Rob Reiner et Michele Singer Reiner retrouvés morts à Los Angeles

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Le cinéaste et acteur Rob Reiner (78 ans) et son épouse Michele Singer Reiner (68 ans) ont été retrouvés morts dimanche 14 décembre dans leur résidence de Brentwood, quartier résidentiel de l’ouest de Los Angeles.

Les autorités traitent l’affaire comme un homicide présumé et ont confié l’enquête à la Robbery-Homicide Division du LAPD, unité spécialisée dans les crimes violents les plus graves. Au plan médiatique, l’onde de choc est immédiate parce qu’il s’agit d’un grand nom du cinéma américain, mais aussi parce que la matière même de son œuvre – la vérité, la preuve, la responsabilité – semble soudain happée par le réel.

  • Dimanche 14 décembre 2025, vers 15 h 30–15 h 40 (heure locale) : les pompiers du Los Angeles Fire Department interviennent à la suite d’un appel d’assistance médicale et découvrent deux personnes décédées à l’intérieur du domicile : un homme de 78 ans et une femme de 68 ans, âges correspondant au couple Reiner. Le LAPD est saisi, sécurise la scène et ouvre une enquête pour homicide présumé, mobilisant sa Robbery-Homicide Division. Au dernier point de situation relayé par plusieurs médias américains, aucun suspect n’a été officiellement annoncé comme arrêté ou inculpé par la police.

Plusieurs médias évoquent des blessures par arme blanche ; ces informations doivent toutefois être consolidées par les examens médico-légaux et la communication officielle des autorités compétentes.

Au plan procédural, l’expression « apparent homicide » signifie que les enquêteurs privilégient la piste criminelle sans figer, à ce stade, la qualification pénale définitive. Le temps policier est celui des recoupements et des preuves ; une mort violente présumée n’est pas encore un dossier « clos », et la vérité judiciaire se construit pièce à pièce.

Des titres de presse people affirment, en citant des « sources », que le fils du couple, Nick Reiner, serait impliqué. À l’heure où ces lignes sont rédigées, ces affirmations ne constituent pas une confirmation officielle du LAPD.

Il y a donc, dans cette affaire, une collision presque narrative. Rob Reiner est l’auteur d’un cinéma qui, sous ses apparences de grand public, n’a cessé d’interroger ce qui fonde un récit crédible — et ce qui, au contraire, le contamine : l’émotion brute, la croyance, la réputation, la peur.

Le cinéaste l’a formulé à sa manière filmique dans This Is Spinal Tap (1984), faux documentaire qui moque la fabrication des mythes et des légendes : une caméra suffit parfois à faire croire à une vérité. Avec Stand by Me (1986), il filme le moment où l’enfance rencontre la mort : le « fait » (un corps à retrouver) devient un passage initiatique, une fissure dans l’innocence.

Plus tard, Misery (1990) met en scène l’emprise et la captivité : la violence n’est pas seulement physique, elle est aussi narrative. L’écrivain y est littéralement pris en otage par celle qui veut imposer « son » histoire. Or c’est exactement le danger contemporain d’un fait divers médiatisé : que le récit précède l’enquête, que le scénario se substitue au procès-verbal.

Mais c’est surtout A Few Good Men (1992) qui donne à la rubrique culture croisée son fil rouge naturel. Dans ce film de prétoire devenu classique, la vérité ne se gagne pas par intuition ; elle s’arrache au plan légal, à coups de contradictions, de preuves, de serments. Reiner y raconte une société où l’autorité peut se protéger derrière l’obéissance, et où le courage consiste à affronter la vérité même lorsqu’elle dérange.

Cette grille de lecture rend l’écho d’autant plus saisissant. Dans une affaire criminelle réelle, ce n’est pas la meilleure réplique qui décide, ni le « twist » le plus viral, mais la lente mécanique du droit et des expertises. Le cinéma, lui, condense. La justice, elle, déplie.

Au plan policier, le dossier en est au moment décisif où les preuves matérielles, les auditions et l’expertise médico-légale doivent converger — ou au contraire ouvrir plusieurs scénarios. Au plan culturel, la disparition de Rob Reiner rappelle une évidence rarement dite. Le fait divers n’est pas qu’un « récit », c’est une matière humaine, fragile, souvent irréparable, que l’on doit traiter sans précipitation.

Et si l’œuvre de Reiner a tant marqué, c’est peut-être parce qu’elle insistait, film après film, sur une vérité moins spectaculaire que nécessaire : ce qui est juste ne se décrète pas, cela se démontre. Dans cette affaire, seule l’enquête, puis éventuellement la justice, pourront établir ce qui s’est réellement passé.

Rocky Brokenbrain
Notoire pilier des comptoirs parisiens, telaviviens et new-yorkais, gaulliste d'extrême-gauche christo-païen tendance interplanétaire, Rocky Brokenbrain pratique avec assiduité une danse alambiquée et surnaturelle depuis son expulsion du ventre maternel sur une plage de Californie lors d'une free party. Zazou impénitent, il aime le rock'n roll dodécaphoniste, la guimauve à la vodka, les grands fauves amoureux et, entre deux transes, écrire à l'encre violette sur les romans, films, musiques et danses qu'il aime... ou pas.