Dans un communiqué publié en juin dernier, la mairie de Saint-Malo prenait la décision d’abandonner le projet du nouveau musée d’Histoire Maritime de la Ville de Saint-Malo, dont l’ouverture était prévue pour avril 2022. Dans les tuyaux depuis quatre ans, le dépassement budgétaire dans la procédure d’appel d’offres aura eu raison de l’ambitieux projet du cabinet d’architecte Kengo Kuma…
L’idée d’un musée d’Histoire Maritime (MHM) dans la Cité corsaire ne date pas d’hier. L’ancien maire René Couanau en parlait déjà pendant son mandat, au début des années 2000. Lancé par l’ancien maire Claude Renoult en 2017, puis repris par son successeur Gilles Lurton en 2020, le projet restera, pour le moment, un mirage à l’horizon.
Envisagé en bord à quai du bassin Duguay-Trouin, en lieu et place des anciens silos, quai de Terre Neuve, le bâtiment avait pour objectif de valoriser les collections maritimes anciennes et contemporaines de la ville portuaire.
En 2017, le cabinet d’architecte japonais KENGO KUMA est retenu pour assurer la maîtrise d’œuvre pour la construction du bâtiment. De leurs esquisses, on retient l’architecture de verre, de 35 mètres de hauteur, à cinq niveaux. La Commission d’Appel d’Offres avait alors attribué ce marché sur la base d’une enveloppe de 12 750 000 € HT (14 900 000 € en incluant le taux de tolérance de 3%).
Cependant, il a rapidement été établi que le projet en l’état ne respectait pas le budget et nécessitait une optimisation. « Le bâtiment a perdu, par rapport à l’esquisse du concours un niveau et la surface utile est passée de 4 805 m² à 4 440 m² », lit-on dans le communiqué de presse. En juin 2019, le coût définitif des travaux aurait dû s’élever à 14 450 000 €.
Les estimations budgétaires trop élevées des entreprises du premier appel d’offres, en novembre 2019, et l’annonce du premier confinement en mars 2020, quelques jours seulement après la publication du deuxième appel d’offres, sont autant de facteurs qui ont mis à mal l’avancée du projet.
Après ces deux essais infructueux, le troisième appel d’offres est lancé par la municipalité du nouveau maire en place, Gilles Lurton, en juillet 2020. 40 offres remises dans les délais sont alors étudiées. « Le coût estimatif des travaux s’élève aujourd’hui à 21 148 523 € HT. Cela correspond à une augmentation de 46 % par rapport au coût d’objectif de 14 450 500 € HT proposé par le maître d’œuvre et validé par la Maîtrise d’ouvrage en 2019. »
Une telle explosion du budget pousse la mairie à s’interroger sur la viabilité du projet. Une analyse financière est demandée à la DRFIP (Direction Régionale des Finances Publiques) et les conclusions ne laissent place au doute : le coût global dépasserait les 45 millions d’euros, en comptant la construction du bâtiment, la muséographie, les réserves, etc. Face à ce constat, la sentence est finalement tombée en juin dernier, la Ville de Saint-Malo ne peut poursuivre le projet de Kengo Kuma, trop ambitieux pour l’enveloppe attribuée. « La Ville de Saint-Malo ne peut pas se permettre d’augmenter de manière substantielle le budget qui lui est alloué », apprend-on de nouveau dans le communiqué.
Pour autant, la création du musée restera une priorité pour la Ville de Saint-Malo. « Si le projet en l’état est abandonné, le Maire a d’ores et déjà mobilisé son équipe et les services municipaux pour mener une nouvelle réflexion permettant de conserver un projet ambitieux, tout en veillant à maîtriser le budget de la Ville », conclut la municipalité.
Lire ici l’avant-projet sur le site de la ville de Saint-Malo ainsi que la biographie de Kengo Kuma.