Rennes. Le Triangle, dans le tourbillon circassien d’Instante et Lontano de la compagnie 7Bis

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Juan Ignacio Tula
Instante, Juan Ignacio Tula

Le Triangle présente les soli Instante et Lontano mardi 12 décembre 2023. La cité de la danse embarquera son public dans une spirale vertigineuse et hypnotique avec les soli de Juan Ignacio Tula et Marica Marinoni dont la roue Cyr est l’agrès de cœur. Seul au plateau avec leur outil, interrogeant les limites du corps, chacun renouvelle à sa manière l’esthétique des arts du cirque contemporain dans la création d’une nouvelle forme d’écriture circassienne.

La roue Cyr est un agrès de cirque, un tore métallique d’environ deux mètres de diamètre qui pèse entre 10 et 16 kg. C’est aussi l’objet totem de Juan Ignacio Tula et Marica Marinoni qui se produiront au Triangle – cité de la danse, mardi 12 décembre 2023. Les acrobates offriront deux spectacles à couper le souffle et entraîneront le public dans une spirale ahurissante.

Avant de choisir la roue Cyr comme compagne de plateau il y a 13 ans, l’Argentin Juan Ignacio Tula a pratiqué la danse de couple comme le swing et le tango, mais aussi la danse contemporaine. Sa rencontre avec l’agrès de forme circulaire a été un véritable coup de foudre. « Le vocabulaire était le même que dans la danse de couple, le fait de tourner et d’utiliser son centre de gravité. C’était quelque chose d’évident pour moi parce qu’on travaille beaucoup la spirale dans le tango et le swing », introduit Juan Ignacio Tula. L’Italienne Marica Marinoni a quant à elle été fascinée par ce lien entre la terre et l’air, « comme si le cercle connectait ces deux éléments », raconte la circassienne qui a d’abord enseigné le trampoline. « Jouer avec la gravité et devoir garder son corps en équilibre pendant les mouvements circulaires me fascinaient aussi. »

Auteur d’Instante et coauteur avec Marica Marinoni de Lontano, Juan Ignacio Tula souhaite amener l’agrès dans un nouveau territoire à chaque nouvelle création. « La roue Cyr est un agrès qu’on pratique plutôt en solo, mais je voulais travailler un autre vocabulaire. » Il dirige d’abord ses recherches sur la pratique de la roue Cyr en duo en collaborant avec Stefan Kinsman, avec qui il étudiait au Centre National des Arts du Cirque (Châlons-en-Champagne). Ensemble, ils créent Somnium en 2015 et Santa Madera en 2018. Les deux acrobates de roue Cyr explorent ce trio singulier qu’ils forment avec l’agrès avant que Juan Ignacio Tula ne se lance dans l’écriture d’Instante. Dans ce premier solo, il revient à la danse qu’il avait mise de côté, et avec la roue comme partenaire il retrouve la forme duo. Pendant 30 minutes, le danseur tourne sans s’arrêter entraînant le public dans une danse hypnotique et vertigineuse jusqu’aux limites de son corps.

Juan Ignacio Tula

Instante est la mise au plateau d’une prouesse physique sidérante, mais fait un pas de plus. Sur scène, Juan révèle ce qu’il se passe au plus profond de l’acrobate en mouvement, autant extérieurement qu’intérieurement. Sa force mentale prend forme dans les mouvements circulaires de la roue et quitte la scène pour atteindre le public qui l’observe. Dans une générosité sincère et naturelle, en état de transe, il s’offre au plateau. « Dans le cirque, c’est quelque chose qu’on trouve souvent quand il s’agit d’une pratique plus ou moins à risque et je me retrouve bien à cet endroit. Il y a toujours l’envie de porter le corps aussi loin que possible », informe-t-il. « Ce sont dans ces moments qu’apparaissent des choses invisibles qui sont de l’ordre de l’inconscient et de l’intérieur. Un peu comme l’instinct de survie, quand ressort un besoin de continuer, ça naît du plus profond de nous. C’est quelque chose qui m’intéresse et que j’ai envie de creuser. »

