RENNES. L’ART SANS RESERVE ET POLITIQUE DU FRAC BRETAGNE EN EXPO

Les quelques 5 000 œuvres de la collection d’art contemporain du Frac Bretagne sont de sortie pour une remise en valeur jusqu’au 26 avril 2020. La première plongée d’Étienne Bernard dans les collections se veut Sans Réserve. Que cachent ces murs de béton ? De quelle manière vit une collection ? Que dit-elle ? Réponses en exposition par Etienne Bernard qui aime sans réserve ce FRAC qu’il a reçu de Catherine Elkar sans réserve.

frac bretagne sans reserve
Au revoir le vide central, bonjour Le Canyon ! Le directeur Étienne Bernard et l’artiste Anaïs Touchot invitent le public à venir se détendre au Pédilove.

« Je ne m’intéresse pas uniquement à l’art, je m’intéresse à la société dont l’art n’est qu’un aspect. Je m’intéresse au monde en tant que tout, un tout dont la société n’est qu’une partie. Je m’intéresse à l’univers dont le monde n’est qu’un fragment » (Robert Filliou)

L’installation du moulage de la New Beetle renversée d’Étienne Bossut et les nouveaux dispositifs de l’artiste Anaïs Touchot posent le cadre : un vent de fraîcheur souffle sur le Frac Bretagne. Désormais, dès l’entrée de cet équipement culturel original, le public plonge dans les collections. L’art vit dans les lieux, il envahit tous les étages. Avec cette évocation de l’industrie automobile, notamment du dernier scandale de Volkswagen (la minoration des émissions carbone de leurs véhicules ; soit 948 064 voitures sur le territoire français), l’exposition Sans Réserve démarre sur les chapeaux de roues.

« Le Frac Bretagne est un lieu très carré où le chemin est déjà tracé de manière presque solennelle. Installer des œuvres de-ci delà le rend plus attractif », souligne Étienne Bernard. Dont acte : la reproduction de Warhol Flower de Sturtevant sur les façades vitrées de la cafétéria guide le visiteur vers les salles d’exposition.

Une collection Sans réserve

Comment vit la collection du Frac Bretagne ? Comment se déroule une acquisition ? La restauration d’une œuvre ? Une fois acquise, une œuvre n’est pas seulement exposée à l’occasion, elle est bichonnée et choyée. Une équipe de spécialistes prend soin d‘elle ; d’autres s’occupent de son entretien général et de ses restaurations si nécessaire. Tout un circuit existe derrière les murs du Frac Bretagne, une activité invisible en temps normal, aujourd’hui révélée au grand jour.

À la faveur d’un vaste programme d’entretien de la collection – laquelle recense non moins de 5000 œuvres, – la parole est donnée aux acteurs qui font vivre le lieu. Transformée en réserve visitable le weekend, la galerie Sud est dédiée à la machine du Frac Bretagne ; le visiteur en découvre les coulisses. Photographies et peintures se font face en une accumulation artistique contemporaine. Les œuvres se bousculent sur les grandes grilles blanches au fil des restaurations et confrontent le spectateur à l’histoire de la collection du Frac Bretagne en toute simplicité.

Une exposition Sans réserve

S’engager, prendre position, militer ? La politique promue à travers le prisme engagé, voire apologétique, d’artiste ne date pas d’hier : la naissance de la modernité avec les tableaux de Goya, les fresques murales de Banksy, les architectures écologiques de Friedensreich Hundertwasser ou plus récemment les dessins de Zehra Dogan auquel Unidivers a consacré un article lors de l’exposition Les Yeux grands ouverts à l’Opéra de Rennes. Le discours d’ordre politique et social accompagne l’art depuis des siècles et, singulièrement avec les Temps modernes. Depuis Lascaux, l’artiste observe le monde, échange avec lui et convoque des émotions, de l’anecdotique, du non-dit, du suggéré. Le discours d’ordre politique et social accompagne l’art depuis des siècles et, singulièrement avec les Temps modernes.

