The Vaccines revient sur la scène du rock indépendant avec un cinquième album, Back in Love City. Un premier EP et deux vidéo clips énergiques et pops avaient donné le ton à la sortie de ce nouveau projet euphorique et visionnaire. Retour sur l’un des groupes de rock britannique les plus populaires de sa génération.
The Vaccines fêtait déjà en mars dernier, l’anniversaire de leur premier album What did you expect from the Vaccines ? Et bien 10 ans après, il semblerait qu’on attende d’eux leur grand retour avec un album décalé et surtout la promesse de concerts pour 2022, pour l’instant prévus en Angleterre seulement (sortez les mouchoirs). “The Vaccines are gonna save 2021, one way or another”. En effet, pour leur retour sur la scène rock, le groupe se met aux couleurs de l’année. Si le nom choisi par la petite bande avait fait polémique à ses débuts, il était cependant visionnaire. “Ce qui est génial avec The Vaccines, c’est que, comme pour une sorte d’ampoule vide, tu peux remplir avec n’importe quoi”, expliquait Justin Young le chanteur du groupe. Pas d’inquiétude cependant, il ne s’agira pas d’une troisième dose, mais d’un vaccin anti-morosité, rempli de chansons décalées dont le rythme rock et euphorique passera dans vos veines pour vous emmener tout droit à City Love.
Une production de qualité
The Vaccines formé de Justin Hayward-Young (chant, guitare), Freddie Cowan (guitare, chant), Árni Árnason (basse, chant), Tim Lanham (claviers) et Yoann Intonti (batterie), a su se hisser à la place des plus grands dans son domaine. Maîtres avertis du rock indé, ils ont vendu depuis leur début dans les années 2010 plus de deux millions de disques dans le monde entier. Leur premier album What Did You Expect from The Vaccines ? était d’ailleurs passé disque de platine en Angleterre. Ils avaient successivement sorti un second album Come of Age, classé numéro 1 des charts en Angleterre. Cette notoriété grandissante leur a permis de jouer avec des monuments du rock britannique et international comme les groupes Arctic Monkeys, Fall out Boy, Biffy Clyro, Mumford & Sons ou bien encore Phoenix. Cet album suscite une forte attente de la part du public après qu’ils aient mis la barre haute ces dix dernières années. Jusqu’ici les fans n’ont pas été déçus. The Vaccines a régalé le public en jouant le premier single de leur EP Jump off the top en live de manière inédite. Justin Young expliquait l’importance que tient le public dans leur musique, surtout dans le cadre de leur retour sur scène :
“Jouer en live est la source vitale de notre groupe. C’est là où notre musique vient à la vie. C’est aussi là où nous pouvons rencontrer toutes les personnes qui rendent ce que nous faisons possible. Ne pas avoir pu faire cela ces dix-huit derniers mois a été affreux. Nous sommes impatients de retrouver tout le monde et de faire ce que nous aimons le plus au monde”.
Le rock indie c’est quoi ?
Petit rappel pour les moins avertis : le rock indie ou rock indé, abréviation de rock indépendant est une classification musicale apparue dans les années 70 au Royaume-Uni. L’émergence de cette sous-classification de la musique rock est due aux bouleversements opérés par l’apparition du mouvement punk dans les 60. De manière générale la musique indie ou “indépendante” caractérise non pas un style de musique, mais son type de production, éloigné des morceaux mainstream produits par de gros labels ou des grosses maisons de disques. De cette manière, le terme indie peut être associé à tous les genres musicaux (rock indé, pop indé). Il s’agit le plus souvent d’artiste dit DIY (do it yourself) qui produisent eux-mêmes leur album ou bien qui passent par des labels de production indépendants. Mais sous l’égide du rock indépendant est venu aujourd’hui se greffer aussi une sorte de pop rock mainstream aux influences extrêmement diverses, traversées de funk, de pop, d’électro. Même placé sous le vocable de rock indé cela n’empêche pas que ça soit très produit avec parfois beaucoup de moyens et par des producteurs de grande envergure qui font tourner de beaucoup plus grosses machines (David Guetta, Rihanna, Post Malone, Olivia O’Brien…)
Boy’s band 2.0
Et notre groupe a vu les choses en grand pour cet album. Plusieurs morceaux de l’album (Headphones Baby, Back to Love City, El Paso, Alone Star) sont signés Daniel Ledinsky, connu pour ses collaborations avec Rihanna, Zara Larsson, Tove Lo, David Guetta. C’est sans oublier la participation de l’artiste Fryars, et du producteur et mixeur Andrew Maury (Post Malone, Lizzo, Shawn Mendès). Autant de facteurs qui devraient assurer au groupe un retour réussi. Pas d’inquiétude, cela reste bien du rock indé, dans la veine des précédents opus. On y retrouve les éléments vraiment issus du rock indé et de groupes musicaux tels que Franz Ferdinand ou The Horrors. On sent la scène 2000 début 2010 qui les a nourris. Il y a une grosse volonté de s’inspirer des productions pop années 60, 70 avec vraiment du rock de stade de ces années-là et puis une envie de s’inspirer aussi de sortes d’orfèvres pop de cette période, du type Beach Boys ou Kings. Ce nouvel album se démarque particulièrement des précédents, dans une veine nettement plus originale et atypique, voire parfois moins rock que leurs premiers opus. Niveau performance c’est l’influence Arctic Monkeys qui est très nettement perçue dans le traitement de la voix, en avant avec une micro-saturation.
