Une seconde de trop… Et vous perdez tout ! Et tout est foutu ! Et tout bascule ! Et le réel n’a plus de sens ! Et la folie comme le désespoir s’emparent de vous. Que faire sinon attendre, espérer, croire que demain sera moins catastrophique qu’aujourd’hui ? Que cette nuit ?
J’observe un oiseau qui apporte à manger à ses oisillons. La façon dont il veille sur eux, la façon dont il les protège. Et puis je me dis : « Tu es meilleure mère que moi. »
Hatidza Mehmedovic, mère de deux fils assassinés à Sebrenica.
On entend souvent – à juste titre probablement – que le pire est de survivre à ses enfants. Que ce n’est pas dans l’ordre des choses, que Dieu – quand on n’y croit -, ne peut laisser faire une chose aussi abjecte. D’autres croyants pleurent et pensent que c’est une mise à l’épreuve. Mouais… Le pire réside peut-être dans la disparition d’un enfant que l’on ne retrouve pas. Absence omniprésente. Le pire du pire sans doute. Ne pas savoir, ne pas mettre d’images sur la mort, ne pas pouvoir « faire son deuil ». Mais peut-on réellement « faire son deuil » d’un être cher innocent de tout, coupable de rien.
Un, deux, trois… Lisa Dale ferme les yeux et compte jusqu’à cent lors d’une partie de cache-cache avec sa fille. Quand elle rouvre, Ella, quatre ans, a disparu. Sans laisser la moindre trace. La police, les médias et la famille de Lisa s’unissent pour retrouver la fillette. Et si leur instinct les éloignait d’Ella ? Si le ravisseur était connu d’eux tous ?
Dans ce thriller psychologique haletant où le suspense est entretenu de manière constante, Linda Green nous entraîne dans une ambiance suffocante où chacun finit par suspecter tout le monde, où les questions à propos de la petite Ella, disparue, se posent sans cesse. On retrouve bien sûr tous les codes usités dans ce genre d’histoire, qu’ils soient appliqués aux romans comme aux meilleures des fictions. Il n’empêche, même si l’on pense se laisser guider par la plume de l’auteure tout au long de ces longues recherches, on enquête aussi, car Linda Green nous invite à prendre place à chaque page. Tour à tour, nous devenons donc enquêteur(trice), parents, frères et sœurs, mais nous épousons aussi le point de vue du ravisseur, ce qui nous réserve moult surprises.
Et si le pire était encore à venir ? C’est le sentiment qui croit en nous à chaque chapitre dévoré. Un roman totalement envoûtant, un régal à déguster pendant cette période de pause.
Une seconde de trop, un roman de Linda Green aux Éditions Préludes, 445 pages, mai 2018, 16,90 €.
Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Freddy Michalski.
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Linda Green est journaliste et a collaboré à The Guardian et The Independent. Elle vit aujourd’hui dans les West Yorkshire avec son mari et son fils de onze ans.