« Transformer le monde a dit Marx, changer la vie a dit Rimbaud, ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un », André Breton (1896-1966), Position politique du surréalisme, Discours au Congrès des écrivains, 1935.

Nombre d’artistes choisissent ce moyen d’expression afin d’évoquer des problématiques sociétales qui leur sont chères. Telle est la ligne directrice choisie par Étienne Bernard pour cette première exposition sous sa direction. « Je ne parlerai pas de commissariat d’exposition, car Sans Réserve ressemble plus une proposition dans le but de transmettre une revendication au public. Au vu de la collection, le prisme de la politique me semblait intéressant », déclare-t-il face aux Sky Writing de Robert Filliou qui ouvrent le bal des revendications politiques et artistiques.

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Une plongée au cœur du Frac Bretagne attend le public

Sans tomber dans l’ornière d’un pêle-mêle brutalement revendicateur, la cinquantaine d’œuvres sélectionnées par Étienne Bernard problématise ce qui anime le monde contemporain et interroge la société. Des années 60 à aujourd’hui, les œuvres sélectionnées invitent le public à réfléchir et s’émouvoir en fonction des sensibilités de chacun : révolution, conflit armé, diversité culturelle, écologie, etc.

Une diversité de supports se rencontre dans une scénographie épurée dans le respect des codes de l’art contemporain. L’installation praticable de Cyrielle Mariën côtoie les images de Martha Rosler où se confrontent couples de pouvoir et reportages de guerre. Plaque tournante de l’exposition, ce kiosque musical favorise une rencontre artistique entre les différents supports.

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De gauche à droite : Martha Rosler, House Beautiful (Giacometti) (1967-1972) / Jacques Villeglé, Rue de l’Échaudé Saint Germain, Paris (1er janvier 1965) / Ahlam Shibli, Trackers n°2 6 (2005).

D’un côté, l’objectif d’Ahlam Shibli observe les activités militaires de Palestiniens d’ascendance bédouine, volontaires dans l’armée israélienne ; de l’autre, le prélèvement d’affiches lacérés par les passants à Paris de Jacques Villeglé. Devant les yeux du visiteur, un plongée dans le regard de Parisiens de 1965 se confronte à celui d’hommes capturés au plus près de leurs vies par le photographe, 40 ans plus tard.

Sous les formes les plus variées – photographie, vidéo, installation, peinture – les gestes artistiques de l’exposition Sans Réserve interpellent, contestent les structures de pouvoirs et établissent un constat sociétal à l’échelle internationale. Sans jugement, le débat est amorcé, l’échange citoyen également.

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De gauche à droite : Roland Fischer, Sans titre #34 de la série Los Angeles Portrait (1993) / Martha Rosler, First Lady (Pat Nixon) (1967-1972) / Jean Hélion, Le Homardier (1975).

EN BUS
Ligne C4 – direction Grand Quartier (Arrêt Cucillé, Léonard ou Dulac)
Ligne 14 – direction Beaulieu – Atalante (Arrêt Cucillé ou Léonard)
Horaires sur www.star.fr

EN MÉTRO
Direction J.F. Kennedy – Arrêt Villejean-Université
+ poursuivre avec le BUS C4 – direction Grand Quartier (arrêt Cucillé, Léonard ou Dulac)
+ poursuivre avec le BUS 14 – direction Beaulieu – Atalante (Arrêt Cucillé ou Léonard)
Horaires sur www.star.fr

A VELOSTAR
Station 55 – Préfecture

EN VOITURE
Depuis la Rocade nord – Sortie 13a « Z.A. Nord »
+ suivre Rennes, quartier Beauregard Administrations
COORDONNÉES GPS : LAT X LON 48.130603, -1.695583 – N48° 7M 50.171S x W1° 41M 44.099 S

EN AUTOCAR
Une zone de dépose minute pour les cars de tourisme est située devant le Frac Bretagne.

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