Sidragtion, c’est la communauté drag qui prend part au week-end du Sidaction, du 24 au 26 mars 2023. Rennes se joint au mouvement pour la première fois cette année avec une série d’événements organisés par les artistes drags de la ville. Au programme, collectes de fonds, actions de prévention et spectacles drag en tout genre.
Depuis 1994, l’association Sidaction lutte contre le virus du sida. Connue pour son événement télévisuel qui mobilise cette année 35 médias partenaires pendant trois jours dédiés à l’information et la sensibilisation, elle verse chaque année plusieurs millions d’euros à la recherche, aux actions de prévention et d’aide aux personnes vivant avec le VIH. Le maître mot de cette année : « on n’a jamais été aussi proche de jouir d’un avenir sans sida ». En effet, « l’amélioration des traitements quotidiens depuis 1996 et, plus récemment, les allégements thérapeutiques ont donné de grands espoirs aux personnes vivant avec le VIH, aux chercheurs et aux personnels médicaux. Aujourd’hui, une personne séropositive sous traitement efficace ne transmet plus le virus », peut-on lire sur le site Internet de Sidaction.
Particulièrement concernée par le sujet en tant que potentielle population à risque, la communauté drag française s’organise depuis 2016 pour apporter un coup de projecteur supplémentaire à l’événement. L’initiative démarre à Paris, impulsée par trois artistes drags : Minima Gesté, Enza Fragola et Emily Tante. Cette année, ce sont 14 villes de France et leurs artistes drags qui prennent part à l’événement : Paris, Lille, Amiens, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Marseille, Lyon, Clermont-Ferrand, Dijon, Strasbourg, Nantes, Brest et Rennes.
Rennes se joint cette année au mouvement à l’initiative de Nona de Dana. Drag queer, installée à Rennes depuis un an, elle a commencé le drag en 2018 et collabore régulièrement avec l’association Rennes Dragopole. Depuis son arrivée dans la capitale bretonne, elle a pu constater l’hyperactivité de la scène drag locale. « La scène était déjà faite, avec des lieux réguliers de drag show, des performeurs et performeuses établis. Et ça continue de bouger, notamment avec la diffusion de Drag Race France l’été dernier qui a créé des vocations et a fait découvrir le drag à un nouveau public », témoigne-t-elle.
Et selon elle, l’atmosphère de la ville n’est pas pour rien à ce développement. « Rennes est un havre de drag, une ville plutôt de gauche, où on se sent plus en sécurité que dans d’autres villes. Ici, quand les gens croisent des drags, ils sont plus interloqués qu’autre chose, ça crée le dialogue. L’aspect communautaire fait qu’il y a énormément d’entraide entre les artistes, on se tire vers le haut. Pour commencer et pratiquer le drag, c’est idéal. » Aussi, ce terrain favorable permet aux artistes drag de s’exprimer dans différents contextes : soirées musique électronique, revues cabarets, drag shows, ou animation d’événements divers comme des bingos drag. Autant de manifestations qui mettent en lumière la dimension artistique et pluridisciplinaire du drag.
On retrouvera une part de cette variété au cours du week-end Sidragtion du 24 au 26 mars 2023. Celui-ci commence par des maraudes en drag dans le centre-ville, une façon d’aller à la rencontre des Rennais et Rennaises pour collecter des dons pour le Sidaction et aborder des sujets de prévention en matière de santé sexuelle. « Ça crée l’événement de voir des drags dans la rue, et ça nous permet de nous réapproprier l’espace public qu’on évite en règle générale pour éviter les agressions ou interactions désagréables », explique Nona de Dana. Car rappelons-le, à une époque où la communauté LGBTQI+ est confrontée à de nombreux élans réactionnaires et relents transphobes, pratiquer l’art drag est plus que jamais politique.
Autour des deux maraudes du week-end, les événements s’enchaînent. Le vendredi soir, rendez-vous au bar La Cavale pour la soirée La Reine de Rennes. Dans cet événement récurrent organisé par Éva Porée, trois performeuses ou performeurs concourent pour obtenir la couronne. Ils et elles sont départagés par le public qui achète des « tips » pour soutenir l’artiste de son choix. Exceptionnellement, le montant de ces tips sera reversé entièrement à Sidaction. De plus, sera présent un stand de prévention de l’association Aides, qui lutte également contre le sida.
Le samedi, après la deuxième maraude, on retrouvera deux événements en parallèle. Le collectif Or Félin·e·s investit le bar Le Marquis de Sade pour une soirée autour du thème de l’Antiquité. De son côté, le bar L’Attrape-rêve, nouvelle adresse LGBTQI+ rennaise, accueillera le Sidragshow, une soirée à la programmation généreuse puisqu’une dizaine d’artistes s’y produiront. Ces deux événements seront de nouvelles occasions de récolter des dons pour Sidaction.
Enfin, le dimanche après-midi, la compagnie Broadway French animera un bingo drag dans les locaux de l’association du quartier Bourg l’Évêque. Le week-end se clôture par un moment de retrouvailles le dimanche soir au Marquis de Sade. Si vous ne pouvez participer à aucun de ces événements mais souhaitez soutenir l’initiative, vous pouvez faire un don en suivant ce lien. Et rappelez-vous, « on n’a jamais été aussi proche de jouir d’un avenir sans sida ».