Yuliya Patotskaya, artiste biélorusse, Rennaise d’adoption, signe l’exposition Horizon Obsession, du 22 janvier au 5 février 2022 au Crédit Mutuel de Bretagne sis 30 boulevard de la tour d’Auvergne. La Rennaise d’adoption questionne, dans sa pratique picturale, la perception et les émotions de l’humain à travers une abstraction romantique, empreinte de mystère.
En décembre 2018, la rédaction avait rencontré la peintre biélorusse, Rennaise d’adoption, Yuliya Patotskaya, alors qu’elle faisait partie des cent artistes sélectionnés pour présenter son travail à l’exposition International Surrealism Now, à la Maison de la Culture de Coimbra, au Portugal. On avait ainsi pu avoir un aperçu de sa pratique picturale singulière.
Près de trois ans ont passé et son oeuvre n’a cessé d’évoluer depuis. Après une première exposition personnelle, /Espaces/Connexions/ à l’Orangerie du Thabor en décembre 2021, elle présente Horizon Obsession au Crédit Mutuel de Bretagne, au 30 boulevard de la tour d’Auvergne, du 22 janvier au 5 février 2022. Unidivers plonge une nouvelle fois dans l’univers romantiquement abstrait de Yuliya Patotskaya et vous envole les secrets.
Dans une quête constante autour d’une idée, d’une composition et des couleurs, le travail pictural de Yuliya Patotskaya tend à provoquer une réflexion et une émotion chez le public. À quel moment les yeux de l’homme commencent à identifier des objets concrets, des paysages au milieu des couleurs ? Comment fonctionne réellement la perception humaine ? Et que ressentent les spectateurs face à une toile ?
La peintre dévoile un univers, à la frontière entre le figuratif et l’abstrait, empreint d’une abstraction romantique aux couleurs surréalistes. Elle dépeint une nature mentale et invite à découvrir des paysages imaginaires dans le but de plonger le public dans son propre questionnement. L’impression d’inachevé (volontaire) donne à l’observateur le loisir de se laisser submerger par des émotions propres à sa vision du tableau. « Certaines œuvres sont parfois trop explicites et empêchent le public de pousser sa propre réflexion », avait souligné Yuliya lors de notre première rencontre. Et de déclarer dans une interview de 2020 :
« Chaque tableau est une nouvelle expérience, une recherche vers la simplification. Je réfléchis à l’énigme de la perception humaine. Mon objectif est d’éveiller le subconscient de celui qui voit mon œuvre et le pousser à faire émerger en lui ses propres ressentis émotionnels intérieurs, ses sentiments profonds ».
Le figuratif de ses débuts a depuis laissé une place plus grande à la puissance de l’abstraction qui permet, selon elle, une connexion plus forte avec les sensations intérieures, un certain espace des corps et des états émotionnels. « Je me pose souvent la question de l’existence de l’abstraction pure. Qu’est-ce que l’abstraction ? Attraper un pinceau entre mes doigts est au final déjà un geste figuratif. Pour moi, cette frontière entre abstraction et figuratif n’est pas forcément visible. »
Héritière des artistes du romantisme, William Turner en tête, Yuliya crée des peintures fortes, pleines de mystère et de fantastique. De sa connexion avec la forêt, elle conserve les couleurs qu’elle pousse à l’extrême, dans des teintes surréalistes.
Son œuvre se déploie dans un minimalisme romantique, concept auquel elle a beaucoup réfléchi. « Certaines personnes ne comprenaient pas pourquoi assembler ses deux mouvements, d’apparence contraires », raconte-t-elle, à demi amusée. Ils n’ont peut-être pas totalement cerné le travail de la jeune peintre. Après tout, n’est-ce pas le propre de l’artiste d’être dans une totale liberté de création ? « Je me suis beaucoup intéressée au concept du romantisme, mais je veux minimiser les moyens et livrer des possibilités de se téléporter dans un autre monde », continue t-elle. « C’est peut être des termes contraires, mais je cherche l’équilibre entre le minimalisme et le romantisme. Comment, avec très peu de moyens, montrer une autre voie, une autre dimension ? »
Du romantisme, elle récupère la volonté d’explorer toutes les possibilités de l’art et la transmission des émotions, et du minimalisme, l’épuration totale de détails et le choix restreint de couleurs. Nul besoin d’explications superflues face aux tableaux atmosphériques de Yuliya. Par cette combinaison, elle pousse le spectateur à s’interroger et cherche à provoquer en lui une réflexion profonde. « Je suis contente quand les gens imaginent un chemin et trouve leur propre interprétation. Ça signifie qu’un dialogue entre l’œuvre et le spectateur se crée », confie-t-elle. « Peut-être qu’ils trouvent la réponse à une question qu’ils ne se sont encore jamais posée. » Elle cherche à provoquer ce qu’elle-même peut ressentir face à un tableau de Mondrian ou de Morandi qui la touche particulièrement. Elle aime particulièrement aime les artistes du début du XXe siècle. « Je me suis récemment intéressée au travail de James Whistler [1834 – 1903, symboliste et impressionniste américain, ndlr] et l’école du Barbizon. » Pas étonnant quand on sait que ce regroupement de peintres paysagistes était intimement lié au romantisme.
Yuliya Patotskaya crée un art connecté à l’émotionnel, autant dans ce qu’elle cherche à transmettre au public que dans sa manière de créer. Elle ne l’explique pas forcément, mais elle matérialise ses images mentales, ses formes, sur sa toile vierge. Elles prennent vie le temps de la création, puis restent dans l’attente d’une connexion avec le public. « Je ne réfléchis pas avec des mots, mais avec des projections visuelles. C’est une réflexion qui s’explique difficilement. »
Elle voit son œuvre comme une méditation et cherche à inciter le public à suivre la même voie, à s’évader pour voir plus loin que la peinture.
Ses œuvres s’appréhendent comme un rêve où les éléments naturels, et ses couleurs, ont une place de choix. Notamment l’arbre.
« L’arbre a en effet beaucoup de significations historiques, culturelles : symbole de transformation, de progrès, de transmission, de connexion. »
C’est l’arbre de la vie, de la transmission. Tel une connexion entre les quatre éléments, air, terre, eau et feu, les racines, qui s’enfoncent dans le sol et s’abreuvent de l’énergie de terre, créent un ancrage terrestre dans ce monde pictural parallèle. Mais peut-être est-ce seulement mon interprétation, ma réflexion face à cette œuvre. À vous de plonger dans ses tableaux, à l’Orangerie du Thabor, et de faire face à votre propre questionnement, en face en face avec celui de l’artiste…
Du 22 janvier au 5 février 2022, Obsession Horizon, Yuliya Patotskaya, Crédit Mutuel de Bretagne, Rennes. Entrée libre.
Infos pratiques :
Lundi – vendredi : 8h30 – 18h00
Samedi : 8h30 – 12h30
30 Boulevard de la Tour d’Auvergne, 35000 Rennes
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