Après Miss Tic, War, Pedro, Tom Nelson et bien d’autres, c’est au tour de Sean Hart d’investir les murs du TAO (Triangle Œuvre d’Art), galerie d’Art évolutive à ciel ouvert dans le quartier du Blosne à Rennes. Unidivers a rencontré l’artiste Sean Hart afin d’en apprendre davantage sur ses phrases percutantes qui font mouche.
Peut-être avez-vous déjà aperçu les œuvres de Sean Hart sans le savoir. Comment est-ce possible : une galerie sélect, un nouveau concept d’œuvre invisible ? Rien de tout cela ! Ses œuvres sont visibles par tous puisque depuis 2014, Sean Hart intervient illégalement dans le métro parisien. L’illégalité lui offre une liberté totale dans le propos. L’artiste rappelle cependant, et ce à juste titre, que la subversivité du message ne tient en aucun cas à la légalité ou non de l’action. En janvier 2016, le SYTRAL (Syndicat Mixte des Transports pour le Rhône et l’Agglomération Lyonnaise) lui passe même commande d’une exposition pour le métro lyonnais.
C’est en janvier 2014 qu’il intervient pour la première fois dans le métro, à la station Porte des Lilas à Paris. Reprenant la mention apposée sur les imprimés, son projet intitulé « Ne pas jeter sur la voie publique » fait dès lors référence au domaine de la publicité. Il colle ainsi une affiche en papier sur un support publicitaire de type 4×3. L’inscription qu’elle porte est annonciatrice de son travail à venir : « La Liberté se prend comme se donne la vie : avec violence et dans le bruit. »
Son attrait pour les espaces publics et les transports en commun n’est pas un hasard pour celui qui a commencé par prendre des photos de graffitis d’anonymes dans la rue. Les affiches de Sean Hart proposent une alternative aux diktats de la publicité et des mass-medias en général. Il suffit d’observer autour de nous pour voir à quel point nous sommes entourés d’images : de la presse papier aux espaces d’affichages en passant par les écrans. Devenue habituelle, cette pollution visuelle nous amène à voir sans regarder.
Au détour d’un escalator ou d’une rame de métro, les phrases courtes de Sean Hart créées la surprise. Surgissement poétique et artistique dans le quotidien, elles provoquent des moments singuliers et éphémères de la possible rencontre d’une œuvre avec son public. Les phrases, majoritairement écrites par l’artiste, prennent des tonalités poétiques, philosophiques ou plus politiques parfois. Elles ont en tous cas pour dénominateur commun de susciter la réflexion. Ainsi au gré des déambulations dans le métropolitain, pouvons nous lire : « La sécurité est un danger » ; « L’argent est pauvre » ; « Frauder l’ennui » ou encore « Squatter l’instant ». De quoi laisser songeur, n’est-ce pas ?
En véritable artisan des mots, Sean Hart jongle à la perfection avec les oxymores, les slogans et la polysémie des mots. Ce « parasitage » du quotidien devient une invitation au déplacement. Déplacement mental où les mots engendrent des images et déplacements physiques où les circulations offrent autant de points de vue qu’il y a de regardeur. Ce don des œuvres à l’espace public, que le regardeur est par ailleurs libre de recevoir ou non, est aussi lié à la dégradation possible de celles-ci.
Les lettres capitales en blanc sur fond noir ou l’inverse, et les phrases soulignées sont devenues sa signature. Cette typographie épurée, Sean Hart l’a nommé Mydriasis, terme signifiant le phénomène de dilatation des pupilles causé par un sentiment positif, par la prise de drogue ou lors de la vision dans la pénombre.
L’ouverture sur les lieux et les gens font de Sean Hart un artiste nomade. Il se décrit d’ailleurs comme vivant et travaillant in situ. Ses phrases s’exportent au-delà de la France puisqu’il mène des projets en Afrique et en Amérique du Sud. Sean Hart passe plusieurs mois de l’année à l’étranger à la rencontre des habitants. En effet, sa démarche artistique s’inscrit dans une dimension profondément humaine. Loin de s’imposer, Sean Hart tisse des liens avec les populations locales. L’utilisation de plusieurs langues telles que le wolof, bété, zoulou, lari ou encore l’arabe phonétique permet de rendre ses messages compréhensibles par les habitants tout en se distinguant de la publicité. L’utilisation des langues locales suscite plus de réactions et conduit les habitants à échanger avec l’artiste pour connaître ses motivations.
Les phrases font parfois écho aux contextes politiques, sociaux et économiques du pays. À Brazzaville (Congo), la phrase « La vie est mouvement » lui vaudra un interrogatoire par les autorités locales. L’exemple des interventions à Dakar fournit également une illustration de la dimension plastique des projets. Les irrégularités des parois en bois des maisons ou la tôle ondulée créant des jeux de matière. Le recouvrement d’une œuvre par des tags montre que l’art est là aussi pour susciter d’autres expressions, quitte à ce qu’elles se superposent.
Artiste pluridisciplinaire et animé par un souci du collectif, Sean Hart est vidéaste et scénographe dans une compagnie de théâtre itinérante (LZD- Lézard Dramatique). En parallèle de son travail d’écriture personnelle, Sean Hart mène également des ateliers d’écriture avec des enfants, à Mexico par exemple.
Après une proposition de dix phrases dans le cadre du projet Triangle Œuvre d’Art, trois ont été retenues. Unidivers a découvert en avant-première les phrases peintes par Sean Hart. En espérant qu’elles vous surprendront et questionneront autant que pour nous. Nous n’en dirons pas plus…
Le vernissage de l’oeuvre de l’artiste Sean Hart aura lieu au TOA (Triangle Œuvre d’Art), galerie d’Art évolutive à ciel ouvert, à Rennes le jeudi 16 février 2017 à 18h30, entrée libre.
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TOA est une galerie d’art gratuite à ciel ouvert au centre du Blosne, quartier en pleine mutation. SEAN HART rejoint War, Miss Tic, ŽI, Pedro, Leyto, Océd’Arts, Tom Nelson et M. Larnaudie sur les murs du Triangle.
En quelques mots incisifs lancés en grand format, l’artiste franco-écossais Sean Hart déploie son univers à l’international. Il diffuse ses messages en lettres capitales dans l’espace public grâce à une typographie qu’il a lui-même créée et qui est devenue sa marque de fabrique. Elle se caractérise par sa lisibilité et permet à Sean Hart d’utiliser plusieurs langues.
Ses slogans décalés, politiques et optimistes percutent l’espace public.
Crédits photos : Sean Hart