Côté visuel : le vintage c’est à la mode, et The Vaccines nous replonge dans un décor fabuleux et électrique. Si l’esthétique et les couleurs semblent issues directement des 80′ les éléments sont plutôt génération Z. La cover énigmatique invite à entrer dans un univers fictif, la métropole de Love City. Une gélule ouverte, des emojis, une ville imaginaire : il semblerait qu’il faille faire passer cette pilule sonore pour re-accéder à la mystique City Love. Dans la continuité de Combat Sports, cet album est cependant nettement moins rock par certains moments. Fureur de vivre certes, mais une fureur de vivre plutôt à la californienne : motel, néons, paysages désertiques… bienvenue sur la côte ouest et les années 80. Entre utopie et dystopie, l’album dessine un monde qui peut sembler bien à part et hermétique. Chacun des morceaux de la tracklist semble apporter un élément en plus à la conquête de cette métropole imaginaire. Back in Love City donne le coup d’envoi avec cette touche quasi opéra-rock et laisse deviner que cet opus ne suivra pas le même chemin que les précédents. L’atmosphère : Las Vegas et son énergie chaotique, reprise par la guitare, le rythme de la batterie et cette voix désinvolte et assurée de Justin Young. Tonalité sortie d’un western spaghetti et guitare à gogo, Alone Star continue dans la foulée à renforcer cet atmosphère chaotique et décalée.
Les petits + de l’album
Les fanas de l’histoire de la musique noteront que la guitare aux cordes nylon utilisées dans El Paso a appartenu à Elliott Smith.
Fun fact : les cover de chaque single une fois réunies donnaient avant même qu’il soit révélé le visuel définitif de l’album.
2 clips atypiques: dernier train pour Love City
Headphones baby – sortie : 14 mai 2021, production Daniel Ledinsky, caractéristique : conçus pour les amateurs de sitcom et des années 80.
Première chanson d’amour de l’album, elle a l’aspect plus pop de l’album et surtout elle invite à rentrer dans ce monde parallèle créé tout au long de l’album. Justin Young à propos de ce morceau expliquait :
” Parfois, la vie peut vous laisser comme engourdi et cherchant désespérément à ressentir quelque chose. Headphones Baby parle de créer une échappatoire à cela – se connecter pour se déconnecter et se protéger de la réalité du monde extérieur dans l’étreinte réconfortante de l’esprit de quelqu’un d’autre. La chanson doit sonner comme un feu d’artifice – un appel aux armes. Et si vous voulez avoir l’impression que la vie est en permanence en technicolor, alors nous savons peut-être où vous pouvez la trouver…”
Alone star – sortie: 6 août 2021, réalisateur : Santiago Arriaga, caractéristique : coeurs sensibles ne pas s’abstenir!
Ce clip se démarque nettement du précédent. Il raconte une histoire en quelque sorte universelle à l’image de la musique de The Vaccines qui s’adresse à tout un tas de générations différentes.
« Nous voulions que le clip Alone Star soit une vidéo d’espoir, capturant le moment où on se rend compte que tout n’est pas perdu. Quiconque a déjà conduit à travers le désert jusqu’à Las Vegas se souvient des casinos qui éclairent les routes du Nevada. Le motel de la vidéo c’est exactement ce genre de sensation, une lueur dans la pénombre de Love City, un endroit où l’on peut satisfaire tout désir si l’on sait où chercher. Le Mexique, qui était littéralement à quelques pas de notre studio d’enregistrement, est l’un de nos endroits préférés dans le monde, on adore son élégance étrange et intense. C’était donc l’endroit parfait pour que nos protagonistes trouvent ce qu’ils étaient venus chercher… »
En conclusion : un vrai “jump off the top” pour The Vaccines
Back in Love City c’est vraiment The Vaccines qui décide de sauter du précipice pour plonger dans quelque chose de nouveau et palpitant. Non pas une réinvention, mais une manière d’aller plus loin et d’explorer des mondes qu’ils avaient déjà pu toucher du doigt précédemment. Cela se perçoit notamment dans la notion de déconnexion, thème central de l’album. De plus, côté expériences personnelles qui ont influencé ce nouvel album : l’échange de résidence que va réaliser Justin Young pour s’installer provisoirement à Los Angeles, une expérience avant la pandémie qui va fasciner l’artiste et faire ressortir cette idée de la déconnexion et de l’existence d’un monde parallèle existant. « J’ai littéralement échangé de vie avec un inconnu. J’ai vécu dans une maison et conduit sa voiture, pendant qu’il vivait dans la mienne, mais on ne s’était jamais rencontrés, et on avait aucune connaissance en commun ».
Le groupe a passé ces dernières années à travailler dur pour perfectionner cet album, les premières sessions d’enregistrement ayant heureusement été achevées avant que le monde ne s’arrête. Tout s’est cependant réalisé à distance, du mixage aux illustrations en passant par les photos du groupe les membres du groupe étant dispersés aux quatre coins du globe. Un album de production pandémique aux vertus cependant vaccinales qui remet l’esprit à la fête après ces deux années difficiles !
Les coups de coeur de la rédac’
XCT et Wanderlust, deux morceaux qui ont du caractère et de l’originalité. “On a l’impression que le groupe est allé à la session d’enregistrement de Wanderlust avec pour l’envie de créer la chanson qui soit la plus bizarre mais la plus fidèles à eux-mêmes”. À écouter sans modération !
Plus d’infos sur The Vaccines
Retrouvez également XCT et Wanderlust dans la playlist d’Unidivers, disponible sur Spotify et Youtube