BD DE JUIN ET D’APRÈS, C’EST REPARTI

Après plus de deux mois d’arrêt les éditeurs ont remanié leur programmation de BD. Unidivers essaie de vous guider vers les BD essentielles à emporter cet été sur les plages… ou ailleurs.

BD LA PUCELLE

Éclectisme chez Dargaud qui a publié dès le 15 mai Pucelle le tome 1 d’une BD de Florence Dupré la Tour qui signe après Cruelle un nouveau récit autobiographique grave et drôle à la fois sur la non-éducation sexuelle d’une fille dans une famille chrétienne traditionaliste. Où quand la jeune Florence sait juste que pour faire un bébé, le papa met une graine dans le nombril de la maman. Édifiant, instructif et humoristique pour cet ouvrage qui en appelle un second rapidement.

aventures de munich

Dans un autre registre, chez le même éditeur, le domaine de l’art reste une tendance forte des éditions BD. Deux ouvrages paraissent sur ce thème. Avec Les aventures de Munich dans Marcel Duchamp, Muradov, célèbre illustrateur russo-américain, nous livre un récit loufoque du départ de Paris de Marcel Duchamp pour Munich et de son retour dans la capitale française trois mois après, lesté de des premiers ready-made qui vont révolutionner l’art du XXe siècle. Ce séjour capital dont on ne sait rien, le dessinateur l’imagine à sa façon, une façon dont on devine qu’elle s’inspire du caractère iconoclaste de l’artiste français. Un ouvrage dont l’éditeur nous annonce une présentation soignée dans un bel écrin (5 Juin).

eileen gray

La deuxième BD de ce genre est consacrée à Eileen Gray, architecte méconnu, créatrice d’une maison unique défigurée par Le Corbusier, maison qui donne le sous-titre de la BD Une maison sous le soleil. Une réhabilitation méritée pour une belle BD qu’Unidivers chroniquera plus longuement prochainement. Inker est un dessinateur en pleine ascension (voir chronique Servir le Peuple).

UN TRAVAIL COMME UN AUTRE INKER

Nul doute que celle-ci va se poursuivre avec la parution le 27 Mai, chez Sarbacane, d’un ouvrage dont la critique favorable semble unanime : Un travail comme un autre. Dans un univers à la Steinbek, le dessinateur met en scène la vie de Roscoe T Martin en 1920. Fasciné par cette force qu’est l’électricité, il en fait son métier. Un travail auquel il doit pourtant renoncer lorsque Marie, sa femme, hérite de l’exploitation familiale. Année après année, la terre les trahit. Pour éviter la faillite, Roscoe a soudain l’idée de détourner une ligne électrique de l’Alabama Power. L’escroquerie fonctionne à merveille, jusqu’au jour où son branchement sauvage coûte la vie à un employé de la compagnie… Débute alors une descente aux enfers qui résonne avec les évènements sociaux actuels. Inker avait publié une remarquable BD consacrée au boxeur noir américain Panama Al Brown. Cette fois-ci c’est Mohamed Ali qui est en couverture de Mohamed Ali. Kinshasa 1974 pour ce tome 4 de cette très belle collection de chez Dupuis qui illustre par la BD l’histoire d’une photo. Morgan, Rafaël Ortiz et Trefouël racontent ce combat unique dans l’histoire de la boxe entre Ali et Foreman immortalisé par le photographe Abbas qui gardera devant lui ses clichés pendants 36 ans. Un livre entre documentaire, photoreportage et roman graphique attendu depuis très longtemps et qui devrait enfin être présent chez vos libraires.

KNOCK OUT

Hasard des parutions, ce mois-ci fait la part belle au noble art, puisque Casterman publie Knock Out ! de Reinhard Kleist (10 juin) qui raconte le tragique destin du premier champion du monde homosexuel, Emile Griffith, histoire qui n’est donc pas sans rappeler celle de Panama Al Brown ! Cette fois le boxeur est né en 1938 dans une île des Caraïbes. Il émigre aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, où, devenu modiste, il confectionne des chapeaux pour femme. Jusqu’au jour où son patron repère son impressionnante musculature, due à une jeunesse passée à trimer dans des exploitations agricoles et le présente à un entraîneur de boxe. Doué, Emile va rapidement grimper les échelons, mais avec le succès viennent la jalousie et les injures contre ce boxeur qui préfère les hommes… Un dessin noir et blanc bien connu du biographe, efficace pour raconter la violence d’un racisme et d’une homophobie ordinaires.

PIN UP WINGS

Changeons de registre pour un domaine plus léger et plus coquin. Les éditions Paquet publient le cinquième tome de leur tête de gondole Pin Up Wings, un art book de Romain Hugault qui poursuit brillamment sa série d’icônes glamour que sont les pin-up des années cinquante indissociables de l’histoire de l’aviation. Porte-jarretelles, lèvres rouge carmin, silhouettes avantageuses sont les clichés habituels de ce genre que le créateur renouvelle sans cesse, engendrant le registre coquin sans jamais tomber dans la vulgarité. Un incontournable que les habitués attendent depuis des mois.

bd cahiers d'esther

Autres lecteurs fidèles et dans l’attente, ceux de Riad Sattouf qui publie chez Allary (11 juin) là aussi le cinquième tome des Cahiers d’Esther, série culte débutée en 2016, qui reprend les chroniques pré-publiées dans L’Obs avec pour objectif de raconter chaque semaine la vie d’une jeune fille d’aujourd’hui pour assister, année après année, à ses transformations et montrer l’évolution de notre société à travers ses yeux. Esther avait 10 ans dans le premier tome. Elle en a logiquement 15 cette année. Inutile d’en dire plus. Le succès mérité est déjà attendu. Un autre album traite de l’adolescence d’une manière plus triste mais néanmoins indispensable.

BD DANS LES VESTIAIRES

Avec Dans les vestiaires à reparaître chez La Boîte à Bulles, le jeune mais déjà célèbre Timothé Le Boucher, décrivait il y a six ans l’univers clos d’un vestiaire de collège restauré avec notamment ses douches collectives. Un lieu comme un microcosme sans limites, avec ses chefs craints et ses moutons noirs. Loin du feuilleton adolescent, cet album est un authentique témoignage sur la puberté et devrait profiter de la notoriété nouvelle de l’auteur.

Vélosophie

Terminons cette chronique avec un petit clin d’oeil personnel aux amateurs de vélo dont fait partie depuis toujours … Tronchet. Avec son Petit traité de Vélosophie, le célèbre auteur fait l’apologie en 54 planches de cet étrange engin à deux roues et de ses bienfaits pour l’humanité. Un tantinet provocateur mais tellement salutaire en cette période où nombre de nos concitoyens redécouvrent les joies de la bicyclette. Ou plutôt du vélo. Beaucoup d’autres titres vous attendent chez votre libraire préféré. En achetant chez lui vous vous ferez plaisir et aiderez ces commerces si indispensables à notre vie. Alors bonne lectures. 

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Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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