Saint-Brieuc. Rock’n Toques revient pour un week-end festif et gourmand au son d’Art Rock !

De retour dans sa mise en place régulière après trois ans d’absence, le festival Art Rock de Saint-Brieuc du 3 au 5 juin 2022, a su, malgré un temps capricieux, faire danser (et manger) les festivaliers bretons le temps d’un week-end riche en émotions !

Pour sa 39ème édition, Art Rock a vu les choses en grand : fort d’une programmation éclectique, le festival a attiré, parfois de loin, des festivaliers impatients de faire la fête en ce tout début de saison estivale. Au cours du week-end, ce sont 80 000 participants qui se sont réunis dans le centre-ville briochin aménagé tout spécialement. Autour de l’hôtel de ville et de la cathédrale, Art Rock s’est décliné en différents lieux de représentations de la Grande Scène en passant par le Petit Théâtre. Ces infrastructures différentes ont permis tantôt des concerts intimistes, tantôt des shows en communion avec la foule. C’est toute la ville de Saint-Brieuc qui a accueilli à bras et bars ouverts les festivaliers : jeunes, mélomanes de tous âges et familles venues partager de bons moments. Dans les rues, l’activité a régné sans arrêt pendant trois jours et de nombreux petits concerts/guinguettes ont pris place un peu partout dans l’espace public.

Concerts, spectacles jeunesse ou activités étaient proposées dans les rues de St-Brieuc

Spécificité d’Art Rock depuis maintenant 13 ans : la formule Rock’n Toques ! Pendant les trois jours du festival, des mets de street-food gastronomique à petits prix ont été préparés par 20 chefs dont cinq étoilés, un artisan crêpier et deux cavistes. Tout cela au gré des sonorités rock sous le chapiteau du « Village ». C’était l’occasion rêvée pour les fins gourmets de se régaler des produits de notre région.

Pour le cru 2022 et comme chaque année, le chef du restaurant étoilé Sous-La-Tour à Plérin Nicolas Adam innove sans cesse en allant jusqu’à ouvrir une rôtisserie directement sur le site en 2019 ! Pour 8€ le plat, 4€ le dessert et le p’tit creux ou 17€ pour le brunch du dimanche midi (queue garantie), petits et grands ont pu savourer entre autres des pâtisseries extravagantes, des Bo buns pour tous les goûts ou encore des krokettas audacieuses au poulpe.

Dès l’arrivée dans le centre de Saint-Brieuc, aux abords de l’entrée du festival, les délicieuses effluves de nourriture saisissent les narines. Installé au cœur du Village d’Art Rock et organisé par celui-ci avec la complicité de l’Office de Tourisme, Rock’n Toques rythme le festival grâce à des invités et des nouveautés. Pour les amateurs de musique et de gastronomie, la recette fait mouche ! En face des artistes du métro parisien venus partager leurs couplets sur scène, les cuisines de Rock’n Toques ne manquent pas d’activité car, dès vendredi c’est une queue quasi ininterrompue de fines bouches et petits goinfres qui s’est formée devant le chapiteau. Sur chaque plateau, le met proposé bénéficie d’une présentation travaillée, d’une multiplicité des saveurs et d’une finesse évidente.

Samedi soir, Nicolas Adam, accompagné de son équipe, et Juliette Armanet se sont plongé.e.s dans la préparation d’un pain pita garni de poulet mariné, citrons confis, olives et herbes. En parallèle et dans une ambiance bon enfant, Mathieu Aumont d’Aux Pesked, est revenu après un succès le midi, avec ses apprentis du Lycée Marie Balavenne. Il a réalisé un okonomiyaki de blé noir au poisson mariné, plat japonais composé d’une pâte enrobante, ici revisité à la sauce bretonne. Pour continuer dans les saveurs salées, Jonathane Leroy, accompagné de son équipe du restaurant Le Brézoune, a revisité le kouign amann afin d’en faire un burger original, garni de boeuf, lard, légumes et camembert. Délicieux ! Si l’envie vous en prenait, des Bo Bun végan et viandards étaient confectionnées avec amour et surtout par Kim Martin du Zen.

Concernant les notes sucrées, il fallait compter sur la Maison Brieuc et Alexandre Clolus pour un délice vanillé. Mention spéciale pour la pâtisserie Nina et son pâtissier, Fabien Cantin, pour un chou rock explosif aux accents de fraise citronnés.

Dimanche midi était un jour de fête ! Au menu : brunch dès 11 heures avec aux commandes Nicolas Adam, Mathieu Aumont et Lionel Hénaff. Ont ainsi été dégustés des blinis Pequillos au bouillon de crevettes et nouilles Soba, en passant par les fameuses krokettas au poulpe, cochon et pommes de terre. Une fois le plat choisi, un assortiment de fromages du Vercors et de beurre au sobacha (thé de sarrasin) a fait de l’œil aux plus gourmands.

Malgré deux services à 11h30 et 13h qui ont permis de réduire l’affluence , la queue n’a pas fini de désemplir et tout a été mangé ! Pas de gaspillage bien sûr. Rappelons le : Rock’n Toques c’est aussi un événement écoresponsable où l’utilisation de contenants recyclables ou réutilisables est une des approches ! S’est ainsi créée une véritable chaîne de recyclage sur le site du festival.

Dimanche soir, pour clôturer ces péripéties gastronomiques, Mathieu Robillard du restaurant Le Beven a mis en avant son cochon crispy, spicy et iodé tandis que Gwenaël Lavigne et son équipe du O Saveurs ont préparé leur Breizhel de bœuf à la bière. Pour les douceurs, la chocolaterie Abalain et la pâtisserie Antoine Le Nôtre ont distribué les caresses à la mangue-nougatine pour l’un, à la fraise-sarrasin pour l’autre avec sa Grenade inspirée de Clara Luciani.

