Sophye Soliveau nous enchante avec son premier album Initiation

sophye soliveau, initiation
Photo: Elodie Martial.

Il y a près de 4 ans, l’artiste Sophye Soliveau faisait son entrée en solo sur la scène musicale française. Pas à pas, la harpiste et autrice-compositrice-interprète françilienne s’est construite un univers captivant et principalement inspiré des styles populaires afro-américains, qu’elle promène désormais de scènes en scènes aux quatre coins de l’Hexagone. Elle nous présente aujourd’hui son premier album Initiation, dévoilé le 22 mars dernier sur le label Why We Sing.

Sophye Soliveau baigne dans l’amour de la musique depuis sa plus tendre enfance. Née en 1996, elle grandit en région parisienne et évolue au sein d’une famille française d’origine guadeloupéenne. Ce sont alors ses frères et sœurs aînés qui l’initient au répertoire de formations et d’artistes afro-américains phares comme Musiq Soulchild, Anthony Hamilton, les Destiny’s Child, ou encore Alicia Keys. Puis à l’âge de 8 ans, d’autres horizons s’ouvrent à elle : un beau jour, elle assiste à un concert de chant lyrique dans un centre culturel de Sceaux, performance qui la laisse bouche bée. Cette découverte est telle qu’elle résonne comme une véritable révélation, tant est si bien que sa mère l’inscrit au conservatoire pour des cours particuliers de chant.

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Photo: Elodie Martial.

Deux ans plus tard, âgée de dix ans, elle rentre au conservatoire où ne pouvant débuter en chant lyrique, elle est incitée à débuter une pratique instrumentale. Ni une ni deux, elle se tourne alors vers la harpe, l’un des instruments de la collection familiale qu’elle convoitait et dont elle apprend la pratique pendant 8 années. A cette époque formatrice, elle se familiarise avec les compositeurs des musiques savantes européennes de la Renaissance au XXe siècle, de Jean-Sébastian Bach, à Camille Saint-Saëns en passant par Paul Dukas. Pourtant, elle se sent finalement enfermée dans un carcan déconnecté de ses premières amours et dans lequel elle ne se reconnaît pas. Elle décide donc de mettre en pause sa pratique musicale, retraite dont elle sortira deux ans plus tard après une période de doutes et de voyages.

Au terme de cette parenthèse, elle ressent une envie brûlante de s’affirmer comme artiste, en toute indépendance des frontières de styles. Dans les années qui suivent, elle se fait ainsi connaître comme harpiste et chanteuse dans des projets divers : elle réalise entre autres des créations musicales jeune public pour l’opération l’Heure du conte et s’illustre au sein des ensembles Kèr Zarboutan et Babaï, au sein desquels elle découvre le maloya réunionnais. Elle est également une membre active du choeur Oshun orienté gospel et plus récemment Àbájade, au sein duquel elle explore une esthétique entre jazz fusion et musiques cubaines.

Par ailleurs, elle débute un projet en solo et écrit de premières compositions, peu avant que ne survienne le premier confinement de mars 2020. Une période qu’elle met à profit en se consacrant pleinement à la création, griffonnant dans son carnet de nouvelles chansons qui s’accumulent petit à petit. Nouveau répertoire qu’elle peaufine en résidence artistique et interprète cette même année pendant une série de concerts, avec entre autres une performance à la Flèche d’or fin 2020, ou encore au New Morning de Paris le 29 mars 2022, en première partie de Sélène Saint-Aimé. Plus récemment, elle faisait une performance remarquée le 13 mars 2024 à l’auditorium des Champs Libres de Rennes, en partenariat avec le festival Dooinit.

Ces compositions sont aujourd’hui réunies au sein de son premier album Initiation, sorti le 22 mars dernier sur le label Why We Sing.

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Visuel: Lilian Akoto & Hélène Bertholier.

A travers cet opus inaugural, Sophye Soliveau délivre un univers sonore riche et raffiné, au gré duquel on se laisse porter d’un morceau à l’autre. Révélant une esthétique aussi mouvante qu’aérée, il s’appuie en outre sur des instrumentations relativement minimalistes, via lesquelles le son délicat de la harpe de l’artiste dialogue entre autres avec un groove placide, forgé par les lignes mouvantes de la basse d’Eric Turpaud et les rythmiques marquées à la batterie d’Andy Berald Catelo.

Au fil des 8 morceaux qui le composent, Initiation offre une belle synthèse des diverses influences que Sophye Soliveau a assimilé depuis de nombreuses années. La songwriter y fait notamment la part belle à ses inspirations puisées dans la neo soul et le rnb contemporain, sous une vocalité au phrasé fluctuant et à l’amplitude impressionnante. Tantôt gorgée de mélismes ou plus percutante, caressante ou plus intense, sa voix se déploie également via des polyphonies grisantes, qui évoquent immédiatement celles de D’Angelo. Une souplesse qui lui permet d’explorer les nuances de sa riche palette vocale, pour mieux retranscrire la diversité de ses émotions changeantes.

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Photo: Elodie Martial.

Outre l’introduction et un interlude, ce premier album présente ainsi 6 compositions par lesquelles Sophye Soliveau retranscrit et transcende ses angoisses, les joies et les peines qui ont pavé jusque là son chemin vers l’apaisement et la réalisation de soi. Parmi ces morceaux figure « Leave », sublime déclaration d’amour que l’artiste porte avec une puissance expressive des plus saisissantes. Le tout sublimé par des chœurs envoûtants et un style instrumental de ballade ternaire, qui renforcent toute son aura.

Sorti le 22 mars 2024 chez Why We Sing.

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Pierre Kergus
Journaliste musical à Unidivers, Pierre Kergus est titulaire d'un master en Arts spécialité musicologie/recherche. Il est aussi un musicien amateur ouvert à de nombreux styles.

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