Formé à la fin de l’année 2018, le groupe The Other World est né de la rencontre de l’artiste bretonne Alicia Du Coustel avec Mike Meinke, guitariste et chanteur britannique. Leur collaboration au sein de de ce duo est déjà forte de plusieurs concerts dans l’Hexagone. Dans cette dynamique, ils sortent ce jeudi 17 octobre leur premier EP « The Silver Tree ».
L’histoire de The Other World est celle de deux artistes passionnés et réunis par la même philosophie de vie. La première moitié de ce duo, Alicia Du Coustel, est une artiste multi-facettes qui suivit une formation classique au piano classique dès l’âge de 8 ans, avec 10 années de conservatoire à la clé. Passionnée de musique de film, elle découvrit les talents de son oreille presque par hasard : ce moment arriva un beau jour, après l’écoute de la bande originale du film « Matrix » (1999) qu’elle reproduisit presque immédiatement au piano. Bouleversée par cette expérience, elle persévéra dans cette voie et au fil du temps, elle forgea sa pratique musicale de façon totalement autodidacte, en se centrant principalement sur l’écoute. Également éprise des cultures celtes, son parcours de musicienne l’amena à découvrir la harpe celtique, instrument qui depuis ne la quitte plus. Rapidement, l’artiste y mêla son chant à travers lequel elle mit à l’honneur des langues aussi diverses que le gaélique, le macédonien, l’espagnol et le breton. C’est ainsi que depuis 10 ans, elle poursuit une carrière marquée par de multiples collaborations avec des artistes venus des quatre coins du monde. Ce parcours fut également jalonné par la sortie en 2012 de son conte musical Wezen et de l’album KomentoSilta, paru l’année dernière.
De son côté, Mike Meinke, l’autre moitié de The Other World, eut une révélation un presque similaire. Cet artiste britannique se découvrit une passion et un talent émergents pour la musique alors qu’il écoutait un album des Red Hot Chili Peppers, réinterprétant chacune de ses parties mélodiques à l’oreille sur une guitare offerte par son père pour ses 11 ans. Vers l’âge de 15 ans, il rejoignit par la suite un groupe de métal. Mais très vite, conquis par sa nouvelle guitare Takamine, (elle aussi offerte par son père), il développe un intérêt plus prononcé pour les sonorités acoustiques. Sa vocation de musicien se précise encore plus en 2014, lorsqu’il fonde le groupe folk Buffalo Huddleston avec lequel il sort l’album Sunrise la même année. Cet opus connut un beau succès outre Manche et valut au groupe d’être élu “best unsigned band” (en français, “meilleur groupe autoproduit”) en 2015.
C’est le 1er juin 2017 qu’eut lieu la rencontre entre les deux artistes, au Sark Folk Festival sur l’île de Sark au large de Guernesey. À cette occasion sur la scène du festival folk, le duo Imamran, auquel participait Alicia, précédait Buffalo Huddleston dans lequel Mike officie alors. En découvrant leurs univers respectifs, ils se trouvèrent ainsi une véritable connivence sur le plan humain, une passion artistique commune et une même aspiration à croiser différents styles musicaux. Quelques mois plus tard, tout deux firent prendre à leurs vies de nouveaux tournants pour se rejoindre : Alicia adopta un mode de vie plus en contact avec la nature. Quant à Mike, il quitta Guernesey en 2018 pour s’installer en France et professionnaliser sa pratique de musicien.
Cette année-là, les deux musiciens allièrent leurs forces créatives et chacun collabora au projet de l’autre : Alicia Du Coustel participa ainsi aux sessions d’enregistrement de l’album With My Headphones In du projet solo de Mike Meinke “Mike Magic’s Trip”, sorti en décembre 2018. Elle y assura les parties de harpe et celle de choriste sur la chanson « As The River Flows ». Le musicien britannique, quant à lui, accompagna la harpiste bretonne à certaines représentations de son conte musical Wezen. Ce n’est qu’en fin 2018 qu’ils décidèrent d’allier leurs sensibilités en créant leur propre duo : The Other World. C’est aussi le titre donné par les musiciens à leur première composition commune sortie le 15 avril dernier. Entre plusieurs concerts donnés dans plusieurs villes et villages de France, ils ont également travaillé à la réalisation de leur premier EP The Silver Tree, qui sort aujourd’hui au format digital.
