Le Breton Xavier de Langlais, peintre de la beauté féminine, nous a quitté il y a 50 ans

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Xavier de Langlais
Xavier de Langlais

Xavier de Langlais (1906-1975) était un artiste breton multidisciplinaire au service de la Bretagne. A la fois peintre, dessinateur, écrivain, graveur et céramiste, il est mort le 14 juin 1975 à l’âge de 69 ans et a laissé derrière lui une œuvre abondante : des portraits de bretonnes, des réalisations religieuses, de la littérature tant en français qu’en breton.

On dit de Xavier de Langlais qu’il est le peintre de la beauté féminine, qu’il la préfère aux paysages les plus merveilleux. Xavier de Langlais aime, en effet, peindre les femmes de Bretagne. Il les représente en coiffe de leurs différents pays bretons : les Ouessantines, les Groisillonnes, les Vannetaises… Elles inspirent toutes le peintre.

Il aime aussi représenter en grand nombre les scènes de maternité. Ces différents thèmes lui permettent de travailler différentes techniques. En 1935, il utilise un nouveau procédé de peinture à l’huile.

L’œuvre de Xavier de Langlais est aussi très liée à la religion. Il écrit en 1936 : « ce n’est que peu à peu que j’ai compris ce qu’il était possible de tirer de ces grandes compositions symboliques : la lutte du bien et du mal, de la vie et de la mort, des symboles un peu forcés qu’un dessin peut schématiser et doit souligner ! » Les grands tableaux de mission ont eu un succès sans autre équivalent en Bretagne, du XVIIe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle.

L’artiste morbihannais a notamment laissé son empreinte dans le Trégor. On lui doit la décoration de la chapelle Saint-Joseph à Lannion (22) et le chemin de croix de l’église de Trémel (22), hélas disparu au cours de l’incendie qui a ravagé l’édifice en 2016.

Xavier de Langlais
Chapelle Saint-Joseph à Lannion

 Le peintre a expérimenté sans relâche ses huiles et ses couleurs, les exposant tout à tour à l’ombre et au soleil, en étudiant les réactions, se laissant guider autant par l’odeur que par la vue…

Xavier de Langlais a laissé aussi une trace écrite dans la culture bretonne : l’ouvrage de référence : La Technique de la peinture à l’huile, est devenu aujourd’hui encore le livre de chevet de tous les étudiants en art et en peinture ! Il renseigne sur la peinture à l’huile telle que la comprenaient les anciens. Les supports, les colles, les enduits, les huiles, les couleurs, les vernis, la restauration des tableaux, le matériel du peintre y font tour à tour l’objet d’une étude précise.

Certainement le culte de la femme qui, dans un plan différent va amener Xavier de Langlais à réincarner en breton avec Tristan Izold, puis en breton et en français avec son grand roman du Roi Arthur.

Parmi les œuvres de Xavier de Langlais, on trouve aussi des gravures typiques du mouvement Seiz Breur, un mouvement artistique régionaliste visant à moderniser l’art breton tout en respectant ses racines et qui a démarré dans les années 1927-1928. Les premiers saints bretons gravés par Xavier de Langlais avant la Deuxième Guerre mondiale à la période des Seiz Breur, sont d’une facture très différente de ceux gravés après la guerre. Les premiers sont plus sombres, le trait vigoureux, les couleurs sont à dominantes jaunes. 

Xavier de Langlais

Biographie

Xavier de Langlois est né à Sarzeau dans le Morbihan le 27 avril 1906, au sein d’une famille ancienne en Bretagne depuis plus de 500 ans. Il est le fils de Roger de Langlais et de Marguerite, née Huchet du Guermeur. Son oncle paternel, Elie de Langlais, qui est maire de Sarzeau et conseiller général, l’initie à la langue bretonne, alors qu’il n’a que six ans. Le jeune Xavier vit son enfance à Surzur et se passionne pour tout ce qui vient de Bretagne ; il passe ses vacances Argelès-Gazost dans les Pyrénées, lieu qu’affectionnent particulièrement ses parents !

Dès 1922, Xavier de Langlais fait ses études à l’école des Beaux-Arts de Nantes (44), puis rejoint celle des Beaux-Arts de Paris de 1926 à 1928.  Il est accueilli à Paris par la famille du graveur et peintre Xavier Haas (1907-1950), qu’il a connu à Sarzeau et avec lequel il restera ami toute sa vie…

Après son service militaire, où il sort Maréchal-des-logis-chef à Fontainebleau (77), il revient chez ses parents à Surzur, et se lance comme peintre et décorateur d’églises et de chapelles. 

Xavier de Langlais s’installe à Rennes (35) en 1941 tout en gardant des relations fréquentes avec son pays d’origine, car il tire l’essentiel de son inspiration de ses racines profondes et de sa naissance dans le pays vannetais… 

Jusqu’en 1973, il est professeur à l’Ecole des Beaux-Arts pendant 25 ans et sait attirer l’admiration et l’affection de ses élèves, grâce à son autorité courtoise autant que par sa compétence exceptionnelle. En parallèle de sa profession, il peint, grave et écrit… Xavier de Langlais occupe un appartement, Place des Lices dans le vieux Rennes, où il a aménagé un atelier inspirateur, un véritable atelier d’alchimiste. Le fait d’être au centre d’une ville universitaire, riche en bibliothèques, lui simplifie grandement ses recherches mais c’est dans son manoir de Surzur, au milieu du calme et des paysages de sa jeunesse qu’il met la main à la rédaction de ses ouvrages.

Xavier de Langlais
le manoir de Surzur, entièrement rénové par l’artiste lui-même

Les expositions de Xavier le Langlais se succédaient tous les deux ou trois ans, une satisfaction pour son étonnante variété et pour la qualité de ses modèles. C’est parfois, aussi une épreuve car il arrive qu’il choque le public, comme une religieuse qui est scandalisée un jour de voir représentée la barbe du Christ en couleur bleue ! * (église d’Etel : 1958)

Après la Seconde Guerre mondiale, il réalise des peintures sur les Monts d’Arrée, une série de dessins sur l’île de Sein avec ses habitants et ses paysages, également un album sur la ville de Saint-Malo dévastée

Une fois arrivé à la retraite, l’artiste partage son temps entre sa campagne morbihannaise et cette grande ville d’adoption dont la vie culturelle et l’animation lui sont devenues nécessaires et où il restera jusqu’à sa mort ; il va peindre jusqu’à la fin…

Le peintre, qui signait ses œuvres en breton Langleiz, s’éteint le 14 juin 1975 ; une homélie est prononcée le 17 juin 1975 en l’église Toussaint de Rennes par l’abbé Loeiz ar Floc’h, pour ses obsèques. Mais, c’est à Sarzeau qu’il repose dans la Presqu’île de Rhuys à laquelle il est resté attaché toute sa vie.

En 1995, le Musée de Bretagne de Rennes acquiert 1500 pièces de sa collection. Les descendants de Xavier de Langlais ont donné l’ensemble de ses archives personnelles à la Ville de Rennes.

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.