Après le réveillon de Noël, celui du Nouvel An. Après mon réveillon à deux balles, il me vient des envies de pétasse. Par exemple, jouer dans la cour des femmes de footballeurs ou d’une maîtresse de ministre qui je-le-jure-n’a-jamais-eu-de-compte-en-Suisse. De l’or, de l’or, j’en veux ! Partout. De la tête au pied. En passant par l’estomac. Il est l’or du réveillon !
S’habiller en or
La Rollex, c’est bon. Le vison doré, je l’ai aussi. Mais il faut aller plus loin. N’ayant pas trouvé à Rennes les fringues qui brillent, vues sur les podiums de l’automne (Stella Mac Cartnney, Valentino, Prada…) je fonce chez H&M. Là je flashe sur le ti-shirt avec un chat-renne à paillettes pour ma fille et je shoppe pour moi une tunique éblouissante. Que mettre en bas ? Chez C&A, je trouve le pantalon doré qui en jette un max – et que je jetterai sans doute très vite !
Et pour les accessoires, dois-je continuer à rouler sur l’or ? Au diable mes scrupules de néo-bling-blingueuse ! Ma conversion date de la lecture d’une interview dans l’Obs, d’un tendanceur rennais qui soutenait que cette ruée vers l’or « réinjecte des références à l’histoire, aux mythes et icônes. Le doré évoque une dimension de puissance et de gloire. Une esthétique qui célèbre l’apothéose du lourd, du massif, du solaire ».
Du coup, j’enfile sans hésiter de vertigineux escarpins aux talons endiamantés, trouvés dans une boutique chinoise de la galerie des Trois Soleils.
Dans le même genre cheap, un tour chez Claire’s s’impose. Regardez les jolies pochettes ! Cerise sur la tête, je complète avec une brosse à cheveux rutilante. Toujours au Colombia, je déniche chez Scott, des baskets cousues de fil doré. Un peu sobres, certes. C’est pour le jogging du 1er janvier !
Se pomponner en or
La presse féminine assure que « du remède de grand-mère à l’antique médecine chinoise, l’or est utilisé depuis la nuit des temps et que c’est un véritable joyau pour notre santé. Biocompatible, donc parfaitement toléré par l’organisme, résistant à la colonisation microbienne, c’est le matériau de prédilection des couronnes dentaires, prothèses audi tives, pacemakers ou plaques de protection des artères ».
Pas étonnant que l’industrie cosmétique s’en soit emparée. Elle a mis au point des crèmes qui ont surtout l’intérêt de coûter très, très cher. Ce qui ravit les princes arabes (vous vous souvenez de cette pub où un prince refuse d’acheter à son rejeton une Clio « pas assez cher, mon fils » ?).
Le bien-nommé Frédérique de Paillette, responsable de la formation à La Prairie affirme que « L’or est un antioxydant surpuissant et un régénérateur cellulaire hors pair ». Leur fameux Complexe Cellulaire Radiance Or Pur est aussi un puissant détrousseur de compte en banque (534 €). Guerlain, Carita, Estée Lauder et Chantecaille proposent des produits tout aussi actifs en la matière.
Mais pour être sûre que ma voisine du boulevard Sévigné n’ait pas la même crème magique que moi, j’ai résolu d’aller au Lausanne Palace & Spa pour acquérir la crème anti-âge à l’or La Sultane de Saba (entre 42 et 95 CHF). Pour jouer les Cléopâtre, jusqu’au bout des doigts, un tuyau tout bête : le vernis à paillettes d’O.P.I. (en vente à Thalassa Esthétic, 13, rue Saint-Hélier).
Se délecter d’or
Poursuivons dans la même rue, jusqu’au 79. La boutique Les Sucrés Salés de Saint-Hélier est une mine d’or où l’on extrait des pépites pour le palais et pour les yeux. Imaginez le panache de mes plats dès qu’ils seront saupoudrés de sucre ou de sel doré, accompagné de moutarde pailletée ou soulignés d’un trait de crème balsamique à l’or (Saveur et Sens).
Justement, mon plat, il serait temps de foncer aux halles. J’ai réservé une poularde égyptienne chez Paul Renault. Avec sa peau bien dorée, elle est digne d’une table de pharaonne. Pour le dessert, l’or est rare. Néanmoins, j’ai déniché des « palets or » chez Le Daniel et un très beau carré au chocolat noir parsemé de quelques discrètes feuilles d’or chez Philippe Bouvier.
Bon, après tout çà, il faut digérer et se remuer. Mon amoureux oligarque m’a apporté une bouteille de vodka avec des feuilles d’or ; on va aller la siffler chez des amis dont la porte d’entrée est parée d’or comme sa datcha. Ensuite, promis, il m’emmène skier à Megève. Comme il a peur de me perdre, il m’a offert un pendentif en forme d’étoile avec des clochettes. Du véritable or dur, trouvé chez Habitat. L’ordure…