Rennes. Requiem, la mort joyeuse et dansée de Béatrice Massin

Béatrice Massin clôturera l’édition 2023 du festival Waterproof avec son spectacle Requiem – la mort joyeuse, au Triangle – cité de la danse, ce dimanche 5 février. Avec cette création, la chorégraphe poursuit son travail de réinterprétation de la danse baroque et bouscule notre vision lugubre de la mort. Mise en musique sur le fameux Requiem de Mozart, la création de Béatrice Massin fait valser différentes traditions et temporalités.

requiem la mort joyeuse
La chorégraphe Béatrice Massin, ©Compagnie Fêtes galantes

«M ort » et « joyeuse ». Contrairement à notre vision occidentale de la mort, cette association n’est pas nécessairement incompatible. Béatrice Massin s’inspire du ton festif des rites funéraires d’Amérique latine pour créer son spectacle Requiem – La mort joyeuse. Ce dernier sera présenté le 5 février 2023 au Triangle, boulevard de Yougoslavie, et s’inscrit dans la continuité du travail chorégraphique baroque contemporain de Béatrice Massin. Au rythme solennel du Requiem de Mozart (1791), ce spectacle vous emportera au large du Pacifique et vous fera voyager dans d’autres lieux et d’autres temps.

requiem la mort joyeuse
©Benoîte FANTON

Robes corsetées, vestes ornementées, perruques poudrées, la danse baroque, aïeule de la danse classique, semble appartenir à un autre temps. Celui de la monarchie de Louis XIV et des grandes fêtes versaillaises, fastueuses et excessives. Un imaginaire fantasmé que Béatrice Massin travaille à dépoussiérer et à épurer dans le but de lui rendre ses lettres de noblesse. Sa formation initiale en danse contemporaine lui permet de poser un regard neuf sur cette danse aux airs guindés et démodés. Elle s’est donc appropriée la danse baroque, un style jusqu’alors négligé par les pratiques chorégraphiques actuelles, pour en faire sa spécialité.

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Béatrice Massin développe ce travail depuis maintenant une trentaine d’année avec sa compagnie de danse Fête galante, créée en 1993. Mais comment rendre le baroque contemporain ? La chorégraphe s’y prend de différentes manières. Il peut s’agir de mettre la danse au service d’un propos actuel comme ce fut le cas avec le spectacle Mass b (2016) qui traite des mouvements migratoires des populations en quête d’un avenir meilleur. Mais la danse baroque peut avant tout être réinterprétée pour son énergie. Energie à laquelle Béatrice Massin attache une grande importance en ce qu’elle traverse et crée de volumes particuliers dans le corps des danseurs. Tout est une affaire de contrepoids, d’équilibre, de sensations et de tensions, des outils avec lesquels travaille la chorégraphe. « Je pense que l’abstraction de la danse baroque, et sa relation à l’espace et l’espace musical, permet d’en enlever les côtés historiques et anciens ce qui m’a permis d’en faire mon propre langage d’aujourd’hui ». L’idée est de récupérer l’essence même de la danse, son expressivité, sa musicalité. Dans le spectacle Que ma joie demeure (2002) une partie de sa chorégraphie se fait sans musique et laisse tout le plaisir au public d’apprécier celle de la danse, le son rythmé des pas sur scène.

Aujourd’hui la compagnie revient avec Requiem – La mort joyeuse. Dans ce spectacle, Béatrice Massin aborde le thème de la mort selon la tradition mexicaine de la fête des morts et « des traditions précolombiennes qui convoquent le mort pour revenir parmi les vivants ».  Rangez vos mouchoirs et vos habits noirs, « il ne s’agit pas uniquement de pleurer le mort mais aussi de l’attendre et de pouvoir le retrouver ». El día de los muertos, le jour des morts, est réputé pour son ambiance enjouée, très colorée, ses calaveras (têtes de mort), sa musique et autres festivités. Les costumes vaporeux et éclatants de couleur, ainsi que la scénographie viennent donner du relief à la chorégraphie et apportent ce petit grain de joie caractéristique de la tradition mexicaine.

Le choix de la musique na pas été laissé au hasard au regard du thème abordé. Comme l’explique Béatrice Massin, le Requiem de Mozart est une œuvre posthume réputée pour être la dernière œuvre du compositeur allemand. La chorégraphe cherche à prendre le contre-pied de cette vision : « J’ai travaillé à désacraliser la partition de Mozart, on veut souvent lui donner cet aspect d’une œuvre testamentaire et j’ai donc essayé de renverser cette image, d’en faire quelque chose de plus joyeux, de moins morbide ». Au Requiem, la spécialiste de la danse baroque y ajoute le postlude d’Arturo Marquez, un compositeur mexicain contemporain. Ce dernier jalonne ses œuvres classiques d’éléments musicaux traditionnels d’Amérique centrale, d’où il est lui-même originaire. C’est donc quasi naturellement que la chorégraphe se tourne vers Arturo Marquez dont le travail résonne avec sa démarche artistique.

Le travail opéré par Béatrice Massin avec la danse baroque est le projet d’une vie pour lequel elle a largement été reconnue. Plus d’une fois consultée pour son expertise, la chorégraphe a multiplié les créations et ce même pour le cinéma, comme pour la série Versailles. Avec Requiem – la mort joyeuse, Béatrice Massin donne un second souffle à un héritage culturel souvent perçu de manière très stéréotypé.

La compagnie Fêtes galantes de Béatrice Massin présente Requiem – La mort joyeuse (1h05), au Triangle – cité de la danse, boulevard de Yougoslavie, le dimanche 5 Février 2023 à 16h00.

Tarifs : tarif unique 12 € / Waterpass 8€ / SORTIR ! 4 €, 2€ enfant

Plus d’info sur la compagnie

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