
Dans son atelier de découpe et de polissage du verre, installé dans son garage à Saint-Grégoire, Stéphane Labat transforme des bouteilles vides en créations : vaisselle, chandeliers et autres objets décoratifs. Son objectif est de familiariser ses clients au recyclage et d’imaginer de multiples utilités à des objets dits “consommés”.
Si Stéphane Labat préfère garder une aura de mystère sur son identité, il parle volontiers de ses créations à base de bouteilles en verre recyclées. C’est d’ailleurs ce qui nous emmène au fond de son garage dans son atelier fait-maison, devenu son lieu de travail…

La cave à vin de Stéphane Labat possède en effet une particularité rare : un étage est consacré à des bouteilles vides. Pour quelle raison ? Depuis un an, le jeune retraité de 60 ans, qui bénéficie d’un plan de préretraite spécifique à son ancienne entreprise, conserve les bouteilles en verre pour en faire des créations upcycling, ou « surrecyclage » qui réinventent complètement l’usage initial de l’objet : des vases, des verres, des tasses de café et pleins d’autres objets encore.
Dans cet espace qu’il côtoie au quotidien, il commence par couper les bouteilles : « L’objectif, c’est que chaque partie de la bouteille me soit utile », explique-t-il. Ainsi, le bas devient un verre, et le haut devient la moitié d’un bougeoir. Il découpe ce matériel soit à la lame, soit au choc thermique. Ensuite, il polit les rebords et les lisse à l’aide d’une série de limes. Selon l’objet, une création prend entre 15 minutes et une heure : « Les verres sont les plus rapides à faire. En revanche, les lampes sont plus longues, notamment avec la quincaillerie luminaire à installer ».
Pour se faciliter la tâche, l’artisan ne manque pas d’idées : « Pour maintenir une bouteille en place, j’ai fabriqué un étau circulaire qui se resserre et se desserre à ma guise », montre-t-il fièrement. De même pour le nettoyage, les idées fusent : couper et limer du verre laisse dans l’air du silice, soit les micro grains de verre, alors, il glisse dans une ancienne bouteille ouverte son aspirateur afin de récupérer cette poussière volante et très dangereuse pour sa santé.
Mais son objectif n’est pas encore entièrement atteint : il recycle le contenant de la bague à l’épaule, du fût au cul de bouteille, mais il reste donc un anneau de verre. Stéphane travaille en ce moment dessus pour lui trouver une utilité : « Je m’imagine faire des bijoux peut-être ? Fondu, cela donne un anneau uniforme assez original qui pourrait faire un pendentif » suggère-t-il. Lorsqu’il doute sur ces idées de créations, il sait sur qui compter. S’il est seul dans son atelier, sa femme Isabelle l’accompagne dans les marchés et le conseille aussi dans la démarche artistique. Elle lui donne souvent des suggestions pour qu’il puisse se concentrer sur la partie technique brute.
Une démarche de sensibilisation au recyclage
Stéphane a rapidement monté une micro-entreprise afin d’avoir une légitimité s’il souhaite plus tard démarcher des partenariats, mais il sait qu’elle ne viendra pas concurrencer le gros marché de la vaisselle de seconde-main ou de l’upcycling et qu’elle sera très rentable. Son envie est tout autre : il veut sensibiliser ses clients à l’upcycling : « Déjà, je suis pour la consigne de toutes les bouteilles en verre [les redonner au fabricant qui les nettoie et les réutilise, ndlr.]. Et au-delà de ça, les objets que je fabrique offrent un usage totalement différent que de simplement contenir un liquide et évitent le gaspillage ».
Dans cette optique, l’artisan a volontairement gardé des prix accessibles. Il amortit l’achat du matériel, mais profite de ne pas avoir à payer des charges patronales, de salaires ou encore de locaux : « cela me rend indépendant de cette activité. Si elle s’arrête demain, je ne suis pas à la rue », rigole Stéphane. Le 24 mai 2025, il a profité du marché de créateurs Artchievers pour démarcher des restaurants et des cavistes pour livrer à des professionnels, mais compte aussi multiplier les marchés de Noël.

