Mai, ne dit-on pas qu’il est le plus beau mois de l’année. Les bucoliques diront que c’est l’apothéose du printemps, les épicuriens citeront le plus petit nombre de jours travaillés. Chacun devrait trouver la liberté de lire ce qui lui plaît dans cette petite sélection de nouveautés littéraires.
En mai, dans vos librairies, vous trouverez des maestros de la littérature mais aussi de nouveaux auteurs qui s’installent avec assurance depuis un premier succès littéraire.
Parmi les ténors de la littérature française, Philippe Besson et Yasmina Khadra illuminent le mois de mai chez Julliard.
Philippe Besson, très prolifique en ce moment, nous invite à Dîner à Montréal (Julliard, 29 mai 2019). L’auteur continue à regarder les amours passées dans le rétroviseur pour faire émerger les silences, les regrets et les espoirs. Ils ont vécu une brève histoire d’amour dans leur jeunesse, ils se retrouvent par hasard dix-huit ans plus tard à Montréal. De quoi se poser des questions sur la course du temps. Espérons que le menu de ce dîner, peut-être déjà savouré, ne soit pas trop réchauffé.
Couple comblé, Sarah et Driss Ikker filent le parfait amour à Tanger jusqu’à L’outrage fait à Sarah Ikker (Julliard, 2 mai 2019). Driss sombre dans la dépression mais il va ensuite tout tenter pour démasquer celui qui a osé compromettre son bonheur conjugal. Yasmina Khadra, écrivain algérien, écrit ici son premier roman marocain.
Arnaud Dudek, l’auteur à la légèreté apparente, change de maison d’édition pour mettre en scène Maxime Ronet, un maire fraîchement élu dans Laisser des traces ( Anne Carrière, 10 mai 2019). Ronet espère faire de la politique autrement, il veut être disponible pour ses administrés. Alors, pourquoi repousse-t-il sans cesse son rendez-vous avec Emma Nizan ? La gestion d’une mairie, la volonté d’une autre politique puis l’éloignement de son engagement initial sont des sujets d’une brûlante actualité que le sourire et la bienveillance d’Arnaud Dudek devraient nous faire voir d’une autre façon.
Vous aviez aimé La tresse ? Laetitia Colombani revient avec Les victorieuses (Grasset, 15 mai 2019). Pour remonter la pente suite à un burn-out, une avocate quadragénaire devient bénévole dans un foyer de femmes en difficulté. Écrivain public, elle doit vaincre la méfiance des résidentes pour découvrir une richesse singulière et le sens de sa vocation. Un sujet actuel et émouvant qui promet un nouveau succès public.
Je finirais cette revue de la littérature française en signalant un récit humaniste sous forme d’un long poème sur l’Europe, écrit par Laurent Gaudé. C’est là aussi une autre façon de plonger dans l’actualité, mais de la plus belle des manières avec Nous, l’Europe ( Actes Sud, mai 2019).
Partons maintenant à travers l’Europe du XXe siècle et jusqu’au large des côtes indiennes sous la plume vibrante de William Boyd. L’amour est aveugle (Seuil, 2 mai 2019) est un récit foisonnant, romantique qui mêle passion et musique. Brodie Moncur, accordeur de piano, rencontre un pianiste irlandais et tombe amoureux de sa maîtresse, une soprano russe. Une tromperie révélée qui entraîne Brodie dans l’errance. Il faut compter sur le talent de William Boyd pour pimenter ce drame amoureux.
Herman Koch, très connu en Hollande pour ses émissions de télé satiristes, s’est surtout fait connaître en France avec son roman Le dîner (Belfond, 2011). Dans cette même veine, Le fossé (Belfond, 16 mai 2019) est une comédie noire au suspense redoutable sur la fragilité du mariage et les doutes de l’adultère. Robert, maire d’Amsterdam, mari heureux et père comblé, surprend sa femme en pleine discussion passionnée avec son adjoint. Le doute s’installe, le fossé se creuse. Les tracas s’accumulent et l’équilibre vacille. Non sans humour !
Lauren Groff avait séduit Barack Obama avec Les furies (Éditions de l’Olivier, 2017). Avec le recueil de nouvelles Floride (Éditions de l’olivier, 2 mai 2019), l’auteur nous montre la face sombre de cet État ensoleillé. Les personnages de ces nouvelles soumis aux menaces naturelles de leur environnement se retrouvent dans des situations ambiguës. Mais le danger se cache bien souvent au plus profond de nous-mêmes.
Pour les amateurs de romans noirs, Je ne vais pas m’attarder sur Luca (Fleuve noir, 2 mai 2019), le dernier roman de Franck Thilliez, mais sur un thriller hitchcockien, premier roman d’une jeune Américaine et sur le troisième roman de Christian Blanchard, un auteur breton.
Pour son premier roman, Christine Mangan nous emmène à Tanger. Dans une ville sombre et envoûtante, Alice Shipley lutte contre ses démons. Son amie Lucy tente de la sortir de son isolement mais la disparition de son mari finit de lui faire perdre pied. Tangerine (Harper Collins, 2 mai 2019) est un roman qui vous plongera dans le doute.
Seul avec la nuit (Belfond, 16 mai 2019) est le troisième roman de Christian Blanchard. Un père prêt à tout pour sauver sa fille, un chirurgien obligé de commettre le pire pour échapper au chantage de malfrats. Que sommes-nous réellement prêts à faire pour sauver nos proches ? En poussant ses personnages vers les pires décisions, ce roman d’une extrême noirceur sur le commerce d’organes, est une plongée dans les âmes en pleine compromission.
Pour les sorties en format poche, je m’attarderais chez Babel pour la sortie d’excellents romans parus en 2017. Pour son originalité et son excellence, ne ratez pas L’invention des corps (Babel, mai 2019), un roman sur le transhumanisme de Pierre Ducrozet.
Je vous conseille aussi Mercy, Mary, Patty ( Babel, mai 2019) de Lola Lafon qui revient sur l’enlèvement de Patricia Hearst en 1974.
Je finis avec La sorcière (Babel, mai 2019), une enquête d’Erica Falk par la reine du polar suédois, Camilla LÄCKBERG.
Je vous souhaite un joli mois de mai.