Rock’n Toques, grâce à des menus variés mais limités à quatre plats et deux desserts, permet de travailler chaque plat comme un plat unique. Les saveurs se répondent entre elles à l’instar d’un concert symphonique et la bonne humeur communicative en cuisine a bientôt gagné tout le chapiteau où les conversations enjouées allaient bon train. Derrière, dans les cuisines, les encouragements sont de rigueur pour des équipes qui se préparent depuis quelques semaines à ce marathon culinaire. Nous avons interrogé certains de ces apprentis chefs sur la rudesse de l’exercice : « C’est épuisant parfois, il faut sortir beaucoup de plats à la minute sans qu’il ne refroidissent trop vite. C’est un pli à prendre mais tout se fait dans la bonne humeur et la convivialité ! En plus, cela met un beau coup de projecteur sur le métier qu’est la restauration ainsi que sur les produits phares de notre région ».

Chef d’orchestre de cette 13ème édition, Nicolas Adam a pensé à tout puisque des petits creux étaient disponibles de 15h à 18h sous la forme de crêpes blé noirs ou froment confectionnées par Youenn Allano ! Au total, sur l’ensemble du week-end où tout a été sold out (chapeau les artistes !), les 300 bénévoles de brigades ont servi un total étourdissant de 7 500 plats, 5 800 desserts, 950 brunchs. Pari plus que réussi pour la 13ème édition de Rock’n Toques.

Prendre soin des papilles et ouvrir les écoutilles !

Du Rock dans la Toque : c’est le crédo d’Art Rock. Côté musique, après un vendredi pluvieux, les organisateurs, et en particulier la directrice Carol Meyer et sa programmatrice artistique Alice Boinet, ont croisé les doigts pour une météo plus clémente. Par chance, leurs prières ont été entendues et samedi, les artistes ont pu défiler sur les différentes scènes sans que le ciel breton n’en fasse des siennes. Damien, 22 ans, est venu de Trégueux avec sa bande d’amis, il nous raconte : « Hier on était complètement trempés, jusqu’aux genoux ! Ça ne nous a pas empêché de profiter du son et d’être ensemble. En Bretagne, on a l’habitude après tout ! On espère qu’aujourd’hui on pourra rester au sec cela dit ».

Sur la Grande Scène samedi, c’est James BKS le fils du célèbre et regretté trompettiste Manu Dibango qui a lancé les hostilités sous le soleil, avec ses mélodies traditionnelles du Cameroun teintées de sonorités hip-hop et électroniques. Après lui, c’est le duo des sœurs franco-cubaines du groupe Ibeyi qui a électrisé le festival grâce à des instrumentales rythmées, une énergie débordante et une connivence avec un public venu en nombre.

De beaux moments de musique ont suivi avec notamment Gaël Faye; le poète multi casquette s’est invité sur la Grande Scène d’Art Rock pour un moment suspendu tout en poésie et en danse sur des rythmes afro et latino. L’artiste franco-rwandais en a profité pour interpréter certains de ses nouveaux morceaux, qui sortiront dans un nouvel EP le 1er juillet. Entre deux chansons, il a d’ailleurs déclaré au public : « Vous savez ce qu’on dit sur vous, les Bretons ? Vous êtes comme les Congolais, vous avez inventé l’ambiance ! »

Après nous avoir régalé les papilles, Juliette Armanet s’est assurée du bon fonctionnement de nos oreilles grâce à une performance calibrée et à l’esthétique léchée. Ce moment de partage avec son public a été l’un des moments forts du festival. Sur les coups de minuit, c’est le groupe S+C+A+R+R qui s’est chargé de clôturer la soirée de samedi sur la Grande Scène en proposant un show XXL coloré et joyeux, ponctué de performances de danse de son leader, non sans rappeler le style voguing.

La scène B a elle aussi bougé au son des productions pop-house d’ANNAEL ou du rock psyché, post-punk du groupe rennais Guadal Tejaz ! À l’occasion du festival nous avons échangé quelques mots avec le quatuor. (interview prochainement à découvrir)

Les noctambules ont pu suivre jusqu’à 3:00 les aventures de STRUCTURES qui ont donné un aperçu de leur style « rough wave », entre brutalité et émotions, rythmes polis et mélodies répétitives.

Le Petit Théâtre a aussi accueilli des shows intimistes comme Poté qui mêle les styles dans une invitation à danser au gré des rythmes caribéens, de soul aux teintes électroniques. Dimanche, on a pu aussi y voir Léonie Pernet, accompagnée de son éternelle voix grave pour un concert romantique et émouvant.

En marge de la musique se tenait également l’exposition Miracles et Mirages d’Adrien M & Claire B au Musée de Saint-Brieuc. Destinée aux curieux, l’installation nous faisait plonger dans le monde de la réalité augmentée afin de créer des tableaux surréalistes, nés de la fusion entre art « conventionnel » et modernité. Équipés d’une tablette tactile, les visiteurs sont partis à l’aventure dans un monde étrange, repoussant les limites du monde physique.

La journée de dimanche, rythmée par le Brunch made in Rock’n Toques, l’équipe de gastronomes a attiré une foule de gourmands. Sur scène, le week-end s’est terminé avec des prestations entre autres de Jane Birkin, Clara Luciani ou Laylow sur la Grande Scène mais aussi Jäde ou Gwendoline du côté de la scène B.

Art Rock, grâce à Rock’n Toques, ce sont trois jours de sollicitations sonores et gustatives sur Saint-Brieuc ! On en repart ravis et repus grâce aux fusions artistiques des chefs et musiciens !

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