Le Joli Collectif vous invite à L’Aire Libre le 15 septembre 2023 pour présenter sa nouvelle saison. Installée en janvier dans la salle de spectacle de Saint-Jacques-de-la-Lande, Ille-et-Vilaine, à la suite du CPPC qui n’a pas été reconduit, la nouvelle équipe traçait à Unidivers les grandes lignes de son projet (voir notre article). Aujourd’hui, elle précise sa programmation et ses actions qui visent à gagner en ouverture artistique et présence territoriale. La saison du Joli Collectif souffle un vent nouveau sur L’Aire libre ; non un air outragé, non une aire brisée, mais un théâtre libéré. Rencontre.
Diversification et hybridation des formes, des spectacles dédiés à la jeunesse, des temps forts fédérateurs, l’accessibilité, l’attractivité et la volonté de faire avec les habitants et les structures locales. Voilà les grandes lignes que nous décrivait le Joli Collectif lors de son arrivée à L’Aire libre de Saint-Jacques-de-la-Lande en janvier 2023. Installées dans la cour de la maison des artistes, juste derrière le théâtre, Enora Boëlle, comédienne et metteuse en scène créatrice du collectif, et Jenny Dodge, chargée de production, nous en disent plus aujourd’hui.
Désormais comme chez elles à L’Aire libre, les deux membres du Joli Collectif commencent par un état des lieux des aménagements des derniers mois ou en cours. « Il y a eu des travaux de rafraîchissement dans tout le bâtiment, de la végétalisation à l’intérieur et à l’extérieur, on a réaménagé le studio de répétition dans la maison des artistes pour accueillir des premières étapes de travail. La salle du bas, sous le théâtre, va être réaménagée en petite salle de spectacle », liste Enora Boëlle. Parmi les nouveautés : deux ateliers théâtre hebdomadaires à destination des enfants et des ados, exit le bar-restaurant de la société Manger Bon, bienvenue la petite restauration les soirs de spectacle. Ces mêmes soirs, dans le hall, sera proposée par la librairie rennaise La Nuit des temps (voir notre article) une sélection de livres composée par les artistes invités et l’équipe du Joli Collectif. L’Aire libre accueillera aussi des artistes et compagnies en résidence. « On a encore des enveloppes libres pour coproduire des artistes », ajoute d’ailleurs Enora Boëlle.
De janvier à juillet, en plus de gérer la fin de saison de L’Aire libre, le Joli Collectif a procédé à un intense travail de relation avec les publics, « sur les chemins de Saint-Jacques », comme le raconte, amusée, Enora Boëlle. L’objectif était d’aller à la rencontre du territoire, de ses structures et associations, de ses habitants, dans l’idée de « faire avec, et pas que pour », précise Jenny Dodge. À titre d’exemple, pendant le premier temps fort de la saison, Vivantes, des membres d’une association de danse viendront épauler Johanna Rocard dans son spectacle Le Bal des ardentes, tandis que l’association La Clé du champ cuisinera un repas turc avec les produits de son champ. « En fonction des formes artistiques qu’on accueille, on propose à telle ou telle association de s’impliquer, d’assister à la représentation, à une rencontre en fin de spectacle », commente Jenny.
Une part importante de ce démarchage s’est tourné vers les structures scolaires, de la maternelle au lycée. « Il y a une grosse attente de leur part, qu’on ne va pas pouvoir combler en une saison », affirme Enora Boëlle. Cela dit, alors que L’Aire libre n’avait jusque-là qu’une proposition par an pour le jeune public (dans le cadre d’un partenariat avec le festival Marmaille), dès cette année toutes les classes d’âge, de 0 à 18 ans, auront droit à un spectacle, parfois même en classe ou en crèche, ou à une résidence artistique en milieu scolaire. Le Joli Collectif noue aussi un partenariat avec les Beaux-Arts de Rennes (EESAB), dont les étudiants suivront un module de cours à L’Aire Libre avec une restitution sur scène en fin de saison.