Dès la première chanson intitulée “Ashram Traffic Jam”, leur musique accroche l’oreille et nous entraîne dans un univers singulier. Leur esthétique, décrite par le groupe sous le terme d’« epic world folk funk music », se caractérise principalement par un aspect percussif et « groovy » harmonieusement distillé : y résonnent les accords percutants de Mike Meinke qui semblent inspirés du style de l’australien John Butler, l’une des influences les plus importantes de l’artiste britannique. On le perçoit notamment dans « As The River Flows », chanson au refrain entêtant et dans laquelle la vocalité de Mike Meinke adopte également une rythmicité rappelant le flow (en français, le débit vocal ndlr) des interprètes jamaïcains de reggae. Cette percussivité revigorante se retrouve également dans le jeu d’Alicia Du Coustel à la harpe, qu’elle développa en partie au fil de ses jam-sessions passées dans les pubs, quand elle vivait en Irlande. Par moments, ses interventions prennent plutôt la forme de mélodies très fluides et délicates qui la rapprochent des harpistes des musiques celtes. C’est le cas, par exemple, pendant « The Silver Tree », chanson dans laquelle son jeu devient plus souple et côtoie, tout en douceur, les accords de Mike. Dans le même temps, le timbre délicat et parfois cristallin de l’instrument d’Alicia apporte une touche épurée qui confère une dimension quasi féérique au discours musical du groupe. Mais à certains moments, cette sonorité est associée à des inflexions modales et des rythmiques plus énergiques qui évoquent la kora dans les musiques traditionnelles du Mali.
En un même mouvement, les artistes mêlent également leur deux voix dans une belle harmonie : ainsi, le chant de Mike Meinke allie timbre légèrement rocailleux et douceur certaine, rappelant à certains égards celui de Sting ou de Peter Gabriel. Quant à la voix d’Alicia Du Coustel, elle est qualifiée de « caméléon » car elle laisse transparaître ses multiples influences musicales dont certaines furent puisées pendant ses voyages. On semble percevoir notamment son influence dans les musiques populaires irlandaises à travers ses inflexions vocales, qui évoquent les styles d’interprètes telles que Karen Matheson du groupe Capercaillie ou encore Eimear Quinn.
Chaque chanson composée pour l’EP The Silver Tree s’inscrit dans un contexte différent. Trois d’entre elles proviennent des répertoires respectifs des deux musiciens et furent retravaillées pour The Other World. De fait, « Ashram Traffic Jam » et « As The River Flows » ont été composés par Mike Meinke, à l’occasion de la création de « Mike’s Magic Trip » au fil de ses pérégrinations en Europe. Le morceau « Ullin », quant à lui, correspond au final du conte musical Wezen d’Alicia Du Coustel. Il est donné ici dans une version très passionnée, avec une embellie rythmique proche de la musique progressive et dans laquelle Mike Meinke nous offre un solo dynamique au didjeridoo. À côté de ces trois chansons de l’EP figure également sa chanson titre « The Silver Tree », fruit inédit d’une composition commune, pour laquelle chaque musicien a progressivement amené sa patte jusqu’à la touche finale du morceau.
D’une manière générale, les textes des chansons de The Other World se font l’écho de valeurs comme la résilience et le lâcher-prise, chères à Alicia et Mike, que ces derniers tiennent à transmettre aux personnes qui croisent leur route. En évoquant une certaine forme de spiritualité, ils y retranscrivent également certains des moments qui ont récemment marqué leurs vies. Ainsi dans « Ashram Traffic Jam », Mike Meinke relate qu’alors que leur voiture était immobilisée dans un embouteillage pendant un voyage vers l’Autriche, ils eurent une expérience commune désignée sous le terme « saturi » (concept japonais qui désigne un moment d’illumination et de découverte de la paix intérieure). Dans « The Silver Tree », probablement l’une des plus belles chansons de l’EP, c’est un autre moment de grâce et d’apaisement dont il est question. En effet, Alicia et Mike y racontent leur découverte émerveillée du paysage montagnard des Alpes italiennes, dans lesquelles ils passèrent une nuit exquise avant de reprendre la route. Une félicité qui fut à son paroxysme lorsqu’ils savourèrent, peu avant leur départ, le scintillement du soleil sur un arbre titanesque, aux reflets quasi argentés :
“Walking up to a silver tree, waking up to a silver tree
It’s true that awe always comes for free.”
(“Marcher jusqu’à un arbre d’argent, se réveiller près d’un arbre d’argent.
C’est vrai que l’émerveillement n’a pas de prix.”)
À travers The Silver Tree, les musiciens de The Other World mettent en musique la véritable symbiose qui les réunit et qui fut le point de départ de leur nouvelle aventure. Par ce premier opus, dans lequel la passion côtoie l’apaisement, ils nous invitent surtout à dépasser les peurs qui nous tenaillent et à ouvrir notre coeur, ainsi que nos oreilles, pour apprécier pleinement chaque moment de beauté. Un message qui porte de plus en plus, si l’on en juge par le succès croissant que connaît le groupe depuis janvier dernier. Voilà peut-être l’un des rayons de soleil qui illuminera nos journées d’automne…
L’EP « The Silver Tree » de The Other World est désormais disponible sur les plateformes d’écoute.
Vous pouvez aussi le télécharger sur leur Bandcamp, en prix libre à partir de 4€: https://theotherworldband.bandcamp.com/
La moitié de l’argent récolté servira à reboiser la planète, tâche à laquelle participe Reforest’Action, association partenaire de The Other World.
La page Facebook de The Other World: https://www.facebook.com/TheOtherWorldBand/