Ses réflexions sont la source de la compagnie 7bis, créée en 2019, qui s’épanouit dans le renouvellement des esthétiques du cirque contemporain et le questionnement de nouvelles formes. Tiempo, créée en 2021 avec Justine Bertillot, en est un parfait exemple. La pièce interroge l’agrès dans une forme hybride et disproportionnée. Une chorégraphie est composée à partir d’un agrès de 3 mètres de diamètre, dans lequel sont insérés une chaise, un frigo et un porte-vêtements sur roulettes.

Avec Lontano, Juan Ignacio Tula se place en coauteur afin d’interroger l’agrès d’un point de vue extérieur tout en mettant en valeur la pratique de Marica Marinoni, coautrice. Leur rencontre à l’école de cirque FLIC de Turin aboutit de manière naturelle à une collaboration entre l’étudiante et l’intervenant à la fin des études de la première. « On a toujours partagé le même univers et le même rapport à la roue, c’était autant des cours qu’un échange riche », déclare-t-elle. Juan ajoute : « C’était aussi une forme de compagnonnage dans lequel on poursuit une rencontre pour continuer les recherches de l’agrès ». Et de préciser : « La recherche de Marica s’inscrit dans celles de la compagnie. » Est alors coécrit un solo qui fait écho à Instante. Les deux faces de la même piècese jouent aussi bien indépendamment qu’ensemble.

Marica Marinoni Juan Ignacio Tula
Lontano, Marica Marinoni et Juan Ignacio Tula © Thomas Boticelli

Dans un dialogue entre la chair et la roue, l’acrobate s’engage dans une lutte physique et symbolique. « On a voulu mettre en scène un vrai combat en s’appuyant sur la matière. » Hormis les gants de boxe, objet sur lequel se base Lontano, la création est volontairement abstraite pour que chaque spectateur interprète la bataille à sa manière. « Les gants nous ont permis de trouver un vocabulaire physique et un langage corporel nouveau qu’on a exploré. Ça impliquait un engagement du corps important, mais aussi un autre type d’entraînement. » Lontano révèle une autre façon de se lier à la roue qui est propre à Marica, dans de nouvelles lignes et de nouvelles formes. « Le rapport de Marica à l’agrès est différent de celui de beaucoup de femmes à la roue Cyr. Elle a un rapport animal. » La circassienne brise les frontières de genre et la distinction entre les propositions masculines et féminines, mais le duo n’a pas voulu aller sur ce terrain. « Ce n’est pas quelque chose qu’on a besoin de souligner, ça se joue de manière indicible, c’est présent dans sa pratique en elle-même. »

L’engagement se situe à l’endroit du corps de manière universelle, sans différenciation de genre, et ce questionnement traverse les créations du circassien. « Pourquoi ce corps se sacrifie-t-il sur scène ? Pourquoi engage-t-on notre corps et que cela signifie-t-il aujourd’hui ? Pour moi, ces sujets sont politiques. Qu’est-ce que la valeur d’un corps quand on voit des gens mourir à cause de bombardements quotidiens ? À l’intérieur de ce vaste sujet, il faut apprendre à créer son propre schéma. », conclut le circassien. En tout cas, il ne fait nul doute que Juan Ignacio Tula et Marica Marinoni laisseront nos corps sidérés face à ces deux spectacles hors du commun qui dessinent une nouvelle exploration de la roue Cyr.

Instante et Lontano, Juan Ignacio Tula et Marica Marinoni, compagnie 7bis

mardi 12 décembre à 20:00 (durée 1h10), Le Triangle, Cité de la danse

9€ tarif unique / 4€ SORTIR ! / 2€ SORTIR ! enfant

⚠️ quelques effets stroboscopiques

02 99 22 27 27
infos@letriangle.org
Boulevard de Yougoslavie
35200 Rennes

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