L’idée pourrait sembler relever de la science-fiction : administrer à un nouveau-né une seule injection, dans les premiers jours de sa vie, et lui offrir ainsi des années de protection contre le sida, l’un des virus les plus redoutés au monde. Pourtant, la science s’en approche.
La promesse des anticorps largement neutralisants
Au cœur de cette avancée se trouvent les anticorps largement neutralisants, ou bNAbs. Ce sont des molécules capables de bloquer un spectre très large de souches du VIH. Au lieu de traquer une seule version du virus, ces anticorps se comportent comme des gardiens aux réflexes multiples, prêts à contrer presque toutes les tentatives d’infection.
Une fenêtre unique, juste après la naissance
Les chercheurs ont découvert qu’un laps de temps minuscule, juste après la naissance, pourrait être la clé. Le système immunitaire du bébé est alors encore en pleine construction, curieux et malléable. C’est peut-être à ce moment précis qu’une intervention pourrait ancrer, profondément, une protection durable.
Dans des essais sur des macaques, une seule injection de thérapie génique administrée dans le premier mois de vie a permis de prévenir l’infection par un virus proche du VIH pendant près de trois ans. Chez l’humain, ce chiffre reste à confirmer, mais il esquisse un horizon inédit.
Derrière la donnée, des vies
Derrière les protocoles et les chiffres, il y a l’histoire de mères séropositives qui redoutent de transmettre le virus à leur enfant, de familles entières qui vivent avec l’angoisse d’un test positif.
Une injection unique, sans traitements quotidiens, pourrait libérer ces vies d’un fardeau médical et psychologique, en particulier dans les régions où l’accès régulier aux soins reste difficile.
Ce qu’il reste à franchir
Avant que cette idée devienne réalité, il faudra :
- Confirmer la sécurité et l’efficacité chez l’humain.
- Mesurer la durée réelle de protection au-delà des modèles animaux.
- Organiser la distribution mondiale, notamment dans les zones les plus touchées, où chaque retard peut coûter une vie.
Une révolution en gestation
Depuis quarante ans, la recherche contre le VIH a connu ses victoires, mais le rêve d’une protection simple, précoce et durable semblait inaccessible.
Aujourd’hui, ce rêve prend forme. Et dans les mains des chercheurs, au creux de la seringue, se trouve peut-être la possibilité qu’un enfant né demain ne connaisse jamais la morsure invisible du virus.