Ces liens sont le reflet des nouveautés souhaitées par le Joli Collectif dans la programmation de L’Aire libre. Au nombre de celles-ci figurent le croisement des disciplines artistiques (comme dans La Fracture de Yasmine Yahiatène, qui mêle théâtre, vidéo et dessin) l’accent sur la jeunesse (par exemple, le spectacle Filleuls de Lucien Fradin, à partir de 8 ans) l’envie de « faire avec » l’environnement immédiat (c’est le cas de Toujours plus haut d’Erdit Asllanaj et Barbara Atlan, créé à partir de Saint-Jacques-de-la-Lande et de son histoire) et de sillonner le territoire en proposant des spectacles hors les murs aussi (Sac à dos d’Enora Boëlle qui sera joué dans les écoles).
L’offre de spectacles s’enrichit aussi d’un point de vue quantitatif : une trentaine de spectacles seront proposés cette année, le double des précédentes saisons de L’Aire libre, avec à chaque fois des séances destinées au public scolaire. Côté tarifs, le Joli Collectif vise une meilleure accessibilité, avec des tarifs réduits pour chaque spectacle, mais aussi un pass pour tous les spectacles à partir de 50 € (30 € pour les étudiants). La formule avait fait ses preuves au Théâtre de poche d’Hédé-Bazouges, que gérait le Joli Collectif de 2013 à 2023. D’ailleurs, le pass pour L’Aire libre donne également accès à des tarifs réduits au Théâtre de poche.
En fait, le Joli Collectif souhaite faire de L’Aire libre une « maison de vie », affirme Jenny Dodge. « Une maison des artistes, où on accueille pour de la diffusion et de la création, mais aussi une maison des publics, une maison qui vit au-delà du plateau, où on fait la fête aussi », développe-t-elle. Ainsi, chaque représentation sera accompagnée de befores ou d’afters pensés en lien avec le spectacle, comme un prolongement convivial et festif. Rencontres avec les artistes, lectures, DJ sets ou petits concerts en collaboration avec des structures musicales locales, ce sont autant de moments qui prolongent les discussions et qui ramènent le spectacle à une de ses natures profondes : une occasion de se rencontrer autour des arts.
Dans cette logique de créer des instants fédérateurs autour des arts du spectacle, L’Aire libre intégrera désormais trois temps forts au cours de sa saison. Le premier d’entre eux, Vivantes, marque la rentrée de la salle du 29 au 30 septembre. Le second, Bal, aura lieu du 21 au 23 mars. Monde conclura la saison du 5 au 9 juin. Chaque temps fort déclinera le projet global du Joli Collectif selon sa thématique. Bal sera un événement à destination de la jeunesse et, dans la mesure du possible, organisé par des jeunes. Sont d’ores et déjà prévus deux spectacles sur le récit de soi, entre théâtre et danse hip hop, ainsi que la restitution d’un atelier mené avec des lycéens du Rheu. Monde, en lien avec le projet Résidences en mouvement, mettra à l’honneur deux aires géographiques, cette année la Caraïbe francophone et le Québec.
Quant à Vivantes, le programme est déjà fixé : théâtre évidemment, danse, projection, bal, DJ set, avec « pas mal de projets qui interrogent le rapport entre la scène et la salle », ajoute Jenny Dodge. Elle cite ainsi Twist de Yan Duyvendak et Kaedama, une pièce-escape game où les spectateurs montent sur scène pour résoudre des énigmes et créer le spectacle collectivement. D’autres spectacles mêleront les disciplines artistiques : L’Amour de l’art de Stéphanie Aflalo, une conférence performance sur la peinture, En Reconnaissance de Gaëtan Rusquet, entre danse et performance, ou encore Le Bal des ardentes, un dancefloor thérapeutique dans l’univers haut en couleur de Johanna Rocard. Temps fort en forme de pendaison de crémaillère, Vivantes invitera dans les différents espaces de L’Aire libre, mais aussi aux alentours et dans l’école Eugène Pottier à côté.
Généreuse, ouverte, accessible et participative, la saison du Joli Collectif souffle un vent nouveau sur L’Aire libre ; non un air outragé, non une aire brisée, mais un théâtre libéré. Rendez-vous à Saint-Jacques-de-la-Lande.