pourraient de notre point de vue trouver leur place sur le site actuel de la Piverdière, en bordure de rocade, et donc sans aucun impact sur des terres agricoles. Le secteur Taupinais, de notre point de vue, doit absolument être préservé, car ses prairies sont au cœur de cet espace naturel, et ont vocation à faire l’objet d’activités agricoles. » (Matthieu Theurier et Valérie Faucheux, Co-président·e·s du groupe des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s à la Ville de Rennes)
Cela étant, cette nouvelle présentation a-t-elle calmé toute ardeur résistante ? Une membre du collectif Plantation rébellion regrette que le président parle déjà et seulement de « compensation » alors qu’il est à son sens tout simplement possible d' »éviter » cette extension à cet endroit. Une autre plussoit : « Nous ne sommes ni contre le football, ni contre le Stade Rennais. Nous sommes contre ce modèle de foot-business dépassé et pour un retour à un modèle raisonné« . « Les élu·e·s écologistes Matthieu Theurier et Valérie Faucheux, qui disent soutenir une agriculture péri-urbaine durable, trahissent les maraîchers·ères en rompant les contrats de leurs terres pour les offrir à un industriel du foot. » Un autre membre estime « qu’ils sont plusieurs résolus à occuper les lieux« . Vers une nouvelle ZAD à Rennes ?
COMMUNIQUÉ OFFICIEL DU STADE RENNAIS
TRANSFORMATION DU CENTRE D’ENTRAÎNEMENT HENRI GUÉRIN
Un projet éco-responsable pour porter haut les couleurs de Rennes et de la Bretagne.
À l’occasion du Comité de Gestion de la Prévalaye, qui s’est tenu le 2 février 2021, le Stade Rennais F.C. a présenté aux acteurs du territoire (associations, mairie, habitants) son avant-projet pour l’aménagement de son centre d’entraînement. Dans un esprit constructif et conformément à ses engagements, le club a réservé la primeur de l’exposé de son travail au Comité de Gestion représenté par une quarantaine de membres.
Le Stade Rennais F.C. tenait également à partager les principaux enjeux de cet avant-projet d’aménagement à son public, et plus généralement aux Rennaises et Rennais.
Un projet qui s’adapte à son environnement
Présent à la Piverdière depuis 2001, le Stade Rennais F.C. souhaite, à horizon 2023, transformer son centre d’entraînement et engager des aménagements entièrement financés par le club.
Le projet s’articule autour de 4 dimensions et objectifs :
1. Un projet sportif : se doter d’installations fonctionnelles, parfaitement intégrées dans l’environnement de la Piverdière. Il est aujourd’hui nécessaire de remettre à niveau les infrastructures de l’un des plus anciens centres d’entraînement de France. C’est la condition pour maintenir le niveau de performance actuel du club et porter haut les couleurs de Rennes en France et en Europe.
2. Un projet d’entreprise : il s’avère essentiel de regrouper sur un seul site les effectifs professionnels, de la formation et de l’administration du club. Le Stade Rennais F.C. est une PME qui emploie 215 salariés. Ce projet favorisera le bien-être au travail de ses salariés et optimisera l’empreinte environnementale de leurs déplacements.
3. Un projet environnemental : le nouveau projet et sa labélisation « HQE Excellent » va permettre d’intégrer les mesures d’éco-responsabilité et de limiter l’impact du site sur l’environnement, contrairement aux bâtiments actuels qui sont vieillissants. La volonté du club est de transformer les structures existantes en respectant les principes de développement durable inscrits dans la stratégie européenne pour la biodiversité. Le club a la volonté de reboiser. 1.000 arbres seront plantés et des haies bocagères seront développées. La bétonisation du périmètre d’implantation sera évitée en privilégiant des façades et toitures en bois brulé, des toitures végétalisées, la structure bois et des matériaux bio-sourcés.
4. Un projet citoyen : promouvoir le « Sport pour tous » en aménageant des espaces publics autour du centre d’entraînement afin de partager La Piverdière avec les Rennais. Faire de La Piverdière une destination en aménagement des espaces de sport-santé : parcours de santé, terrain de foot à 5 en libre accès… Dans une démarche durable et citoyenne, le club réaffirme sa volonté de s’inscrire sur le territoire rennais, à proximité du stade et au plus proche de ses publics.
Un avant-projet évolutif pour une ambition mesurée
Pour répondre à son exigence de bonne intégration du projet dans son environnement, le club s’est appuyé sur les compétences d’un Assistant à Maîtrise d’Ouvrage (AMO) et de plusieurs bureaux d’étude dont un spécialisé en ingénierie environnementale et d’un paysagiste. De la réflexion à la formalisation, des travaux ont été menés pour élaborer le pré-projet : étude capacitaire, travail d’inventaire de la faune et de la flore, étude hydraulique, développement de la trame bocagère…
Le périmètre identifié dans l’étude capacitaire a été évalué à 25 hectares. Ce périmètre n’a pas été retenu par le club qui préfère :
- Implanter les nouvelles constructions en partie nord du site, en lieu et place des bâtiments et des parkings existants.
- Implanter uniquement 2 nouveaux terrains contre 5 prévus dans l’expression de besoin initiale.
Le club a présenté 3 projets au Comité de Gestion pour augmenter sa capacité d’environ 3,5 hectares ; pour passer de 11,4 ha à 15 ha, soit 0,8 % de la superficie totale du site de La Prévalaye (env. 450 ha).