Du 15 au 17 août 2025, les légendaires sites olympiques de Pékin – le « Nid d’oiseau » et le « Ruban de glace » – accueilleront une compétition inédite dans l’histoire du sport et de la robotique : les World Humanoid Robot Games.
Cette première mondiale réunira des robots anthropomorphes capables de courir, sauter, dribbler, jongler, porter, danser ou encore simuler des opérations industrielles complexes. À travers une série d’épreuves athlétiques, scénarisées ou collaboratives, ces machines rivaliseront non pas contre l’humain, mais en miroir de ses propres capacités physiques et cognitives.
Une vitrine technologique et symbolique
L’événement, soutenu par les autorités chinoises, s’inscrit dans un effort stratégique : affirmer la place de la Chine comme leader de la robotique humanoïde, domaine jusqu’ici dominé par les États-Unis (Boston Dynamics, Tesla) et le Japon (Honda, SoftBank Robotics). À Pékin, l’enjeu dépasse le simple divertissement technique : il s’agit de montrer que les robots peuvent évoluer dans des environnements publics complexes, coopérer entre eux et avec les humains, et même susciter de l’émotion ou de l’admiration.
Les épreuves prévues vont bien au-delà du football robotisé ou des courses d’obstacles : certaines mettront en scène des tâches de service (tri de médicaments, assistance aux personnes âgées), d’autres des performances artistiques, chorégraphiées ou improvisées. Ce choix traduit une volonté de croiser innovation, esthétique et utilité sociale, dans une logique d’exposition globale autant que de test grandeur nature.

Une réflexion sur la frontière du corps
Que dit cette compétition de notre rapport au corps, à la performance, à la norme ? Le robot humanoïde, par sa ressemblance mimétique avec l’homme, devient un révélateur des attentes et des angoisses liées à la machine. Il incarne une tension : celle entre la fascination technologique et l’effacement progressif de ce qui fut longtemps l’apanage de l’humain – l’adaptabilité, l’intuition, la gestuelle.
À l’heure où des robots comme Atlas (Boston Dynamics) ou H1 (Tesla Optimus) sont capables de sauts périlleux, de gestes fins ou d’interactions émotionnelles basiques, ces jeux ne sont plus un gadget. Ils annoncent une mutation sociale : la robotique humanoïde n’est plus cantonnée aux laboratoires. Elle pénètre le champ culturel, sportif, économique.

Sport ou simulation ? Le jeu comme zone d’expérimentation
On peut s’interroger sur la nature de ces Jeux : relèvent-ils encore du sport, ou bien sont-ils une simulation sophistiquée des comportements humains ? Le sport repose traditionnellement sur la contingence du corps, l’incertitude du vivant, la limite physique. Un robot programmé, réparable et potentiellement infatigable n’entre pas dans cette logique.
Mais c’est justement dans cet écart que réside l’intérêt : ces Jeux instaurent une nouvelle scène, un théâtre d’expérimentation pour penser l’interaction entre humains, machines et environnements. En cela, ils sont proches de la démarche du design fiction, où le réel sert de tremplin à l’imaginaire technique.
Pékin 2025 : laboratoire du post-humain ?
La Chine entend clairement utiliser cet événement comme une démonstration de force, sur le modèle des Jeux olympiques de 2008. Mais le message est différent : ce n’est plus la grandeur nationale par le sport qui est mise en avant, mais la promesse d’un avenir automatisé, performant, ordonné.
Derrière les robots qui courent, sautent ou dansent, c’est une vision du monde qui s’esquisse. Faut-il la craindre ou l’embrasser ? Le philosophe Günther Anders écrivait déjà en 1956 que « nous sommes en retard sur notre propre invention ». En 2025, les World Humanoid Robot Games nous invitent à rattraper ce retard – ou à accepter de n’être bientôt plus les seuls protagonistes de l’arène.
Dates : 15 au 17 août 2025
Lieux : Stade national de Pékin (Nid d’oiseau) & Anneau national de patinage de vitesse (Ruban de glace)
Disciplines annoncées : épreuves d’athlétisme, football, gymnastique, badminton, services médicaux, tâches industrielles, performances artistiques
Les principales technologies présentées lors des World Humanoid Robot Games 20255
Technologies mises en œuvre lors des Jeux mondiaux des robots humanoïdes (Pékin 2025)
| Domaine technologique | Description / Usage pendant les jeux |
|---|---|
| Robotique humanoïde avancée | Robots bipèdes dotés de proportions humaines, capables de courir, sauter, se relever et effectuer des gestes complexes. |
| IA embarquée en temps réel | Systèmes d’intelligence artificielle permettant l’analyse de l’environnement, la prise de décision rapide, l’évitement d’obstacles, etc. |
| Vision par ordinateur (computer vision) | Reconnait objets, adversaires, lignes au sol, cibles ou expressions faciales pour ajuster les mouvements en temps réel. |
| Capteurs biomécaniques | Accéléromètres, gyroscopes, capteurs de pression et de position dans les articulations pour un équilibre et une locomotion précis. |
| Actionneurs électromécaniques | Moteurs ultra-compacts et articulations souples permettant des mouvements fluides (sauts, roulades, gestes de la main). |
| Communication inter-robots (Swarm Intelligence) | Collaboration entre robots pendant certaines épreuves (ex. relais ou chorégraphies), via transmission sans fil d’instructions ou d’états. |
| Interfaces homme-robot (HRI) | Interaction vocale et gestuelle avec les humains, utilisées lors des démonstrations de services à la personne ou de médiation culturelle. |
| Simulation de comportements sociaux | Certains robots sont capables de réagir à des stimulations affectives basiques, comme le sourire, le regard ou les applaudissements. |
| Algorithmes de stratégie adaptative | Implémentés notamment dans les épreuves compétitives (football, badminton) : analyse en temps réel des schémas d’opposition et adaptation. |
| Autonomie énergétique renforcée | Systèmes de batteries compactes à haute densité énergétique permettant une activité prolongée (jusqu’à 4 heures de compétition sans recharge). |
